Monday, October 22, 2007

L'ANCIEN V.P AZARIAS RUBERWA REAGIT PUBLIQUEMENT SUR L'INJUSTICE CONTRE LES TUTSIS EN RDCONGO



Azarias Ruberwa : Bonjour, Monsieur. Y a-t-il une solution pour
éviter la guerre totale au Nord Kivu ?

Absolument, il y a une solution politique et globale. A ce sujet,
lorsque j'ai confiné les arguments du Gouvernement et les arguments
de MR Nkunda, je trouve qu'il existe un lieu d'intersection qu'il
faut exploiter. En effet, il est légitime pour tout Gouvernement de
mettre de l'ordre, mais il n'est pas dit que chaque fois qu'il faut
mettre de l'ordre, il faut recourir à la guerre. D'autre part, Mr
Nkunda, si constitutionnelleme nt il n'est pas légitimé pour faire la
guerre, mais le problème qu'il soulève – à savoir le retour des
réfugiés ou le désarmement des forces négatives – sont des problèmes
légitimes. Donc, je pense que le lieu d'intersection, c'est que
lesdeux comprennent, qu'on peut décider, avec un agenda clair, le
retour des réfugiés, mais aussi désarmer les forces négatives. Je
pense donc, que Mr Nkunda devraut comprendre qu'il doit cesser de
faire la guerre, le Gouvernement doit comprendre qu'il doit cesser
de faire la guerre, et en nous donnant un agenda clair du retour des
réfugiés et des opérations de désarmement des forces négatives, avec
les questions connexes comme le sort de Nkunda, et évidement, soit
il y a pour conséquence le brassage des troupes qu'il a. ces
questions sont réglées en une forme de « packed », et je crois qu'on
peut éviter habituellement la guerre.

Alors, vous parlez du retour des réfugiés Congolais qui sont
actuellement en exil au Ruanda et au Burundi, de quels réfugiés
s'agit-il et combien sont-ils ?

C'est quelques dizaines de milliers des gens. Ça ne dérangera
personne. Oui, le Gouvernement a évité et n'a pas exprimé de volonté
politique suffisante pour le retour des réfugiés Tutshi Congolais
qui se trouvent au Ruanda, au Burundi et en Ouganda. Bien au
contraire, les autres réfugiés – ils étaient estimés en ce moment-
là, à 430.000 – de la Tanzanie, de la Zambie, du Congo Brazza, de la
République centrafricaine sont rentrés au pays soit totalement, soit
partiellement. On ne peut pas indéfiniment refuser à des réfugiés de
rentrer dans leur pays sans en faire des apatrides. Donc, je
considère que ce traitement discriminatoire par rapport aux réfugiés
est inacceptable pour le fait que les réfugiés rescapés de Gatumba,
lors qu'ils ont traversé la frontière entre le Burundi et le Congo,
ils ont fait environ dix jours sans accéder à la ville d'Uvira,
simplement parce qu'ils étaient Tutsi, et pour finir, les Etats-Unis
les a récupéré. Ils sont pratiquement dans tous les Etats Américains
aujourd'hui.

Donc, je crois que la question des réfugiés, des Tutsi Congolais qui
sont dans les trois pays de l'Est mérite une réponse claire. C'est
un droit. Les réfugiés Tutsi du Nord Kivu sont pratiquement dans des
camps au Ruanda depuis douze ans.

Alors, est-ce seulement la question des réfugiés Tutsi Congolais qui
sont à l'extérieur, ou est-ce aussi la question des Tutsi Congolais
qui sont toujours à l'intérieur au Nord Kivu ?

Justement. Pas seulement au Nord Kivu, mais aussi au sud kivu. Il y
a ce que j'appellerai la condition discriminatoire des tutsi
Congolais. Nous avons fait beaucoup de progrès par rapport à la
question identitaire, donc la loi sur la nationalité et la
constitution consacrent que les tutsi Congolais sont Congolais au
même titre que les autres. Mais, ce titre dans la loi, sur le plan
de la pratique et sur le plan politique, les tutsi Congolais sont
discriminés au même titre que les noirs dans le temps en Afrique du
sud, ou un noir dans le temps aux Etats-Unis. En effet, ils sont
victimes de l'exclusion que le Gouvernement ne veut pas reconnaître.
Mais, laissez-moi vous donner quelques faits : les villes de Goma,
de Bukavu et d'Uvira, sont quasiment vidées des tutsi. Et le peu qui
y vivent à compter au bout des doigts, vivent dans la peur, dans
l'insécurité, dans k'intolérance. Ils sont arrêtés, et dans tous les
cas, ils vivent sous la peur de leur charge à tout moment. Les
Banyamulenge aujourd'hui, qui sont dans le sud kivu, sont obligés de
vivre la déportation, parce que 4.000 hommes militaires ont été
envoyés dans les montagnes de minembwe.Et le Gouvernement le sait.
Et donc, nous avons là, un peuple qui, dans son propre pays, vit
l'humiliation jusqu'aux petits enfants. Dans les écoles, au marché,
dans des taxis…

Donc, ce régime de ségrégation après les élections est inacceptable.
J'en appelle à la conscience du Gouvernement, pour résoudre de
manière politique, la condition des tutsi Congolais, qui est
finalement un sous-homme dans sa propre contrée.

Concernant l'ultimatum de lundi dernier, est-ce que le Général
Nkunda ne s'est pas montré intransigeant ?

Je pense qu'il doit absolument être plus souple. D'abord, il se bat
contre le Gouvernement, la logistique dont dispose le Gouvernement,
Nkunda ne l'a pas. Et donc, je lui donne absolument des conseils
d'être souple et de considérer aussi au maximum que j'appuie être
cette possibilité…

Si non, ses troupes risquent d'être écrasées par les forces armées
Congolaises ?

Je ne le dirai pas. En principe, oui parce que…….mais l'expérience,
le peu d'expérience que j'ai de la guerre même si je n'ai pas été
militaire, c'est que l'on sait quand on commence une guerre, l'on ne
sait pas quand on la termine, et généralement, l'on ne sait pas qui
la gagne.

Azarias Ruberwa, merci.

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