Tuesday, September 28, 2021

Plainte de 71 Banyamulenge pour nettoyage ethnique

Kinshasa le 26/09/2021


Selon les informations recueillies par La Libre Belgique, une plainte a été déposée lundi à Kinshasa auprès le Procureur de la République et auprès l'auditeur général de l'armée congolaise (les FARDC) par 71 Banyamulenge vivant sur les hauts plateaux du Sud-Kivu, dans la région de Minembwe. En cause : les assassinats, viols, tortures, rapts, incendies de maisons et bâtiments agricoles, pillage de bétail, dont ils sont les victimes depuis 2018.

Des Tutsis congolais

Les Banyamulenge sont des Congolais d'ethnie tutsie. Leurs ancêtres sont arrivés sur les hauts plateaux du Sud-Kivu à la fin du XVIè siècle, à la suite d'une dispute avec le roi du Rwanda, dont ils étaient les sujets à l'époque. Personne ne vivait alors sur ces hauts plateaux peu accueillants et ils s'y installèrent. Il y a également des Tutsis congolais au Nord-Kivu.

Depuis les années 1970, cependant, des variations dans la loi sur la nationalité zaïroise puis congolaise ont entraîné une contestation de la nationalité de tous les Tutsis au Congo, qu'ils soient immigrés du Rwanda ou du Burundi, fils d'immigrés, installés au Congo depuis plusieurs générations ou depuis plusieurs siècles.

Il y a à cela deux raisons. La première est que contester la nationalité congolaise des Tutsis permet d'espérer pouvoir s'approprier leurs terres. À partir des années 90, s'y ajoute le fait que certains Tutsis congolais se sont enrôlés dans le Front patriotique rwandais (FPR, dominé par les Tutsis et aujourd'hui au pouvoir à Kigali) lorsqu'il combattait le régime Habyarimana. L'appui donné ensuite par Kigali à la rébellion du RCD contre Laurent Kabila (1998), puis les opérations de l'armée rwandaise au Kivu, au cours du nouveau siècle, ont achevé de cristalliser la rancœur contre les Tutsis congolais.

Celle-ci est, en outre, régulièrement attisée par des politiciens à la recherche d'une popularité facile, qui se présentent comme les défenseurs des "autochtones" contre tous les rwandophones ; plusieurs ethnies locales parlant des langues proches du kinyarwanda, leurs ressortissants sont souvent présentés, en toute ignorance, comme "rwandais".

Depuis 2018, les exactions contre les Banyamulenge ont augmenté et pris un tour de plus en plus violent. Depuis 2019, des groupes armés "maï maï" (combattants irréguliers) des ethnies Fulero, Bembe et Nyindu s'affrontent à deux groupes "d'autodéfense" des Tutsis.

L'armée indifférente, voire complice

La plainte déposée lundi à Kinshasa vise des attaques entre 2018 et 2020. Elle l'a été par deux avocats du Sud-Kivu, appuyés par deux confrères de New-York, Me Jean-Paul Shaka, et de Bruxelles, Me Bernard Maingain, pour obtenir de l'État congolais qu'il défende les droits de ses ressortissants contre les exactions de leurs voisins.

En effet, l'armée congolaise, visée par ces plaintes, ne bouge pas le petit doigt lorsque des paysans tutsis  viennent l'appeler au secours en cas d'attaque. Pire : elle fournit, selon les plaignants, conseils et munitions aux assaillants, quand des soldats congolais ne participent pas aux assauts.

La plainte est accompagnée d'une recension des discours de haine contre les Banyamulenge, parfois repris par des hommes politiques connus, ainsi que des vidéos et enregistrements.

Saturday, September 4, 2021

D'Uvira à Kamombo: l'itinéraire honteux des FARDC et alliés



Nous sommes début août 2021. *Le Général François Mukalay*, avec presque un millier de soldats FARDC, part d'Uvira pour Kamombo pour attaquer l'autodéfense Banyamulenge connue sous le nom de Twirwaneho. Si le motif de son voyage soulève nombreuses interrogations, son itinéraire d'Uvira à Kamombo jette l'opprobre et le discrédit sur une armée qui se veut républicaine et nationale. Tenez. 

*Jour 1*. Route Kabindula. Traversée de la rivière Mugaja. Cap vers Bijombo. Arrivée à  Kirungwa, siège du groupe mayimayi *John Kasimbira alias Makanaki*.  Bouteilles de bière  Primus. Un taureau est égorgé. Fête toute la nuit. 

*Jour 2*. Direction Bijombo. Nuit à Murambya. Position des FARDC. Arrivée de *Gisiga* du Red Tabara et mayimayi *Ilunga* de Masango. Taureau égorgé. Bière sirotée toute la nuit. Discussion sur l'attaque conjointe de Kamombo. 

*Jour 3*.  Arrivée à Bijombo avec les FARDC et les Maïmaï et les Red Tabara. Accueillis au camp FARDC. Visite de la Monusco Bijombo. Retour à la position FARDC. Discussion avec les Maïmaï de Kateja sur l'attaque conjointe de Banyamulenge de Kamombo. Les Maïmaï acceptent de  fournir les hommes du front. 

*Jour 4*. Repos. Toujours à Bijombo. Taureau égorgé. Finalisation des derniers préparatifs. 

*Jour 5*. Cap sur Kamombo. Cependant le *Général Mukalay* supervise les opérations depuis Bijombo. Il ne quitte donc pas Bijombo. Ses militaires avec leurs alliés prennent deux directions.
Groupe 1, constitué des combattants de Makanaki avec quelques soldats des FARDC, passe sur Kirumba et ouvre le premier front. 
Groupe 2. Direction Kabara via Kangwe. Dominé par les hommes du général mayimayi Ilunga et ceux de Red Tabara avec une centaine d'hommes des FARDC. 

Ces deux groupes feront jonction avec les hommes du colonel *André Ekembé* mélangés des mayimayi *Yakutumba* attaqueront Kamombo depuis Kabara II et Mikalati.
Enfin, quelques soldats venus de Minembwe sous le commandement du *Général Opya* attaqueront Kamombo dans sa partie Est (Ngoma et Bishigo), avant à  leur tête, les hommes de *Kibukila Mtetezi*. 

Cette coalition hétéroclite mais unie autour d'un même intérêt: exterminer les Banyamulenge et/ou les déraciner de leur milieu ancestral a utilisé la *bombe Katuscia* pour attaquer un groupe d'autodéfense civil. 

Les images "victorieuses" du *Colonel André Ekembé* sur les ruines d'une école primaire et d'un dispensaire ont circulé sur la toile. Quelle honte!

Tel est le récit honteux du voyage d'une armée qui se dit nationale et républicaine entrée en coalition avec ses alliés (mayimayi et Red Tabara) qui brûle et détruit  tout ce qui appartient aux Banyamulenge. Combat-elle vraiment les groupes armés ou elle appuie tout simplement ces groupes armés dans leur entreprise d'extermination des Banyamulenge?  


Minembwe 02/09/2021
*Mwananchi Mupendwa*
Pour les *Chroniques des Hauts Plateaux*