L' attaque sur Kamombo et ses alentours avait été soigneusement préparée . Et s'est effectivement mise en exécution le lundi 21 décembre 2020 tôt le matin à 5 heures pour s'achever tard l' après-midi à 15 heures. Elle était décisive, et devait , selon les assaillants , aboutir à des ambitions démesurées. Notamment par la capture du colonel dissident Michel Rukunda dit Makanika venu à la rescousse des populations menacées par un génocide sous couvert de l'état depuis 2017 jusqu'à ce jour. Devait aboutir aussi par l' occupation de Kamombo pour un retour à la case départ. Cela pourrait marquer la fin d' une histoire. La fin de la résistance d' une population tutsi mise à prix par la coalition des pays de la région afin d'exploiter illégalement les minerais de la République démocratique du Congo.
La guerre dans le moyen et haut plateau d'Uvira, Fizi et Itombwe n'est pas une fin en soi. Elle est un moyen . Pour accéder à la richesse du pays voire à son occupation physique dans les années à venir. La preuve c'est que, elle est en contradiction avec les déclarations fracassantes de ceux qui , déplorant le silence coupable de la communauté internationale pendant le génocide rwandais , juraient sur tous les dieux de la terre ne plus revoir la même tragédie se répéter sous quelques cieux en Afrique et dans le monde.
Maintenant il se commet à Mulenge à quelques kilomètres de Kigali et sur des Tutsi congolais très proches à ceux du Rwanda. Ils préfèrent, à la place, aller sauver les vies humaines des Centrafricains avec lesquels ils n' ont pas de lien . Ni de proximité ni de consanguinité.
C'est de l'incompréhension. Il y a franchement anguille sous roche. Il y a quelque chose d'inexpliqué, de non dit , d' incompris , de complot, d' inattendu. Mais surtout de complicité, de mmmtrahison, de fourberie, l'espièglerie.
Des jeunes banyamulenge avaient , en 1990, rejoint le Front patriotique rwandais dans le maquis d' Akagera sans la moindre sensibilisation ou conscientisation préalables. Ils se sont battus jusqu'à la prise de Kigali juillet 1994. Ils sont morts. Ils ont souffert pour le salut d'un peuple autrefois voué à l' extermination et au refuge éternel. Les voici curieusement payés en monnaie de singe.
L' attaque de Kamombo avait un but. Mettre fin à une résistance civile insolite qui n' a que trop duré. Mais de quelle manière et par quels moyens ? Il fallait briser d'abord le personnage qui l' incarne, le colonel Rukunda : le capturer vivant , l'exposer au charme de la communauté internationale. Preuve d' un acte de bravoure militaire et de patriotisme sans précédent. Une fierté nationale et un dédouanement du grand rebelle criminel YAKUTUMBA qui passerait, désormais, pour un héros national oubliant qu' il est lui-même un rebelle avec beaucoup de sang sur ses mains . Il fallait ensuite occuper Kamombo pour se rassurer mais surtout dissuader.
Sinon, où a-t-on déjà vu un rebelle traquer un rebelle avec la bénédiction de l' Etat et de la communauté internationale puisque la MONUSCO est à moins de 10 kilometres de Kamombo à Mikenge et à Bijombo. Réponse, c'est nulle part au monde sauf en RDCONGO. Puisqu'il s' agit d' un citoyen de la première et de la seconde zone. Puisqu'il s'agit d' un Mubembe ( William
YAKUTUMBA) et d' un Munyamulenge ( Michel Rukunda).
Certes , ils sont tous deux rebelles pour avoir déserté l' armée nationale du pays mais avec la différence que Yakutumba se bat contre le pouvoir et Makanika se bat pour le pouvoir. Yakutumba avait investi la ville d'Uvira en décembre 2002. Depuis , il ne s'est jamais rendu. Il n' a fait que multiplier des actes de vandalisme contre des populations civiles congolaises par des extorsions et assassinats . Se retirant tantôt dans des forêts à Ngandja ou se camouflant dans des savanes de Lulenge.
Par contre le colonel Michel Rukunda dit Makanika est un mal nécessaire. Il existe ce qu'on appelle oxymore dans les figures de la rhétorique française. Il consiste à rapprocher le plus souvent un nom et un adjectif que le sens devrait normalement éloigner. Dans une formule en apparence contradictoire. Ainsi dit , par définition, Makanika est un pécheur-saint. Un saint-fautif. Comme cette heureuse faute qui nous a valu le salut. ( Le péché d' Adam et Eve).
Sa sainteté réside dans ses actes et sa pensée. Il est venu apporter secours aux victimes des assassinats ethniques de chaque jour dans les montagnes du sud Kivu . Son fief , Kamombo , est désormais l'unique habitation dans le territoire de Fizi où les différentes communautés cohabitent encore. Yakutumba ou Ebukila peuvent conduire des attaques criminelles sur dix axes , mais cela n'ebranle en rien la politique du bon voisinage entre les babembe , fuliru, nyindu et banyamulenge telle que prônée par le colonel Michel Rukunda.
Son péché réside dans sa dissidence. Il fait de bonnes affaires pour le gouvernement congolais contre la volonté du gouvernement congolais.
Dès lors on se pose tout naturellement la question de savoir ce que serait les véritables intentions d' un pouvoir qui ne protège pas ses habitants et qui soit contre la protection d'où qu' elle vienne !
Le dissident Michel est prêt à déposer les armes dès l' instant où les FARDC cesseront de porter secours à YAKUTUMBA. Et autres Maimai dont le but est de chasser les banyamulenge sur leur propre sol . Et à défaut les exterminer par un génocide latent.
Monsieur le gouvernement, ça ne sert à rien de faire combattre un rebelle par un rebelle. Dont les objectifs sont d'ailleurs contradictoires l' un malfaiteur et l'autre bienfaiteur. Le premier est pire que le second. La sympathie ou l'antipathie devait porter sur l'esprit et non sur les origines. Yakutumba et Makanika ont tous mdeux servi sous le drapeau congolais. Mais voici que ils sont malheureusement différemment traités.
La grande attaque a eu lieu et d' autres suivront. Puisque les anciens rebelles contre tous les régimes qui se sont succédé au Congo trouvent ici une raccourcie de réparation à leurs crimes. Sur celui qui n' a pas commis de crimes. Au gouvernement de Son Excellence Félix Tschisekedi de faire la part de chose. Donner à chacun ce qu'il mérite. Pendant et sur le lieu qu'il le mérite. Yakutumba , Mutetezi Ebwila et autres ont beau mobiliser. Leurs marmées ont été cueillies comme un fruit mûr. Enfin , regrettons que 100 jeunes congolais soient tués pour rien . De part et d' autres. Ce sont nos jeunes. Les futurs constructeurs de ce pays.
Bukavu, le 24 décembre 2020.
*Jean Scohier Muhamiriza*
Journaliste indépendante