Saturday, December 8, 2012

Pays des Grands Lacs: l’épine dans le pied, le feu qui couve


Pays des Grands Lacs: l’épine dans le pied, le feu qui couve
Ange Michel Murangwa 

 Le problème de proximité et de migrations des peuples Rwandophones au Congo ne représente pas un cas isolé. Cependant Le peuple Kongo à l’ouest, les Yakomas au nord, les Nandis dans le Nord-Kivu sont des bons exemples d’intégration. Si le congolais appelle parfois « Muzombo » tout individu qu’il est incapable de définir comme congolais ou angolais, ce n’est que sous forme de boutade, il ne viendrait à personne l’idée de le catégoriser comme étranger.
Par ailleurs les Rwandophones du Congo n’ont pas plus de raisons de se plaindre que d’autres congolais qui subissent sans distinction les mêmes effets de la faillite de l’état, de la mégestion des finances publique, de la corruption des gouvernants, d’un manque criant de vision de ses leaders. Mais il est aussi vrai que les Rwandophones ont toujours été mieux organisés quand il fallait faire entendre leur voix, par la seule voie qui ait jamais donné quelques résultats au Congo, celle de la force des armes.
C’est, hélas, cette même force qui leur confère aujourd’hui le statut spécial d’ « étrangers envahisseurs » au sein de la Nation Congolaise, car tout congolais est convaincu de par son histoire, que les congolais “authentiques” ne sauraient être capables de se défendre seuls, sans l’intervention d’une puissance étrangère.
Il est aussi vrai que les Rwandophones tirent leur force de cette tendance acquise au fur du temps par leurs frères congolais à contester aveuglement leur citoyenneté. Ceux-ci à leur tour réagissent par une attitude méprisante qui envenime davantage les rapports avec leurs concitoyens.
Les gouvernements qui se sont succédés au Congo après celui de Lumumba ont tous, pour divers intérêts, cultivé ou conforté cette ségrégation dans la population, qui à juste titre se sent trahie à chaque fois que les milices de ces « étrangers » parviennent à imposer à leurs contestateurs d’hier des négociations qui aboutissent à leur intégration dans le Gouvernement ou l’Armée Nationale. Les expériences de ces dernières décennies ont démontré à suffisance la précarité de telles solutions.
Cette faveur de pouvoir palabrer est bien entendu déniée aux autres congolais naturellement moins dotés des qualités guerrières. Il ya peu, les Enyeles et les Bakongo se faisaient massacrer par les soldats de Kabila pour avoir osé contester quelques injustices subies. Il n’est de lors pas surprenant que Kabila soit à son tour étiqueté « Rwandais ».
Le fait que les Rwandophones ne se soient jamais levés pour défendre leurs frères parfois plus malmenés par le même Kabila, n’est pas de nature à simplifier la question d’intégration que l’on ne pourrait alors imputer aux seuls congolais autoproclamés « authentiques ». Il serait grand temps que les Rwandophones cessent de se considérer comme les seuls désavantagés dans l’enfer congolais. Ils ne pourraient s’en sortir qu’en considérant globalement tous les problèmes qui se posent à tous leurs concitoyens, en cessant de soutenir tel ou tel régime politique pour des raisons qui n’avantagent pas toute la nation.
Personne ne pourrait contester que le Congo ait toujours été malade de ses gouvernants et de son armée et rares sont les tribus du Congo qui n’aient, en un moment ou un autre, eu à souffrir du rejet systématique de leurs concitoyens. Souvenez-vous des massacres de Bakwanga ; Souvenez-vous de la chasse aux Batetela et aux Bakusu dans le Kivu, après la mort de Lumumba ; Souvenez-vous du calvaire de Kikwit qui eut le tort d’enfanter Mulele ; Souvenez-vous des enveloppes distribuées aux officiers Baluba sous la deuxième République, après l’assassinat de Kalume et autres jeunes officiers qui faisaient ombrage aux vieux Généraux de l’Equateur et de Kisangani …
Toutes les tribus du Congo ont finalement en commun d’avoir été les bourreaux de leurs frères quand ils n’en étaient pas eux-mêmes les victimes. Elles n’ont pas attendu la naissance de Kagame pour s’entre déchirer comme il le dit si bien à propos.
Les milices qui se sont formés pour défendre la cause des Rwandophones ne se sont eux même jamais employés à vider le problème d’intégration pour lequel elles avaient lutté. A chaque fois que leurs leaders trouvaient une place au sein du gouvernement, de l’armée ou d’une institution publique, ils se désintéressaient de la cause et n’y revenaient que quand leurs intérêts personnels étaient remis en question.
Ainsi, après plus d’une décennie, l’on ne pourrait se poser des questions quand on constate que les réfugiés Rwandophones Congolais végètent encore dans des camps disséminés à travers le Rwanda voisin, malgré la protection de laquelle ils étaient supposés pouvoir jouir, de par la forte présence de ces milices, qui pour cette raison contestaient le mixage en dehors du Nord et du Sud-Kivu.
Le M23 se trouve certes aujourd’hui en position de force militaire par rapport à Kabila et il est peu probable que les pressions internationales suffisent à fléchir sa détermination. Cependant, quand bien même il obtiendrait de Kabila le respect des accords qu’il réclame, les Rwandophones ne seront pas pour autant sortis de l’auberge.
Leur problème ne pourrait trouver de solution en dehors d’un dialogue Congolais, avec la participation de toutes les sensibilités politiques, militaires, religieuses et surtout celle de la Société Civile. Autant les autres congolais ont des raisons de dénoncer ces arrangements sous table, autant les Rwandophones ont le droit de jouir paisiblement des tous les droits que leur confère leur citoyenneté, une citoyenneté qui ne devrait pas être remise sur le tapis au gré de l’humeur de leurs concitoyens.
En 1983, le Président Mobutu avait déjà mis en garde la Nation sur les conséquences de la révision de la loi de 1973 qui conférait la citoyenneté zaïroise aux populations rwandaises installées sur le territoire congolais depuis 1959. Il fut le premier à prédire les dangers de la ségrégation montante envers les tutsi congolais et le conséquent embrasement dans la Région des Grands Lacs.
Pendant la Conférence Nationale Souveraine, la classe politique alla au-delà en chassant de la dite Conférence tous les Rwandophones natifs des régions du Nord Kivu. Ces régions avaient certes été rwandaises avant le partage de Berlin, mais elles avaient été annexées au
Congo depuis. Ces Rwandophones ne pouvaient en conséquence être considérés comme immigrants, mais unanimement, toute la classe politique congolaise représentée passa outre.
La conséquence de cette aberration fut la révolte dite des Banyamulenge qui amena incidemment Kabila au pouvoir. Ce fut alors le commencement d’un cycle infernal des guerres annoncées par Mobutu une décennie plus tôt.
De la Communauté Internationale
Il est apparait de plus en plus clair que le Congo ne pourrait compter sur la communauté internationale pour mettre fin aux problèmes cycliques qui secouent la Région des Grands Lacs. Les dernières injonctions de Mme Clinton viennent de démontrer la légèreté ou alors l’ignorance avec laquelle elle aborde et cherche à résoudre un problème aussi complexe.
L’arrestation des officiers du M23 ne résoudrait en rien le problème à la base de leur rébellion et comme disait le President Kagame, “aussi longtemps qu’une
solution satisfaisante et durable ne sera trouvée au problème de ces Rwandophones Congolais, les Nkunda succèderont aux Nkunda”…
La radicalisation et les cacophonies irresponsables entre Kabila et son gouvernement placent dangereusement le M23 le dos au mur. Elle n’a plus ni le droit de reculer, ni celui de perdre, car son abdiquation entrainera cette fois ci l’effacement pur et simple du peuple rwandophone de la carte du Congo.
D’autres parts, le feu d’une révolte généralisée avance dangereusement sur toute l’étendue du pays et le M23 apparait de plus en plus comme l’arbre qui cache la forêt. Pour des raisons non encore avouées, la Communauté Internationale ne fixe son attention que sur le M23. Serait-ce peut-être parce que il se bat dans la région la mieux médiatisée pour son génocide, ses gorilles, ses viols, tous là des sujets qui génèrent plus des dons en faveur de Human Right Watch et autres Organismes bidons qui se foutent éperdument du bien-être du Peuple congolais.
De quoi le Rwanda se mele-t-il …
La Communauté Congolaise accuse depuis des décennies les Rwandophones à œuvrer pour la Balkanisation du Congo au profit du Rwanda. Ces fausses allégations ont conforté le pouvoir dictatorial chancelant de Mobutu, puis celui de deux Kabila. Le « Tous ensemble pour barrer la route à la Balkanisation » est un slogan efficace pour faire oublier aux congolais les problèmes majeurs qui sont, la mauvaise gouvernance de ses dirigents. La bestialité de son armée et l’exploitation de ses richesses par les vrais vautours qui agissent en silence.
Le Kivu n’a jamais constitué le réservoir des minerais du Congo, et ne produit qu’une infime partie des minerais vendus sur le marché international. Les diamants du Kasaï, le cobalt, le cuivre et l’or du Katanga, le Pétrole de Moanda sont exploités jours et nuit et vendus par millions de tonnes à travers la Zambie, l’Angola et d’autres pays frontaliers. Des millions de dollars sont engrangés par le pouvoir glouton qui distrait le congolais en lui montrant les quelques tonnes qui transitent par le Rwanda et l’Uganda…
Le paysan de Nioki, de Bandundu a toujours survécu grâce à l’informel commerce avec le Congo- Brazzaville ; Celui de Yakoma, de l’Equateur par des traffics avec Zongo ; La ville de Moanda a été longtemps nourrie par les contrebandes avec l’Angola. Kasumbalesa au Katanga est connu pour que son commerce mafieux avec la Zambie… Tout le Congo ruiné par ses dirigents survit à travers les traffics illicites avec les pays voisins qui évidemment profite de ce commerce. Quand il s’agit du Kivu, les occidentaux endorment le congolais avec des histoires de certifications et autres traçabilité des minerais qu’ils finissent par acheter d’une manière ou d’une autre. Néanmoins le Congolais se satisfait de ce que l’on est pointé du doigt sa bête noire, le Rwanda.
Les journaux dénoncent à grand cris la balkanisation du Congo en phase terminale, Le Gouvernement adresse des longs rapports à l’Onu, organise des marches contre le Rwanda, les combattants tapent sur quelques “Rwandaleux” isolés dans le métro de Bruxelles. Pendant ce temps, les Mende et les Boshab eux, investissent dans la construction des gratte-ciels qui poussent comme des champignons dans la florissante belle ville de Kigali. Ils n’ont pas tort, eux connaissent là où se trouve la stabilité, la justice, la tolérance, le respect des personnes et de leurs biens.
Le Rwanda a intérêt à voir le Congo divisé…
Faux. Ce serait contre toute logique élémentaire. L’on sait que Kagame possède une vision beaucoup plus large que celle des quelques profits de guerres sans lendemains. Sa vision de développement du Rwanda repose en premier lieu sur la stabilité interne qui permet d’attirer et garder des investissements à long terme, et ensuite, sur la stabilité dans les pays de la région, stabilité à même de garantir au Rwanda, des marchés pour ses produits et services. Le Rwanda est plus que tout autre pays conscient de la précarité de ses moyens et sait que sa survie dépend en grande partie de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs.
Le Rwanda ne s’est pas tourné vers la Communauté Est Africaine pour apprendre l’Anglais, mais pour des raisons de développement régional intégré qu’il ne pouvait escompter avec un Congo en agitation perpétuelle . Aujourd’hui, Le Rwanda, le Kenya, La Tanzanie, l’Uganda tirent tous profit de la valse d’investissement. La Communauté Est Africaine est pour le reste de l’Afrique un bel exemple d’intégration économique et bientôt politique.
Les Rwandophones et autres habitants du Kivu ont en commun ce malheur de voir se développer à grand pas un voisin moins nanti par la nature. Mais pendant que les Rwandophones tentent de se libérer du joug de ses prédateurs dirigents du Congo, les autres se résignent et se mettent debout, non pour briser leurs chaines, mais pour danser le Ndombolo ou mieux encore, le « Non à la Balkanisation », soporifique chanson qui endort savamment le ressentiment du congolais contre la misère, les viols de ses filles, les injustices sociales, la gloutonnerie et le manque total de vision de ses gouvernants.
Les peuples les plus industrieux du Kivu, les Rwandophones et les Nandes, Les Hemas et les Lendus de la province Orientale cherchent naturellement à développer et maintenir des liens étroits avec leurs voisins qui réussissent et qui peuvent les entrainer dans leur sillage de développement. Cette volonté aussi légitime que naturelle ne peut et ne pourra jamais être étouffée par des gouvernants rapaces qui n’éprouvent que la peur de perdre le contrôle total sur les caisses de ces provinces.
Le Kasaï, hier premier producteur de diamants du monde, a vu les infrastructures de son industrie extractive de diamant réduite à néant sans que ces pierres n’aient jamais profité aux Balubas de cette province. Les Katangais qui se retrouvent exactement dans la même situation malgré la présence de Kabila à la tête du pays, sont en droit d’exiger le contrôle sur le cuivre qui ne profite ni aux fils du Katanga, ni à leurs frères d’autre provinces, mais qui continue d’enrichir des générations des prédateurs qui se succèdent au pouvoir à Kinshasa.
L’on jette naturellement des pierres à Kiungu Wa Kumwanza qui « chercherait » lui aussi à pousser la Province du Katanga à une nouvelle sécession. La vérité est à chercher ailleurs, incapables ou peu soucieux de gérer harmonieusement le territoire, ses dirigents recourent au magique mot « balkanisation » et « sécession » pour étouffer les revendications légitimes de ceux qui cherchent à jouir légitimement des richesses de leur sol et sous-sol. Personne ne souhaite la division d’un Congo dont la grandeur et la puissance dans l’unité constituent un atout majeur pour le développement du Congo et du Continent. La Balkanisation, si balkanisation il y a jamais, sera le fait de l’irresponsabilité, de l’irrationalité et de l’avidité de la classe politique congolaise, non celui des pays voisins, des Etats-Unis et des multinationales tant décriées.
Les Tutsi veulent créer un Empire Hema-Tutsi dans la Région des Grands Lacs…
Cette ridicule assertion a la peau dure. Mais à combien sont-ils ces Hema-Tutsi pour former un Empire et pour quel intérêt? Après le génocide qui a emporté plus de 800.000 d’entre eux les Tutsi qui habitent le Rwanda sont pratiquement tous des intellectuels revenus d’exil à partir de 1994.
Depuis quelques générations, ces Tutsi ont changé de mode de vie et ne sont plus ces nomades éleveurs qui nécessitaient des vastes espaces,pour des troupeaux qui n’existent plus. Nombreux de ceux-ci habitent dans la ville de Kigali et le reste travaille en Europe ou en Amérique du Nord. Le vrai souci du Tutsi -comme celui de tout Rwandais- se trouve ailleurs et se resume en trois objectifs : maintenir sa sécurité, juir de sa patrie et offrir les meilleures conditions de vie possibles à ses enfants.
Le seul et vrai problème entre le Congo et le Rwanda …
Le seul et vrai problème entre le Congo et le Rwanda se résume en quatre mots :Les Interahamwe des FDLR. Depuis bientôt deux décennies, aucun jour ne passe sans que des dizaines des cases soient brulées dans les villages du Nord et Sud Kivu. Des dizaines des femmes sont violées, des hommes sont tués, les enfants sont enlevés à leurs parents. Ces enfants servent de bêtes de somme ou comme esclaves sexuelles aux Genocidaires Rwandais.
Le Rwanda aura toujours beau rétorquer que ces Rwandais sont justement les criminels génocidaires qui doivent rentrer de gré ou de force pour être jugés. Mais Ils n’en demeurent pas moins Rwandais et les Congolais n’ont pas à subir éternellement leur présence et leurs exactions.
Cependant Il serait erroné d’imputer au gouvernement Rwandais l’erreur de Mobutu qui par un mauvais choix a mis ses unités d’élite au service du régime de Habyarimana en guerre avec le Front Patriotique Rwandais, puis a accueilli les fuyards, leur a offert des camps d’entrainement sur le sol congolais, a aidé la France qui a continué à les armer dans le but de reconquérir le Rwanda et achever leur sale besogne.
Ces Génocidaires ont été utilisés plus tard par Kabila père et sont encore utilisés par Kabila fils. Le milicien hutu fait aujourd’hui du paysage congolais et comme le Professeur Congolais Buyoya vient de le dire si bien : « En prenant partie dans les affaires rwandaises, les congolais se sont eux-mêmes disqualifiés, et n’ont plus de leçon à donner au Rwanda.
Mobilisée pour assurer la sécurité des seuls gouvernants, les troupes d’élite de l’Armée Congolaise sont les seules à être chouchoutées par l’Etat Congolais. Impayé et mal équipé pour affronter quelque milice que ce soit, le reste de l’armée se nourrit en pillant le peuple qu’elle est supposée protéger. Tantôt alliée aux Interahamwe Rwandais, tantôt les combattant, l’Armée de Kabila est à l’image de l’Etat Congolais, un état démissionnaire, un état dans lequel la population doit ou se prendre complètement en charge, ou se laisser mourir. Rien d’étonnant donc que les Rwandophones aient opté pour la première option.
Les Génocidaires Rwandais ont trouvé au Congo un terrain particulièrement fertile pour leurs exactions. L’on ne pourrait donc blâmer que celui qui a planté la mauvaise graine et celui qui l’arrose : Mobutu et Kabila.
Le risque d’escalade dans la Région des Grands Lacs :
Le Rwanda ne pourrait se permettre le luxe de voir perdurer cet état des guerres cycliques à ses frontières. L’alliance Kabila-FDLR , pour lutter contre le M23, renforce chaque jour la capacité de nuisance de ces FDLR. Avec ou sans l’aide de la communauté internationale, le Rwanda risque bientôt de se retrouver dans une position de self-defense qui risque de l’amener à intervenir, et cette fois-ci, ce serait pour de vrai.
Dans un passé trop récent, le Rwanda a connu l’amère expérience de l’indifférence de l’occident qui n’a pas levé un seul doigt pour venir en aide à plus d’un million des victimes du Génocide contre les tutsi ; Ceux qui, au prix de nombreux sacrifices, ont pu arrêter ce génocide et pacifier le Rwanda, sont encore présents. Ils n’auraient rien à perdre à reprendre les armes, pour qu’un autre génocide ne puisse avoir le jour, car celui-là serait le dernier.
Il est grand temps que les Occidentaux se départissent de cette méprisante conception d’une Afrique éternellement sujette à des lois internationales contraire à ses intérêts parfois vitaux, des lois taillées à la seule mesure des pays faibles.
Hier, aujourd’hui comme demain, l’Occident ne s’est jamais empêché d’intervenir partout où ses intérêts les plus élémentaires se trouvaient en jeu et Il ne viendrait à personne l’idée de demander des comptes aux grandes puissances, pour leurs interventions parfois injustifiées ici et là, à travers le monde.
Il est regrettable que Les Etats Unies et la Grande Bretagne se sentent obligés de s’aligner sur la décision hâtive et irréfléchie du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Après le Génocide contre les tutsi, ces pays avaient su faire oublier leur indifférence pendant ce Genocide. Leur position inconsidérée risque aujourd’hui de mettre à mal l’œuvre de reconstruction et de réconciliation à laquelle ils avaient activement participé.
Mais à tout prendre, face à la remonté en force des FDLR, le sceptre du retrait total ou partiel de l’aide au développement agité au nez du Rwanda, représente le moindre mal. Le Front Patriotique au pouvoir est issu d’un peuple qui a toujours eu la faim comme compagne et ceux qui s’attendent à mettre le Rwanda à genoux pour leur aumône, ils peuvent d’ores et déjà se détromper. Le Rwanda peut élégamment se passer des friandises offertes avec mépris.
Dans cet acharnement de l’Occident à mettre le Rwanda en cause dans les affaires congolaises, certains analystes ont cru déceler un moyen d’affaiblir son President, Monsieur Paul Kagame…
Seule une méconnaissance des réalités rwandaise ferait espérer à certain que l’affaiblissement du Président Kagame serait possible ou résoudrait leurs problèmes. Ils auraient tout simplement tort, car si définir Kagame comme “un régime” pouvait hier avoir quelque sens, à ce jour, Kagame n’est plus pour les rwandais ce Président que l’on pouvait aimer ou détester, accepter ou tolérer. Il est devenu par la force des choses le symbole de l’unité, le symbole de la dignité et de la réussite du Peuple Rwandais.
Peu d’observateurs auront peut-être noté le changement, peut être encore timide, qui s’est brusquement opéré parmi la jeunesse de la Diaspora Rwandaise depuis les allégations fantaisistes qui font peser les problèmes du Congo sur le dos de Kagame. Cette jeunesse, hier condamnée à embrasser la cause des opposants extrémistes hutus, se démarquent actuellement de ses ainées et proclament sans hésitation leur solidarité avec le Rwanda. Quand bien même ils se disent apolitiques, leur farouche refus de participer aux manifestations des combattants congolais aura démontré à suffisance le revirement qui s’opère peu à peu en faveur de l’unité rwandaise.
La solution du conflit ne sera pas divine…
Les chrétiens, prêtres en tête, battent les pavés défoncés de Kinshasa en guise de prière, les vaillants combattants congolais tapent sur les petits rwandais isolés dans les métros belges. Les professeurs ont enfin l’occasion d’étaler leur expertise sur la fausse démocratie imposée à l’Afrique. Les journalistes appellent à la guerre sainte contre le Rwanda, les ministres se contredisent les uns, les autres sans façon. Au nom de la paix, les soldats de l’ONU larguent des bombes sur les paysans et les gorilles. Les soldats vont de recul tactique en retraite stratégique jusqu’en Uganda, pays agresseur et d’accueil?
Le Président Kabila se réveille de temps en temps, signe un Contrat Chinois et dit quelques bêtises que personne n’ose contredire. A part les 200 femmes violées par les FDLR à Mweka, les 50 commerçants tués à Lubero, les 3 soldats morts dans l’attaque de l’aéroport de Lubumbashi, la refuite de Matata Cobra, les 300 soldats deserteurs en Ituri, le Parlementaire Diomi Ndongala disparu dans la nature… Le porte-parole rassure la population congolaise et l’opinion internationale :
« La situation est calme sur toute l’étendue de la République ».
Mais tous savent que le feu avance dangereusement et que le M23 n’est plus que l’arbre qui cache la forêt. On en parle et on en reparle, serait-ce peut-être parce que il se bat dans la région la mieux médiatisée pour son génocide, ses gorilles, ses viols, tous là des sujets qui génèrent plus des dons en faveur de Human Right Watch Corporation,inc.

 
Ange Michel Murangwa
 www.Rwizanet.net
on August 12, 2012

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