Wednesday, October 10, 2007

RDC : la jungle où les victimes sont consacrées bourreaux ?

Minembwe 10/10/2007

L’insécurité en cours dans l’Est de la RDC n’augure pas des bons lendemains. Elle présage un risque majeur de se retrouver encore une fois, à la case du départ des péripéties qui ont entraîné les deux guerres ayant impliqué directement plusieurs pays de la région des Grands Lacs Africains, ainsi que des puissances étrangères; continentales et occidentales.
Les médias n’ont cessé de dénoncer cette situation de ni paix ni guerre, après les accords dits de paix signés à Sun City, suivis d’une périlleuse transition ayant débouché à des élections qui ont reconduit à la magistrature suprême le fils du « Mzee », Joseph Kabila Kanambe. Néanmoins, le moins que l’on puisse dire est qu’actuellement la situation a explosé à l’Est de la RDC, la région où ce dernier a été voté à près de 98%. Cette dérive conflictuelle survenue après ces élections fallacieusement qualifiées de démocratiques, avait été alertée par plusieurs observateurs indépendants et par des organisations directement concernées. Comment cela ne pouvait-il pas surgir alors qu’à l’Est de la RDC grouille jusqu’à ce jour, toutes les forces dites « négatives » que la région regorge ?

Notons qu’avant, pendant et après ces élections, les Kivutiens espéraient retrouver une plénitude de paix, ayant investi leur confiance et en votant massivement le fils de L. D. Kabila. Malheureusement, ces aspirations se sont effritées petit à petit comme une peau de chagrin. Car, les institutions constitutionnelles de la RDC issues de ces élections au lieu de s’attaquer aux problèmes fondamentaux des conflits intercommunautaires qui couvent depuis plusieurs décennies à l’Est, débouchant continuellement à la discrimination des Tutsis, elles n’ont fait que les amplifier. Bien que, l’on doive de reconnaître que cette opération discriminatoire ne date pas d’aujourd’hui, faut-il souligner qu’elle a atteint son niveau paroxystique lorsque Kabila le père avait décidé en 1999 de naturaliser les Hutus rwandais en cavale, afin de les remplacer par les Tutsis Congolais.
Cette machination perpétuelle trouve malheureusement écho auprès des extrémistes qui apparemment ont un « patriotisme » outrancier, aveuglant. Les prises de position de la société civile kivutienne que les médias locaux n’hésitent pas de qualifier de « si vile ! » doublées des ultimatums lancés par les autorités politiques nationales, provinciales et même ecclésiastiques prouvent qu’une connivence ourdie en alliance-coalition depuis belle lurette avec les forces génocidaires muées on ne sait pas par quel mécanique en Forces démocratiques (entende les FDLR), entre dans sa phase finale.

On nous avait en effet assuré que la fin des élections pluralistes - malheureusement ethnicisant à dessein - mettrait ainsi fin aux confrontations communautaires, et que de cette manière les Peuples allaient vivre désormais en harmonie. Certains rêvèrent du grand soir, d'autres du paradis terrestre en RDC...
Cependant, les sans voix ne crurent point que les antagonismes idéologiques avec les sans foi ni loi étaient véritablement terminées. Une dictature à fragrance génocidaire reconduite et dorlotée par les tireurs des ficelles françafricains fait râler les esprits épris des droits, des libertés et de survie. Rien, et absolument rien ne peut inspirer confiance étant donné que les thuriféraires frotte-manches de cette françafrique câlinent pompeusement cette idéologie. D’ailleurs, l’on ne tardant pas à découvrir ce qu’on redoutait, car les miss dominici du fils de Mzee s’en targuent poing à la poitrine. Par un reflexe quasi pavlovien, à leurs saveurs les Interahamwes de Kinani sont des augustes face aux Tutsis rwandophones congolais. Certes, les génocides des Tutsis ne semblent pas les émouvoir. En Afrique centrale, occire un Tutsi est une pratique érigée en valeur. Il semble que certains prélats plus satanés que déistes disaient à ceux qui pouvaient les entendre que cela ne constitue pas une transgression de la loi divine. Laconiquement, tuer un Tutsi n’est pas un péché.
Avec entêtement, ces élèves brillants de la Génocidocratie (admette-moi cette expression) ne semblent y voir aucun désagrément. La Communauté Internationale représentée par l’illustre MONUC vante les mérites et appui les initiatives de ces rôtisseurs. Histoire d'encourager à s'interdire de regarder ensemble dans la même direction, en d'autres termes à ne pas s'aimer, c'est-à-dire à se détester, à s’abominer.

Pendant ce temps à Kinshasa, on mijote toutes sortes des recettes en offrant du miel et de l'encens à des anciens seigneurs de guerre, tribalistes hors catégories, devenus on ne sait pas par quelle baguette magique des « démocrates fréquentables ». Au point de convaincre le monde que des énergumènes tels que le tristement célèbre « verminologue » est aussi adorable. Ni plus, ni moins, qu’il n’y a que les Tutsis qui doivent être détestables en RDC, c'est-à-dire qui doivent être interminablement génocider.
Cette machination ne laisse subsiste aucun doute, d’autant plus que le Ministre de la défense de la RDC Chikez, trouve qu’il n’y a que les hommes fidèles au Général Laurent Nkunda au Nord-Kivu et ceux du Colonel Félix Bisogo au Sud-Kivu comme des moutons de panurge qui doivent aller au brassage. Les Maï-Maï et les autres milices dont on ne sait plus identifier qui fulminent à l’Est de la RDC comme des champignons dans un buisson, et surtout les célèbres FDRL adeptes émérites de cette génocidocratie, eux, n’ont aucune leçon à recevoir.
D’ailleurs, leurs maîtres en sont fiers et ne cachent pas du tout leur satisfaction, d’autant plus qu’ils s’engraissent et se la coulent douce en occident au prix de leur sang. Sur un ton arrogant, leur chef de bande Ignace Murwanashaka n’avait-il pas déclaré à la BBC Afrique lors de l’émission « Imvo n’Imvano » du 22/09/2007 qu’ils sont très « combatifs » ? Une façon de dire qu’ils savaient tuer, et, rien que tuer ! Autrement, ils n’auraient pas vidé le camp de Mugunga, se détalant pour essaimer l’Afrique centrale jusqu’au Yémen.

Malheureusement, ces « machines à tuer revêtues de la chair humaine » pour reprendre l’expression de Roméo Dallaire ne constituent pas aucun danger aux yeux du gouvernement congolais et de la MONUC. Pourtant, font partie intégrante de leur lot quotidien ; les massacres, les assassinats, les mutilations, les viols, les pillages et que sait-on encore. Un cocktail de mortification qu’ils se régalent la journée, et, depuis 1994. L’appétit vient en mangeant, dit-on.
Pendant qu’à l’Est les insurgés combattent avec les moyens dont ils disposent le génocide et les génocidaires, à Kinshasa on les adore, à genoux, debout, assis, couché et dans toutes les positions imaginables susceptibles de captiver les dieux du génocide. La politique tire sa source dans la perversion, disait un philosophe. Astigmatisme ou foi exécrable ? Ceci dit, que ce sont les hommes de Nkunda au Nord-Kivu et le « groupe dit des 47 » au Sud-Kivu qui sont à la base de l’insécurité, il faut qu’ils aillent au brassage. C’est l’unique langage que savent parler Kabila et ses ouailles. Le péché originel de ces insurgés ? Désirer protéger leurs congénères d’un génocide en veilleuse, concocté par ce même pouvoir. Voilà ce qui interpelle.

Si au Nord-Kivu, le rude combat que mènent les hommes de Laurent Nkunda est médiatisé pour alerter le monde entier sur l’alliance FDLR-FARDC-PARECO et autres milices, au Sud-Kivu les choses se passent autrement. Silence on tue, à l’instar de la nuit fatidique du 13-14/08/2004 à Gatumba au su et au vu de la MONUC ! Qui ne dit pas mot, consent, dit-on. D’ailleurs, malgré cette médiatisation les griefs figurant dans le cahier de charge du CNDP que les esprits nobles qualifient de légitimes et les appels à la négociation sont balayés d’un revers de la main par les esprits lilliputiens.

Bien que les causes soient les mêmes au Sud comme au Nord Kivu, un détail et non de moindre différencie les deux contextes. Ouhmm ! À chaque peuple son Karamira. Le Caporal Masunzu magiquement catapulté Général de Brigade, rend merveilleusement service à son maître Kabila en massacrant dans sa propre communauté, les Banyamulenges. Drôlement, au moment où dans les Hauts Plateaux de Minembwe les Interahamwes et les FARDC qu’on qualifie communément à l’Est de la RDC des Katanyama (i.e. : anthropophages, cannibales, ogres) utilisent les femmes et les enfants comme des boucliers humains et qu’ils sont entrain de creuser des fosses aux alentours des villages pour un éventuel dernier assaut, les soi-disant « leaders » de ladite communauté se bousculent à courtiser le pouvoir pour se positionner. Le ridicule ne tue pas !

Il y a lieu de se poser milles et une question au regard de ce qui se passe actuellement dans le deux Kivu. Le pouvoir de Kabila est, en premier chef à interpeller s’il peut l’entendre de cette oreille. Comment un gouvernement digne de ce nom puisse ménager l’éradication d’une partie de son peuple, minoritaire soient-elle ? La communauté internationale à travers la MONUC est condamnable sans équivoques. Comment expliquer que, cette mission onusienne sensée protéger les civils prend partie en appuyant logistiquement la coalition FARDC-FDRL-PARECO et autres milices qui ne jurent que sur le sang des Tutsis ? Judicieusement, il urge également que les gouvernements de la région des Grands Lacs africains s’investissent énergiquement afin que le « Never again » soit exprimé en actes et non en paroles. En effet, avec sa perspicacité et son légendaire respect de la parole donnée, le gouvernement rwandais devait honorer son engagement du « plus jamais, ca », qu’il n’admettra qu’un quelconque autre génocide se perpètre sous quelque ciel que ce soit. Présentement, il se commet une épuration ethnique à quelques mètres du Rwanda et toujours sur des Tutsis. Ce qui est un prolongement de celui de 1994. Tout être humain dont les génocides des Tutsis avaient, directement ou indirectement chagriné devait être interpelé, car drôlement, dans une jungle c’est le plus fort qui dicte la loi.
Par Rumenge Alain.
Professeur Chargé de cours au Kigali Health Institute.

P.S:Cet article était publié dans LA NOUVELLE RELEVE

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