LA MARIÉE ÉTAIT TROP BELLE
La clôture de la réunion intra-communautaire des Babembe le 4 mars à Uvira. A quoi le monde et les Congolais pouvaient -ils s'attendre autres que la remise en question de la nationalité des banyamulenge ainsi que la suppression de la commune rurale de Minembwe ?
Fizi, dénommé la zone rouge depuis le règne fort du Maréchal Mobutu. Son occupation par des unités d'élite zaïroises de l'époque: 6e bataillon, béret rouge et béret vert. Sa résistance farouche contre les kadogo du Mzee feu président Laurent Kabila appuyés par les meilleurs commandos de l'armée patriotique rwandaise de 1996: 101, zulu, alpha, ces Inkotanyi batailleurs qui venaient fraîchement de libérer le Rwanda de l'emprise du génocide en 1994.
Fizi, l'une des vastes et très riches entités territoriales du Sud kivu mais dont le chef- lieu ressemble à un village désolé par absence des infrastructures à cause de ses guerres à répétition depuis l'indépendance jusqu'à ce jour.
Fizi, que doit faire le gouvernement congolais pour ramener les Babembe à la raison ? En leur faisant comprendre le rôle de l'état et celui du citoyen.
En 1996, ces Babembe bouchers héréditaires éternels ont fait égorger le Mwami de Bavira sa Majesté feu Lenge sous prétexte qu'il venait de vendre le pays aux Rwandais. Ironie du sort, ils sont aujourd'hui au service du Rwanda pour chasser les Banyamulenge de leur territoire des hauts plateaux d'Uvira, Fizi, et Mwenga vers chez eux au " Rwanda ".
L'ancien Major de l'armée congolaise devenu rebelle, William YAKUTUMBA, général à ce jour, jure par ses pères, le doigt à la gorge, dépouiller les Banyamulenge de leur nationalité congolaise, les chasser en qualité des apatrides vers le pays où ils sont supposés venir.
Adoubé par ceux qui nourrissent des ambitions expansionnistes à son insu, le Mubembe est aux anges. Il se voit même, lui et certains de son peuple belliqueux attribuer le rôle de remplacer le gouvernement de son Excellence Monsieur le président Antoine Tshilombo Tchisekedi. En posant des actes " patriotiques " à son insu ou simplement à sa place.
Posons - nous la question. Depuis quand et comment, dans quelle partie de la planète un peuple, une classe, un clan, une tribu peut - il, doit - il se substituer à l'état pour décider le sort d'un autre peuple ?
A Monsieur le ministre d'Etat et ministre de l'urbanisme et Habitat, Pius Muabilu, vous qui avez procédé à la clôture de la rencontre politique intra-communautaire des Babembe. Est-il de leur rôle, capacité et compétence à décider du sort de la commune de Minembwe jusqu'à exiger sa suppression pire et simple ou de demander à l'état congolais de revoir la citoyenneté congolaise des banyamulenge ?
Nous estimons que les institutions de la République à commencer par la présidence, les services de sécurité passant par le gouvernement doivent assumer, chacun, ses attributions et donner au peuple congolais le droit à l'existence d'abord et le mieux être ensuite.
Les Banyamulenge sont de ceux là qui méritent de vivre en paix, méritent de développer leur milieu, améliorer de leurs conditions de vie sous la protection et par le pouvoir de l'état. Il n'est pas donné à une catégorie de Babembe hors normes de décider de leur sort à la place et lieu du pouvoir en place en charge des responsabilités de tous les citoyens congolais.
Nous considérons que ces agissements de la part d'une partie de Babembe, toujours agités, sont l'oeuvre de la passivité et du laisser- faire de la part d'une autorité démocratiquement élue à la tête des institutions en charge de protection de la population du pays ainsi que l'inviolabilité de ses frontières.
Monsieur l'autorité de l'Etat, dites aux récalcitrants et irréductibles babembe que la démocratie dans une république suppose l'existence de citoyens rationnels et suffisamment détachés de leur appartenance ethnique et croyance.
Si les réflexes communautaires prennent le dessus, la loi de majorité devient celle de massacrer la minorité. C'est ce qui se passe à l'est de la RDCONGO. Et notamment dans le territoire de Fizi où le général Yakutumba et ses partisans armés par un pays limitrophe, aidé de rebelles burundais RedTabara ainsi que FOREBU, FNL du général Alois Nzabampema, sous le regard complice des FRDC en poste dans les Hauts plateaux d'Uvira, Fizi et Mwenga, vont très bientôt achever l'oeuvre d'un génocide latent sur les banyamulenge envoie d'extinction.
Vendredi, 6 mars 2020.
Jean Scohier MUHAMIRIZA
Journaliste Indépendant