Wednesday, November 28, 2012

SI LE M23 SE RETIRE DE GOMA, QUI AURA PLUS A PERDRE?


Si leM23 ne perd rien en se retirant de Goma, le Congo aurait lui tout à perdre, s’il ne respectait pas les résolutions de Kampala.

Le retrait des troupes du M23 de la ville de Goma conquise il ya deux semaines semble jeter de la confusion aussi bien à Kinshasa que dans le milieu des Rwandophones.

Encore hantés par le souvenir des mésaventures de Laurent Nkunda, les Rwandophones croient perdre par cette retraite imposée, tous les acquis d’une nette victoire qui mettait Kabila en position de faiblesse et allait l’obliger à négocier le dos au mur.

Les choses sont beaucoup plus complexes qu’elles ne paraissent, mais en définitive, personne ne devrait se sentir sacrifiée dans le plan dont l’architecture a été finement ciselée par les Maîtres Museveni et Kagame. Le doute découle de la fausse idée qui suggère que les deux artistes aient agi sous la pression de la Communauté Internationale, qui les obligeraient à taire des ambitions qui leurs sont généreusement prêtées. Rien n’est plus faux.

A Kinshasa, le silence méprisant du Président Kabila envers son peuple, les élucubrations de Mende et les déclarations bellicistes du Général François Olenga sont loin de refléter l’esprit des résolutions des Chef d’Etas de Grands Lacs réunis à Kampala le24 mars dernier. Tout est fait pour faire croire au Peuple Congolais que le retrait du M23 de Goma était une victoire diplomatique du Président Kabila, ou alors un « pré acompte » sur une victoire certaine attendu, après la réorganisation des Forces Armées congolaises par le General François Olenga.

A Kinshasa la confusion demeure totale :

Même si l’idée de négocier avec le M23 fait tout doucement place au rêve de mobiliser et de combattre le fantomatique agresseur Rwandais, force est de constater que les discours savamment entretenus par les chantres pro-français de la « Nonalabalkanisation » se sont enracinés profondément dans l’esprit de la naïve classe politique congolaise, Majorité au Pouvoir et Opposition confondue.

La palme de l’irrationalité revient sans doute brillamment à cet Honorable membre de la Majorité Présidentielle, honnêtement convaincu de défendre les idéaux de Mr. Kabila, qu’on appelle pompeusement « l’Autorité Morale » du PPRD.

Monsieur François Nzekuye croit ainsi rassurer ses compatriotes quelque peu désabusés par le trop brusque changement de ton dans les discours du gouvernement : « le gouvernement ne négocie pas avec le M23 comme certains le pensent, mais examine plutôt ses revendications … « Il y a une solution intermédiaire qui demande à ce que le M23 recule jusque vers leurs positions antérieures avant la prise de Goma. C’est une solution provisoire parce qu’il faudrait que le M23 quitte le territoire congolais » Pour le Rwanda sans doute ? La précision n’était pas nécessaire.

L’opposition, elle, estime que les problèmes liés aux dernières élections présidentielles devraient sans doute être privilégiés par rapport à la guerre dans le Nord Kivu : Selon Monsieur Jean Claude Vuemba du MPCR, « C’est depuis trop longtemps que l’opposition congolaise demande des négociations avec le pouvoir après les élections de novembre 2011. Or jusqu’à ce jour, on a toujours été saboté. Nous n’avons rien eu en échange. Et voilà que le M23 après avoir fait la guerre à l’Etat se retrouve sur une même table avec le gouvernement congolais pour trouver un accord. Nous ne pouvons pas l’accepter. Faut-il prendre des armes dans ce pays pour être écouté ? Le gouvernement ne doit pas négocier avec les rebelles qui ont tué des Congolais dans l’Est de la RDC ».

Même vision du côté de la vaillante Armée Congolaise. De sa retraite « stratégique » de Minova, le Colonel Amuli déclare sans rire : « Nous sommes en train de nous reconditionner pour reconquérir les villes occupes par le M23 et bouter ainsi l’ennemi dehors ».

Dehors, dehors, dehors…

Voici là un refrain qui amène fatalement à l’esprit de bien des Rwandophones l’idée libérateur d’un coup de ciseaux dans le dessin d’une carte géographique héritée de la Conférence de Berlin. Ils se retiennent bien sûr, mais pour combien de temps encore ?

Les Rwandophones ne perdent rien dans le retrait du M23 de Goma

Apres moult hésitations, le M23 a fini par se plier devant les réalités de la situation et accepte de se retirer de Goma ce vendredi 30 novembre 12. Elle conditionnait tout retrait de Goma par autant des décisions que Kabila ne pouvait se permettre de prendre sans couper les planches sous ses pieds, et sans pour autant rien résoudre des questions à la base de la révolte des Rwandophones. L’arrestation de John Numbi ne constitue pas une priorité pour la cause, et rien ne pourrait assurer au M23 que la présence de la bruyante diaspora et celle de l’irresponsable opposition congolaise faciliterait les choses. Il n’y aurait absolument rien à gagner de la cacophonie des différentes ambitions qui prendraient fatalement le dessus sur le problème de l’heure.

Le M23 ne perd rien de sa victoire car elle n’est plus « la Fiction » du Ministre Mende, un Mende condamné, au jour le jour, à changer de position et de langage comme une girouette.

Le M23 s’est imposé comme Partie Prenante de la crise et de la solution et Kinshasa, sait aujourd’hui qu’il ne pourrait continuer de l’ignorer, pendant que les boucs émissaires Ougandais et Rwandais viennent de démontrer à la Communauté Internationale, noir sur blancs, qu’ils étaient non les « agresseurs désignés » mais plutôt les « médiateurs incontournables ».

De deux, Le M23 se retire de Goma comme une « Rébellion » mais y demeure comme une « Force de Paix » car il est appelé officiellement à œuvrer aux côtés d’une Force Interafricaine Neutre, de leurs collègues des Forces Armées Congolaises et de la Monusco pour assurer la sécurité de l’aéroport de Goma. Une réintégration qui ne veut peut être pas encore dire son nom…

De trois, la décision des Chefs d’Etats de la Région n’oblige pas le m23 à déposer les armes en attendant des négociations que le Gouvernement Congolais ne pourrait se permettre d’officialiser sans désorienter le public congolais. Après la débâcle diplomatique et militaire de Kinshasa, l’état d’esprit national s’y prête mal. Les discours aussi contradictoires qu’irresponsables du Ministre Mende ont fini par complétement désorienter le Congolais. Les perceptions et avis désordonnés de la classe politique sur la question du Kivu gênent, considérablement à l’avance, toute action que devra entreprendre le Président Kabila.

Le M23 se retire a environ 20 km de Goma sur les collines surplombant une ville quasi démilitarisée. Il n’a rien perdu de sa force de frappe et son arsenal s’est depuis considérablement enrichi de sa prise de guerre sur la vaillante Armée Congolaise, une armée actuellement en « vacance stratégique » sur les plages de Minova.

Kabila, mieux que quiconque connait les limites de ses hommes, et il sait que ni le Rwanda, ni l’Uganda ne pourraient permettre l’intrusion d’une force étrangère dans la Région. Ensuite, affirmer que « le M23 doit se retirer car il n’a pas les capacités de rester à Goma », cela est du Mende pur, donc sans conséquence sur la réalité.

Le M23, se trouve au point de non-retour.

Les compatriotes Congolais devraient comprendre une fois pour toutes que la balkanisation du Congo ne pourra ou ne pourrait être que le fruit de leurs propres contradictions. Non ceux de l’étranger.

Ils devraient comprendre que les Rwandophones n’aspirent qu’à faire partie de la Nation Congolaise plutôt que d’y figurer comme des citoyens conjoncturels de seconde zone.

S’ils sont poussés continuellement au dehors, ils finiront bien par s’en aller définitivement, non pas sans leurs terres, et aucune résolution de l’ONU, aucune sanction ne les feront fléchir.

Le Sud Soudan s’est résolu à devenir indépendant non pas pour assouvir des aspirations séparatistes mais par nécessité de se libérer des discriminations nordistes. Face à un rejet continuel, Il n’avait pas d’autre alternative que le choix entre la passivité et le combat. Il a choisi le combat et renversé la sacro-sainte notion d’intangibilité des frontières héritées des colonialistes.

La brèche est restée grande ouverte, béante, et le Congo risque de s’y précipiter la tête basse. A cet instant de son histoire, le Congo se trouve à la Croisé des chemins. Après les Présidents Kagame et Museveni, les Chefs d’Etats de la Région viennent d’offrir aux Congolais leur dernière chance. Si celle-ci est saisie, ce serait tant mieux.

Dans le cas contraire, le Congolais n’aura d’autre alternative que celui de devoir se faire à l’idée d’un Nouvel Etat voisin dans la Région des Grands Lacs et le plus tôt serait peut-être le mieux.

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By Ange Michel Murangwa. Rwizanet Atlanta.-
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