Saturday, April 10, 2021

ESQUISSE HISTORIQUE DES PRINCIPALES ETHNIES DES HAUTS PLATEAUX D’ITOMBWE ET LEURS ANTERIORITES SECULAIRES DANS LA REGION


L'histoire  est  têtue, note en lettres d'or  et ne nous pardonnera jamais de nos actes ou méfaits sur les autres : de Donatien  de Dieu  Mayombo

Il ya  près  de 4 ans  que les hauts plateaux d'Itombwe (  Fizi, Mwenga et Uvira)  sont   devenus  le théâtre sanglant perpétré  contre les Tutsi,  des tueries   à  grande échelle   contre les  Banyamulenge   faussement  baptisées  d'un conflit intercommunautaire par le pouvoir.

En effet,  les tueries  qui sévissent  dans les hauts plateaux  d'Itombwe   marquent  bel et  bien  la volonté  destructive, intentionnelle, systématique et planifiée  contre un groupe ou d'une partie d'un groupe ethnique Tutsis  Banyamulenge se trouvant  dans les hauts plateaux d'Itombwe.

Des  tueries abominables et, une  vraie guerre avec des vraies peurs et de vrais morts, de vraies trahisons et de vrais courages de tuer, de vraies tortures et afin  un vrai génocide au sens propre du terme.  Et, par là-dessus, un silence hypocrite : Un silence qui dure plus de quatre  années consécutives.

Le  Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan précise en mai 1998 à l'ouverture de la conférence de Rome :   Beaucoup pensaient, sans aucun doute, que les horreurs de la Seconde Guerre mondiale (les camps, la cruauté, les exterminations, l'holocauste) ne pourraient jamais se reproduire. Et pourtant on les a revues.

Au Cambodge, en Bosnie-Herzégovine et  au Rwanda.

A l'heure actuelle, leurs  voisins c'est-à-dire  les ethnies  avoisinantes aux  Banyamulenge  ont  montré  qu'ils ont une capacité sans limite de leur   faire du  mal et que  les rescapés Banyamulenge   doivent obligatoirement    regagner   le Rwanda  supposé  leur pays natal,  d'ailleurs les plus extrémistes  les enverraient  très  loin en Ethiopie.

Toutes les notions de l'histoire   sont foulées  volontiers  aux  pieds  de sorte que  le Ministre honoraire  Justin  Bitakwila  se permet  de prendre  en otage l'opinion congolaise  en affirmant sans  ambages ni crainte   avoir  vit  de ses propre  yeux  les Banyamulenge  entrain de traverser  la Ruzizi en provenance  du  Rwanda avec bagage  à  la tête, quelle honte pour une personnalité  publique de la taille ?

Personnellement  j'ai été profondément  touché  par la profanation  de l'identité  de mon  peuple ( Les Banyamulenge)   simplement à  raison de l'altérite et du délit de faciès . Ainsi  si tu diffères  de moi, mon frère (Bitakwila)  loin  de me léser,  tu m'enrichis  a  dit  Antoine de Saint-Exupéry.

Dans  notre démarche scientifique  de rechercher les origines  et  l'antériorité  séculaire de l'une ou l'autre ethnie  dans  la région  d'Itombwe;   nous avions  d'abord  abordé  les ethnies  dites  majoritaires pour  afin   finir avec  l'ethnie  minoritaire,   qui se cherche  aujourd'hui de  la place au  soleil.

Le livre  « les  Banyamulenge de  MUTAMBO J. Jondwe  »  contient  les informations  capables   d'enrayer  les idées  rétrogrades  avancées  par   les extrémistes qui cherchent  à  changer  la cour de l'histoire   des  Tutsis  Banyamulenge.

Le  mérite  de cet article  est  d'apporter  la contribution  à la quête de la vérité  sur les monstrueuses  falsification  de  l'histoire  des Tutsis  Banyamulenge  dans  leur pays d'origine.

Les  Tutsi congolais   ne peuvent  trouver  d'autres moyens  que d'écrire, crier et  porté  à  la connaissance du monde  du  calvaire qui leur   sont infligés  par ceux-là  qui   d' ailleurs  étaient   sensés  les  protéger .

  1. LES BABEMBE 

L'origine  et la signification  du nom Babembe  soulève  quelques interrogations. On ne saurait  pas dire si ce nom provient  d'un  ancêtre commun  à tous les Babembe, ou s'il s'agit du nom de la région qu'ils habitent actuellement. On pourrait plutôt se  pencher vers la deuxième hypothèse du fait que la région habitée par les Babembe s'appelle Bubembe. Mais d'où serait-il venu ce nom et quand est-il apparu ? Autant de questions auxquelles les études ultérieures plus fouillées pourraient répondre.

Dans une étude consacrée à l'Afrique Equatoriale, Gilles Sauter ( 1) signale l'existence d'un peuple  Babembe  au Congo- Brazzaville et qui habite le Niari-Ogoué. On se trouve en présence  de deux  peuples pour les pays différents  et   qui portent  le même nom.

Auraient-ils aussi la même origine ?  Limitons-nous pour le moment à ce qui est connu actuellement sur cette ethnie.  L'ethnie des Babembe est constituée  des  plusieurs clans qui, au départ, n'auraient pas  tous la même origine. Il y aurait  probablement un noyau  Bamembe qui se serait enrichi  d'éléments exogènes provenant du fond  autochtone  ancien et des Lega  et qui se seraient fondues  pour former l'actuelle grande ethnie  Babembe.

Ainsi, les clans de Basikalangwa du secteur  de Ngandja et de basimukinje des  secteurs de Mutambala et d'Itombwe  auraient des liens avec  les personnes des souches pygmoïdes.

Par ailleurs le clan Babungwe, Balala, Basimunyaka, Basimukuma, Basimukuma, Basimuenda,  Basombo et basimimi , seraient apparentés aux lega.

D'autres familles venues de  Kabamabre, notamment les Babuyu établies dans la plaine de Mutambala  se seraient  fondus  dans les différents  clans de l'actuelle ethnie Babembe. Cependant la tradition orale signale qu'à Mboko, il n'est pas rare de trouver des Babembe ayant une souche Burundaise.

En fin, le brassage bio-culturel dû  à  la rencontre au bord du lac Tanganyika, des Babembe en migration avec des riverains Bajoba et Masanze de Baraka, auraient contribué à  la formation locale notamment les Basikasilo.

Selon Moeller, le site originel des Babembe en tant que groupe ethnique serait  compris entre  Elila- Luama et Ulindi aux 17 siècles au 18 eme siècle (2).

De  la région d'Elila-Luama  seraient partis deux courants  migratoires qui auraient dispersés les babemebe en deux foyers. Notamment la côte lacustre de Tanganyika, en passant par Lulambwe, et la région Nemba Mutambala via Lulenge.

De la région d'Ulindi serait  partie une communauté non moins importante qui aurait traversé  l'Itombwe avant de gagner les rives du lac tanganyika.  Ainsi, l'actuel secteur   d'itombwe est peuplé par les descendants de cette migration.  Une ethnie fière d'elle-même et parfois fruste. Un peuple  belliqueux  qui aime naturellement  la  guerre et de  l'entretenir.   C'est ainsi   que le territoire de Fizi fût  dénommé  la zone rouge  pendant la rébellion  Muleliste car  Fizi  constituait  un bastion   favorable  à ces  derniers.

Les  Babembe  se disent  M'bembe M'bondo pour dire un  M'bembe original par rapport  aux autres Bembe  résultant des brassages ethniques, ou des migrations ultérieures.  Et  pourtant, même ceux-là  qui se disent  M'Bemebe  M'bondo  résultent d'un brassage  lointain, connu ou non.

  1. LES BAFULERO

Le nom actuel de Bafulero  leur aurait été donné  par un Mwami du Rwanda ou du Burundi qui, les ayant rencontrés  pour la première fois, leur aurait demandé  comment ils appelaient, ne lui ayant pas donner  une réponse satisfaisante, ce derniers les auraient traités  d'ignorant  « abapfulero » (2)  et cette injure se serait collée pour devenir  son ethnonyme.

Cette  hypothèse  est collaborée par  Mushonio qui affirme que l'appellation

« Bafulero » aurait été donné  à  ce peuple par un Munyarwanda qui, voulait connaitre son nom, a eu la réponse, nous n'avons pas de nom. Le Munyarwanda  étonné s'exclama :  Murabapfulero, ce qui signifie vous êtes  donc  des morts ou idiots.

A ce  même sujet, Luremesha( 3)  précise  que la première rencontre entre le Mwami Rwamo de Bafulero avec Rugorora se passa à  Kakamba. C'était au cours  de leurs entretiens que ce dernier donna le nom de  Bapfulero à cette tribu jusque-là anonyme.

Pour  Migombano, les Bapfulero( 4)  sont partis de la région de Lwindi sans nom et en deux vagues : la première vague cherche à s'installer dans les hautes montagnes de Mugogo-Lungwe. Elle se heurta  à certains obstacles tels que les épidémies, les fauves, la famine et le froid. Une grande partie fut décimés, mais les survivants traversèrent la forêt  et s'installèrent  dans ce qui deviendra plus tard le territoire de Bapfulero. La seconde vague contourna au sud de Mulenge.

Ces vagues se rencontrèrent alors. Elles appelèrent  cet endroit le lieu de  péril Bufurilu Maherero ce qui signifie  lieu des morts.

Quant à leur origine, les Bafulero seraient originaires de Bunyoro. Ils auraient se séjourné dans l'Ulindi avant d'occuper leur territoire actuel. Pour ceux de Bafulero venus de Lwindi, ils s'installèrent  sur les montagnes qui surplombent la plaine de la  Rusizi. Ils  y restèrent pendant très longtemps et descendaient dans la vallée pour la chasse.

Les traditions orales des Bafulero affirment la préexistence d'un autre groupe des  Balemera  préétablis  dans la région  de Lemera au moment où les Bahamba émigraient.

Les plus connus  des chefs des migrations Bafulero sont Kikanwe, Kigongwe, et  Kilingishi. Ce dernier  a été le plus cité  par la tradition et certains  travaux scientifiques le mentionnent.

Au sujet de  Balemera, ils sont venus de l'Est, et se sont installes à Lemara. Or, il est connu aujourd'hui que  Lemera fut une des capitales au Sud du Rwanda des populations anciennes Abarenge.

Les balemera  seraient-ils apparentés aux Barenge ? Nous ne savons pas le prouver, mais cette éventualité n'est pas à exclure définitivement.  Les recherches ultérieures pourront  nous éclairer  là- dessus.

Quant au Bafulero, nous l'avons déjà souligné plus haut, ils ne sont pas tous venus de Lwindi. La majeure partie de l'actuelle ethnie Bafulero est venue de l'Est (du Rwanda et du Burundi).

R.Bourgeois  le confirme en ces termes : En plus de de Bahutu et Batutsi, les populations suivantes  sont parmi les habitants du Rwanda et du Burundi : Bahorohoro, Bamoso, Bahavu, Bahunde, Banyabungo, Bafulero, Bavira et Baha.

En effet, les Bazige, les bahungu et les Bagesera, actuellement de l'ethnie  Bafurero sont d'origine Burundaise ou Rwandaise. Mworoha( 5)  note ceci à propos  des Bazige (Burundais  habitant l'uzige, plaine de la Ruzizi) : une des aventures les plus remarquables est de la carrière  du chef Munyakarama Kiyogoma.

Issu d'une famille pauvre Tutsi du Mugamba méridional, il fut élevé chef par  son oncle maternel qui était un petit chef  de la plaine vers Kanyosha.  Kiyogoma hérita de ce dernier, à la fin des années 1870, puis étendit son pouvoir de Buramata à la Mugere, au détriment  des petits  chefs de cette région, appelée Luzige dans les récits des premiers explorateurs.

Il réussit à conserver une grande loyauté à l'égard de Mwezi tout en développant des rapports avec les différents éléments (y compris étrangers), en action dans l'Imbo  à la fin du règne.

Il est clairement établi que le clan Abazige est d'origine Burundaise et que leur chef Kiyogoma a règne dans la plaine (Imbo) et dépendait du Mwami du Burundi  Mwezi- Gisabo. Avec le mouvement de dissidence, Kiyogoma détacha  la région de l'Uzige  du pouvoir de Mwezi- Gisabo et devint autonome.  Hier ils étaient  des burundais Tutsi, issus des familles pauvres Tutsi, aujourd'hui, ils sont tous Bafulero.

Les  Bahungu, quant à eux, sont des burundais installés  à Muhungu , localité située sur le flanc-Est des montagnes surplombant le lac Tanganyika, afin de contré   la progression  des Bafulero vers le Sud.  D'origine Burundaise, ils ont été installes vers 1927 par Ndabagoye, alors grand chef coutumier de la plaine  de la Ruzizi, ils sont actuellement fondus dans l'ethnie Bafulero à laquelle ils n'appartenaient pas avant 1827.

NB : Des  éléments ci-hauts expliqués nous permettent  d'affirmer que l'ethnie  des Bafulero est la  résultante des  mélanges des populations venues  de Lwindi, du Burundi  et Rwanda. Ils habitent principalement  les centres d'uvira, Kiliba, Sange, Luberizi, Lemera, Mwanga, Kidote  et les hauts plateaux jusqu'à Mirimba.

Leur langue  s'apparente au Kirundi, Kinyarwanda et Kivira.

Les populations venues du Rwanda ou du Burundi précolonial fondus actuellement dans l'Ethnie Bafulero, se sont établies dans la plaine de la Ruzizi avant leur migration vers les hauts plateaux.

  1. LES BAVIRA

L'etynonyme  Bavira est dérivé du terme  Kivira qui signifie palmier à huile. Ainsi, les Bavira seraient littéralement les habitants du pays des palmiers à huile.  Ce serait probablement autours des années 1850-1860 que les négociateurs arabes, venus de Udjidji, auraient donné le nom de  Bavira aux habitants de la partie occidentale du Lac  Tanganyika.

A la  question comment vous appelez- vous? Posée à un chef assis sous le palmier, la réponse était  Kivira: c'est un palmier. Le négociant n'ayant pas compris qu'il s'agissait du palmier à huile , et non de l'ethnie de son interlocuteur, en déduisit que les habitants de la région s'appelaient  les " Bavira".

Il s'agit là d'un malentendu  fréquent  dans "Afrique colonial". Une version est rapportée par le professeur Yumba wa  Kioni,conseiller de l'ancien gouverneur du Kivu. A une question posée au  Mwami Lenge. Comment portez-vous le nom de lenghe   si courant chez les Baluba du Shaba? Le chef répondit  que ses ancêtres lointains étaient venus de l'empire Luba pour guerroyer aux abords du lac  Tanganyika.

A leur retour, une partie des leurs aurait décidé de rester aux abords du lac Tanganyika. Ceux qui rentraient les auraient  traités  des  " Bavira"  qui restaient à l'étranger. Le mot "  Bavira" en Kiluba signifie: imbecile et insensé.  Le nom de Bavira devenu par la suite  " les Bavira" puis  Buvira aurait été donné par cette partie des Baluba resté aux abords  du lac Tanganyika.

D'aprés une  autre tradition orale, il semblerait que l'ethnie à  dénommer  Bavira s'appelait les" Bajoba" et leur langue Kijoba. Cette assertion est corroborée par Mukerwa ( 6)  qui a écrit " les Vira Kijoba qui est specialement une langue de culture  Vira.

Selon une autre source raportée  par  Muzuri ( 7)  l'origine de  Bavira serait le Maniema , doù les  Banyalenge seraient partis sous  la direction de leur chef  Kirunga.

Les Bajoba auraient précedé les  Banyalenge. Quelques descendant des Bajoba vivaient encore dans la zone de Makobora, à Gomba , Kitu et Kifuta. Il est difficile de le distinguer de Bavira. Ils se reconnaissent au Bavira, mais ils s'appellent  Bajoba.

Pour  Bishikwabo l'ethnonyme  Bavira aurait comme origine les refus des poisons offerts par les pecheurs Babwari aux Bafulero. Ces derniers ignoraient les poissons et les prenaient pour les serpents. Ainsi les pécheurs les qualifièrent des  Bavira qui signifient " ignorant"

Selon  Kingwengwe, le clan régnant chez les Bavira n'a rien de commun avec les autres. La question est celle de savoir comment  ce clan est arrivé au pouvoir alors qu'il est minoritaire.  Nyandui  conclut que tous les éléments  militant en faveur de l'attribution aux Bavira de l'origine Luba ou Tanzaniennes; il est établi actuellement que l'ethnie Vira est composée  des : éléments hétéroclites venant de la  Tanzanie, du Burundi et de l'ouest de la région qu'il occupe actuellement.

En 1871, H.M. Stanyley, dans ses exploitations de la Ruzizi et de la côte occidentale du Tanganyika, affirme que le pays de  Bavira avait comme capitale " Soumbulizi" actuel Kabimba. Dans ses descriptions sur la région, stanylay localise les Vira dans la zone l'entre Kabimba et Monikamba ( makobora), au nord du pays Vira, il y aurait le pays des Bazige ( Barundi) les Bashi et les Burundi.

Selon Weis (8) " les Bavira seraient arrivés les premiers aux XVII siècle. Après avoir fait un détour par le Maniema, ils auraient traversés l'Itombwe et se seraient rependus sur une surface correspondant à peu près à l'ensemble du territoire d'uvira couvrant le versant du lac de Makobora  ngweshe, au sud de Bukavu  sur une distance de quelques 150 km.

La caractéristiques  principale de l'histoire des Bavira, depuis leur arrivé dans la région qu'ils habitant actuellement, est une suite de recul sous la pression de nouveaux venus.

Ainsi par exemple au nord, ils furent réfoulés jusqu' à kiliba par les Bashi et les Bafulelo venus fraichement de Lwindi. Et plus récement de Kiliba à Kawizi.

A l'est, la poussée  des populations venus du Burundi ( les bazige et les Barundi de la plaine de la Ruzizi) les obligea à perdre les terres de la plaine et de Kiliba.

Au sud, les Babembe les poussèrent jusqu'à la Kambeluku et à l'ouest, l'occupation des plateaux par les Banyamulenge ne permit pas leurs progression vers la région montagneuses.

Aussi, depuis le XVII siècle jusqu'au XIX siècle, Bavira perdirent-ils les terres suivantes:

-Au XVII siècle la région de la plaine de la Ruzizi

-Au XVII la région de Katumba, qui sera cédé définitivement au Barundi, à la convetion de 1910.

-Au XIX siècle, la région située entre Kiliba et Kawizi sous la pression de Bafulero et des Barundi et au sud , la région de Kalundja située au sud de  Makobola, à la suite des poussées bes  Babembe.

La situation actuelle des Bavira à éte resumée par Weis de la manière suivante: cette situation aboutit à une position de refuge, les Vira reculent progressivement sous la poussée des peuples voisins. Cela aide à comprendre qu'ils soient établis dans des conditions physiques difficiles, sur un versant raide, aux sols détritiques. Certes l'espace leur était ouverte longtemps vers le plateau en altitude.

Aujourd'hui, poursuit Weis, l'extension en altitude leur  est interdire, dans cet espace que les  " les  Banyamulenge" ont trouvé vide à la fin du 18eme siècle et qu'ils ont occupés. Et très récemment, la création de la ville d'Uvira n'a-te-elle pas obligé encore les Bavira à se confiner sur les flancs montagneux au profit d'un peuplement cosmopolite de la cité.

  1. LES BANYAMULENGE

L'Afrique  écrira sa propre histoire  et elle sera au nord et au sud du sahara une   histoire  de gloire et de dignité : P.E Lumumba.

Le nom «Banyamulenge» résulterait, selon Ruremesha  de la combinaison  de deux éléments linguistiques « Banya »  préfixe qui désignant  l'origine  ou l'appartenance  et « Mulenge » qui dérive du  mot « Umulenge»  signifiant  village ou hameau.

Plusieurs hypothèses  ont été émises concernant  l'origine et le sens de ce vocable « Banyamulenge », il serait utile de les signaler.

1ere   HYPOTHESE :   le nom Banyamulenge serait lié  au village Mulenge (9) .  Depelchin  le précise en ces termes : poursuivant leurs migrations  d'Itombwe , les pasteurs fondèrent leur premier village entre Sange et la localité de Lemera, actuel chef-lieu de la collectivité des Bafulero.

Plusieurs  années après, ce village devait être leur capital si bien que leurs  compagnons  qui restaient derrière  avaient référence pour les designer en les appelant Banyamulenge . « thier companions who stayed behend referred to them as banyamulenge»

Ce village crée vers les années 1850-1860 deviendra un grand  centre de négoce  entre Bushi  au nord et Uvira au sud.

2eme   HYPOTHESE : L'ethnonyme  «Banyamulenge» (Peuple de Mulenge) ait commencé d'être employé  vers  les années 1960-1970   pour s'affirmer face à un début d'ostracisme qui, tendait à les assimiler aux réfugiés Tutsi du Rwanda que la Croix-Rouge avaient placé les camps dans certains villages  du Sud-kivu notamment;   Katombwe, Lemera et  Ruvunge.

 LE  PEUPLEMENT  DU HAUTS  PLATEAUX   D'ITOMBWE   PAR  LES  BANYAMULENGE

Selon  M. Joseph  la tradition orale a retenu trois faits importants qui seraient à la base du peuplement  de l'itombwe par les Banyamulenge.

  1. LA RECHERCHE DES PATURAGES

Elle  est attribuée  a Serugabika  dont le nom a été donné  au clan  Abagabika.  Serugabika aurait  traversé  la Ruzizi à la recherche du pâturage.

Il y  aurait  amené son bétail pour l'abreuver,  la rive droite de la Ruzizi  lui était inconnue.  Il décida  de tenter une aventure en faisant traverser  son bétail à  la rive droite  il n'eut pas des difficultés  car c'était  pendant la saison sèche, la Ruzizi étant en étiage. Il trouva la plaine vide et le pâturage très riche, décide de s'y établir.  L'étendue vide disponible le tenta. Il amena sa famille, et ses voisins le suivirent par la suite.

La tradition orale dit, par ailleurs que certains descendants d'Abagabika, seraient partis dans les régions lointaines et seraient aujourd'hui  assimilés aux autres ethnies du Congo notamment  au dans le Kasaï……..

  1. ABANYABYINSHI ET LEURS PARTISANS (1510-1543)

Les  Abanyabyinshi ( 10)   constituent l'un des 26 clans qui composent l'ethnie des Banyamulenge. Il est le premier en importance numérique. Selon la tradition orale, la migration  des banyabyinshi se serait déroulée sous le règne de Karinga( ku ngoma ya Karinga). Elle aurait été provoquée  par le guerres  des successions. Les Banyabyinshi reconnaissent eux-mêmes qu'ils sont les descendants de Byinshi fils de Bamararungu dit Bamara.

A propos de Banyabyinshi et de leur  migration, l'Abbe Alexis Kagame a décrit dans son abrégé  de l'ethnohistoire du Rwanda, le contexte dans lequel les Banyabyinshi qui ont quitté  le Rwanda précolonial.

Arrivés  dans la plaine de la Ruzizi, ils se retrouvèrent  Kakamba  où  ils rencontrèrent les descendant de Serugabika et d'autres familles qui l'avaient suivi à  la recherche de pâturage et qui avaient  déjà exploré la région.

  1. FAMINE  DE  POMME  DE  TERRE 

La tradition orale a retenu qu'il eut une famine  inégale dans le Rwanda précolonial, tres probablement dans le Burundi. Les rivières avaient tari, les forets étaient desséchées ; aucune plante ne résistait à la sécheresse et  il y avait partout que de la poussière.  La population fut obligée  de se déplacer  vers d'autres régions. Elle traversa la Ruzizi et s'établit  dans  la plaine de la Ruzizi.  Selon Bahame et A. Kagame  cette migration se serait déroulée sous la règne de Yuhi  IV Gahindiro  ( 1746-1802).

De la plaine de la RuzizI ( Kakamba) ces populations furent obligées  par le climat chaud et les maladie endémiques  de la plaine de la Ruzizi à monter dans les régions  montagneuses . Elles fondèrent le premier grand village  auquel elles donnèrent le nom  de Mulenge vers 1850.  Du centre de Mulenge ils s'eparpillent sur les plateaux communément appelés les plateaux d'Itombwe en fondant successivement les villages suivants : Ruvumera, Ndegu et Gatobo en 1860, et Muhanga en 1865.

Plus tard en 1881, precise Weis, elles fonderent les villages de Gallye, Munanira,Kishwembwe, Kalonge- gataka avant de progresser vers les territoires  qui deviendont plus tard les territoires  de Fizi et de Mwenge oú ils occuperent les villages importants de Rubuga, Magunda, Katanga, Kagogo, Bijombo, Kabara, Tulambo et Minembwe.

En  résumé, la tradition orale affirme qu'il a eu trois episodes dansle peuplement de l'Itombwe  precolonial par les Banyamulenge.

  1. L'épisode de Serugabika, non datée mais antérieure a celle de Byinshi
  2. L'épisode de Byinshi qui se situe entre 1510-1543) Ku ngoma ya Karinga
  3. La dernière épisode est celle due a la famine  et au tarissements des rivières. cette période se situerait sous le règne du Mwami du rwanda  Yuhi IV Gahindi ( 1746-1802)

LES  BANYAMULENGE NE SONT PAS TOUS D'ORIGINE RWANDAISE ET   ILS NE SONT  MEME PAS  QUE DES TUTSIS

Le village Mulenge réunissait des populations d'origines diverses:

-Celles venues précolonial:   Abasinga, Abega, Abanyabyinshi, Abasita, Abatwari, Abazigaba, Abitira…

-Celles venues du Burundi précolonial: Abahiga, Abongera, Abanyakarama,

-Celles venues du territoire de Tanganyika (tanzanie) précolonial: Abaha, Abaphurika…

-Des personnes d'origines Rwandaise ou burundaises dont les clans n'existent que chez les Banyamulenge Signe de leur ancienete seculaire dans l'Itombwe: Abasegege, Abasama Abadahurwa, Abasinzira, Abagorora……..

-Des bafulero devenus banyamulenge dont les descendants sont connus.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Au cours de plus de soixante dernières années de l'indépendance du Congo, les Lois congolaises sur la nationalité ont été modifiées à quatre reprises, souvent au détriment des tutsi qui ont été privés par intermittence de leur droit à la nationalité congolaise.

A maintes fois, les Tutsi furent nationalisés ou dénationalisés au gré des intérêts tribalistes.

La théorie hamitique, et les idéologies divisionnistes qui en découlent, reste sa principale leitmotiv. Les écrits ethnocentriques  européens ont semés  cette idéologie maléfique (hamitique)  qui qualifiait  les Tutsis  et certains autres groupes africains des faux  nègres donnant ainsi  une sève xénophobes  dans l'imaginaire politique  dans la région du grands lacs, un courant  philosophique  dont  J. Bitakwila  est un  disciple assidu .

Il est impératif que l'intelligentsia congolaise  se dote de stratégies et d'instruments susceptibles de catalyser progressivement l'émergence des conditions favorables à la paix durable dans notre pays.

Le règlement des antagonismes et la construction d'une paix durable sont inséparables et conditionnels du développement stable. Et le développement durable au Congo, et ailleurs en Afrique, doit constamment s'articuler sur l'élément humain. Celui-ci, dans toute sa diversité et son entièreté, doit en être l'acteur et le bénéficiaire par dessus toute autre chose, car la crise identitaire n'est pas l'expression  d'un héritage  ancestral, elle est le fruit  d'une situation mal contrôlée : J.P chrétien.

Les autorités congolaises  doivent renoncer, au népotisme, au clientélisme, à la corruption et à la politique de l'exclusion du peuple Banyamulenge pratiquée par certains dirigeants qui se sont succédé aux pouvoirs depuis l'accession du pays à l'indépendance. Ces caractères néfastes ont conduit le pays à la fracture, à la fission identitaire, à la cristallisation des clivages conflictogènes et enracinement des idéologies négatives héritées  de l'époque  coloniale.

Il faut que l'élite congolaise se réveille de sa «TORPEUR  MORBIDE». Elle doit comprendre que leurs ennemis n'est ni Rwandais ni Ougandais ni encore les Belges ou les multinationales ou congolais eux-mêmes, comme certains le disent, plutôt le vrai ennemis du congolais est  la  «médiocrité et l'obscurantisme».

Bibliographie : 

1.Guilles sauter : De l'atlantique au fleuveCongo, une geographie de sous developpement, Mouton,Paria 1966

2.Mushonio, cite par Babunga.le mariage et son impact economique : cas de Bapfulero CIDEP, Kisangani, 1980

3.Luremesha M, organisation socio-politique  chez les Banyamulenge, TFE Lubumbashi ,1983.

4.Migombano, cite par Mukerwa K.  n L'immigration  des Banyarwanda dans la zone d'Uvira.

5.Mworoha E. Histoire du Burundi, Des origines a la fin de la XIX siecle, Hatier, 1987

6.Mukerwa K.  L'immigartion des Banyarwanda dans la zone d'uvira 1965, TFE en histoire, IPN, 1988

7.Muzuri  G.Evolution des conflits ethniques dans l'Itombwe  1982, Mémoire de licence en histoire

8.Weis G., le pays d'Uvira

9.Depechin J. From pre-capitalism  to imperialism : the history of social and economic information in Eastrn zaire ( Uvira zone C.1800-1965)

10.A. Kagame,un abregé  de l'ethno-histoire du Rwanda,tome I, Editions universitaires  du Rwanda,  Butare, 19

PAR B.M  NDAKANIRWA 

RESSORTISSANT  D'ITOMBWE

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