Si leM23 ne perd
rien en se retirant de Goma, le Congo aurait lui tout à perdre, s’il ne
respectait pas les résolutions de Kampala.
Le retrait des troupes du M23 de la ville de Goma
conquise il ya deux semaines semble jeter de la confusion aussi bien à Kinshasa
que dans le milieu des Rwandophones.
Encore hantés par le souvenir des mésaventures de
Laurent Nkunda, les Rwandophones croient perdre par cette retraite imposée,
tous les acquis d’une nette victoire qui mettait Kabila en position de
faiblesse et allait l’obliger à négocier le dos au mur.
Les choses sont beaucoup plus complexes qu’elles ne
paraissent, mais en définitive, personne ne devrait se sentir sacrifiée dans le
plan dont l’architecture a été finement ciselée par les Maîtres Museveni et
Kagame. Le doute découle de la fausse idée qui suggère que les deux artistes
aient agi sous la pression de la Communauté Internationale, qui les
obligeraient à taire des ambitions qui leurs sont généreusement prêtées. Rien
n’est plus faux.
A Kinshasa, le silence méprisant du Président
Kabila envers son peuple, les élucubrations de Mende et les déclarations
bellicistes du Général François Olenga sont loin de refléter l’esprit des
résolutions des Chef d’Etas de Grands Lacs réunis à Kampala le24 mars dernier.
Tout est fait pour faire croire au Peuple Congolais que le retrait du M23 de
Goma était une victoire diplomatique du Président Kabila, ou alors un « pré
acompte » sur une victoire certaine attendu, après la réorganisation des Forces
Armées congolaises par le General François Olenga.
A Kinshasa la confusion demeure totale :
Même si l’idée de négocier avec le M23 fait tout
doucement place au rêve de mobiliser et de combattre le fantomatique agresseur
Rwandais, force est de constater que les discours savamment entretenus par les
chantres pro-français de la « Nonalabalkanisation » se sont enracinés
profondément dans l’esprit de la naïve classe politique congolaise, Majorité au
Pouvoir et Opposition confondue.
La palme de l’irrationalité revient sans doute
brillamment à cet Honorable membre de la Majorité Présidentielle, honnêtement
convaincu de défendre les idéaux de Mr. Kabila, qu’on appelle pompeusement «
l’Autorité Morale » du PPRD.
Monsieur François Nzekuye croit ainsi rassurer ses
compatriotes quelque peu désabusés par le trop brusque changement de ton
dans les discours du gouvernement : « le gouvernement ne négocie pas avec
le M23 comme certains le pensent, mais examine plutôt ses revendications … « Il
y a une solution intermédiaire qui demande à ce que le M23 recule jusque vers
leurs positions antérieures avant la prise de Goma. C’est une solution
provisoire parce qu’il faudrait que le M23 quitte le territoire congolais »
Pour le Rwanda sans doute ? La précision n’était pas nécessaire.
L’opposition, elle, estime que les problèmes liés
aux dernières élections présidentielles devraient sans doute être privilégiés
par rapport à la guerre dans le Nord Kivu : Selon Monsieur Jean Claude Vuemba
du MPCR, « C’est depuis trop longtemps que l’opposition congolaise demande des
négociations avec le pouvoir après les élections de novembre 2011. Or jusqu’à
ce jour, on a toujours été saboté. Nous n’avons rien eu en échange. Et voilà
que le M23 après avoir fait la guerre à l’Etat se retrouve sur une même table
avec le gouvernement congolais pour trouver un accord. Nous ne pouvons pas
l’accepter. Faut-il prendre des armes dans ce pays pour être écouté ? Le gouvernement
ne doit pas négocier avec les rebelles qui ont tué des Congolais dans
l’Est de la RDC ».
Même vision du côté de la vaillante Armée
Congolaise. De sa retraite « stratégique » de Minova, le Colonel Amuli déclare
sans rire : « Nous sommes en train de nous reconditionner pour reconquérir les
villes occupes par le M23 et bouter ainsi l’ennemi dehors ».
Dehors, dehors, dehors…
Voici là un refrain qui amène fatalement à l’esprit
de bien des Rwandophones l’idée libérateur d’un coup de ciseaux dans le dessin
d’une carte géographique héritée de la Conférence de Berlin. Ils se retiennent
bien sûr, mais pour combien de temps encore ?
Les Rwandophones ne perdent rien dans le retrait du
M23 de Goma
Apres moult hésitations, le M23 a fini par se plier
devant les réalités de la situation et accepte de se retirer de Goma ce
vendredi 30 novembre 12. Elle conditionnait tout retrait de Goma par autant des
décisions que Kabila ne pouvait se permettre de prendre sans couper les
planches sous ses pieds, et sans pour autant rien résoudre des questions à la
base de la révolte des Rwandophones. L’arrestation de John Numbi ne constitue
pas une priorité pour la cause, et rien ne pourrait assurer au M23 que la
présence de la bruyante diaspora et celle de l’irresponsable opposition congolaise
faciliterait les choses. Il n’y aurait absolument rien à gagner de la
cacophonie des différentes ambitions qui prendraient fatalement le dessus sur
le problème de l’heure.
Le M23 ne perd rien de sa victoire car elle n’est
plus « la Fiction » du Ministre Mende, un Mende condamné, au jour le jour, à
changer de position et de langage comme une girouette.
Le M23 s’est imposé comme Partie Prenante de la
crise et de la solution et Kinshasa,
sait aujourd’hui qu’il ne pourrait continuer de l’ignorer, pendant que les
boucs émissaires Ougandais et Rwandais viennent de démontrer à la Communauté
Internationale, noir sur blancs, qu’ils étaient non les « agresseurs
désignés » mais plutôt les « médiateurs incontournables ».
De deux, Le M23 se retire de Goma comme une «
Rébellion » mais y demeure comme une « Force de Paix » car il est appelé
officiellement à œuvrer aux côtés d’une Force Interafricaine Neutre, de leurs
collègues des Forces Armées Congolaises et de la Monusco pour assurer la
sécurité de l’aéroport de Goma. Une réintégration qui ne veut peut être pas
encore dire son nom…
De trois, la décision des Chefs d’Etats de la
Région n’oblige pas le m23 à déposer les armes en attendant des
négociations que le Gouvernement Congolais ne pourrait se permettre d’officialiser
sans désorienter le public congolais. Après la débâcle diplomatique et
militaire de Kinshasa, l’état d’esprit national s’y prête mal. Les discours
aussi contradictoires qu’irresponsables du Ministre Mende ont fini par
complétement désorienter le Congolais. Les perceptions et avis désordonnés de
la classe politique sur la question du Kivu gênent, considérablement à
l’avance, toute action que devra entreprendre le Président Kabila.
Le M23 se retire a environ 20 km de Goma sur les collines surplombant une ville quasi démilitarisée. Il n’a rien
perdu de sa force de frappe et son arsenal s’est depuis considérablement
enrichi de sa prise de guerre sur la vaillante Armée Congolaise, une armée
actuellement en « vacance stratégique » sur les plages de Minova.
Kabila, mieux que quiconque connait les limites de
ses hommes, et il sait que ni le Rwanda, ni l’Uganda ne pourraient permettre
l’intrusion d’une force étrangère dans la Région. Ensuite, affirmer que « le
M23 doit se retirer car il n’a pas les capacités de rester à Goma », cela est
du Mende pur, donc sans conséquence sur la réalité.
Le M23, se trouve au point de non-retour.
Les compatriotes Congolais devraient comprendre une
fois pour toutes que la balkanisation du Congo ne pourra ou ne pourrait être
que le fruit de leurs propres contradictions. Non ceux de l’étranger.
Ils devraient comprendre que les Rwandophones
n’aspirent qu’à faire partie de la Nation Congolaise plutôt que d’y figurer
comme des citoyens conjoncturels de seconde zone.
S’ils sont poussés continuellement au dehors, ils
finiront bien par s’en aller définitivement, non pas sans leurs terres, et
aucune résolution de l’ONU, aucune sanction ne les feront fléchir.
Le Sud Soudan s’est résolu à devenir indépendant
non pas pour assouvir des aspirations séparatistes mais par nécessité de se
libérer des discriminations nordistes. Face à un rejet continuel, Il n’avait
pas d’autre alternative que le choix entre la passivité et le combat. Il a
choisi le combat et renversé la sacro-sainte notion d’intangibilité des
frontières héritées des colonialistes.
La brèche est restée grande ouverte, béante, et le
Congo risque de s’y précipiter la tête basse. A cet instant de son histoire, le
Congo se trouve à la Croisé des chemins. Après les Présidents Kagame et
Museveni, les Chefs d’Etats de la Région viennent d’offrir aux Congolais leur
dernière chance. Si celle-ci est saisie, ce serait tant mieux.
Dans le cas contraire, le Congolais n’aura d’autre
alternative que celui de devoir se faire à l’idée d’un Nouvel Etat voisin dans
la Région des Grands Lacs et le plus tôt serait peut-être le mieux.
By
By Ange Michel Murangwa. Rwizanet Atlanta.-
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