Saturday, October 17, 2020

Mutisme du gouvernement RDC face aux attaques des Mai-Mai et les milices étrangères contre les Banyamulenge (1ere partie)


Ce récapitulatif sur 'la suite des évènements qui ont conduit à la tragédie dont les Banyamulenge sont victimes' se rapporte aux atrocités inouïes qui s'abattent sur cette partie de la population congolaise établie dans les hauts-plateaux de Minembwe et les contrées voisines, dans la Province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. 
Les victimes lancent un cri de détresse pour que justice soit faite.

Sans prétendre être exhaustif dans cette initiative personnelle, nous estimons que les quelques éléments contenus dans ce bref exposé pourraient servir de repères pour quiconque voudrait mener des recherches plus fouillées sur la discrimination et les violences dont les Banyamulenges sont victimes au fil des années dans leur pays, la RDC. 
Cet article sera présenté en différentes parties complémentaires dans les numéros consécutifs de ce journal. Aujourd'hui il sera question des milices locales en coalition avec celles étrangères qui déstabilisent toutes les contrées de la Province du Sud-Kivu où sont établis les Banyamulenge.

Depuis quatre ans jour après jour, la communauté Banyamulenge est la seule cible et victime de tueries, viols sauvages de femmes et jeunes filles et d'attaques meurtrières incessantes par d'autres communautés établies aux confins des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, dans les hauts-plateaux de la Province du Sud-Kivu.

Les actes de barbarie et vandalisme ciblant cette communauté dont la plupart sont actuellement confinés dans la commune rurale de Minembwe incluent également les incendies de leurs villages, des razzia de leur cheptel bovin, destruction des champs et pillage de stocks des vivres, destruction des infrastructures économiques et socio-culturelles.

Tous ces actes ignobles visent à déraciner cette communauté de ses terres ancestrales donc de son pays, la RD Congo. Ces instigateurs des troubles se partagent les butins provenant des prébendes engrangées de bétails razziés de Banyamulenge.

Une ribambelle de groupes Mai Mai s'attaquant aux Banyamulenge
Bien que les menaces et attaques contre cette communauté aient commencé depuis les années 1963 par les Mai-Mai, cette milice n'avait jamais développé autant de ramifications qu'elle l'a fait depuis ces deux dernières décennies.

Les récentes attaques contre les Banyamulenge, depuis 2017, sont donc perpétrées par cette constellation de machines à tuer regroupées au sein des milices Mai-Mai, dont Biloze Bishambuke, Hallelua, Ebuela Mtetezi, Yakutumba etTugabashabula issues des communautés voisines de Banyamulenge, en l'occurrence les Babembe, Bafuliru et Banyindu.

Ces groupes de milices locales se sont coalisées avec les milices étrangères burundaises, notamment le RED-Tabara, la FOREBU et le FNL pour les aider dans leur plan machiavélique d'exterminer cette communauté.

Cette coalition a été confirmée dans le rapport du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de L'homme (HCDH-MONUSCO) du 10 Août 2020, sur la situation des droits de l'homme dans les hauts plateaux des territoires de Mwenga, Fizi et Uvira, Province du Sud-Kivu, entre février 2019 et juin 2020 [1].

Attaques de ces milices en complicite avec des tiers
La lecture des événements montre un soutien de ces milices par certains représentants des associations communautaires de leurs ressorts.

Parmi eux nous pouvons citer à titre d'exemple Monsieur YoramEciba et le Dr. Philbert Bilombele dont les extraits de leurs messages haineux contre les Banyamulenge sont repris un peu plus loin dans ce texte, et d' autres dans les parties qui seront publiées dans les numéros prochains de ce journal.

Ils sont également appuyés par les tireurs des ficelles se retrouvant dans la diaspora congolaise ayant à leur tête Messieurs Honoré Ngbanda Ko Atumba, Billy Mlongecha, Emmanuel Rumonge, etc. et certains élus locaux et notables tels Hon. Député Homer Bulakali, Hon. KalibaMulangi Pardonne, le Ministre honoraire Justin Bitakwira, etc.

Arme utilisee : la desinformation
Ce soutien se reflète dans divers discours publics et médias sociaux désinformateurs ou incitant à la haine contre les Banyamulenge.
Tous ces acteurs et incitateurs aux troubles répandent le mensonge selon lequel il n'y aurait jamais eu de Banyamulenge sur le territoire de l'actuelle RDC avant la colonisation. Les mêmes fausses allégations à l'endroit des Tutsi Rwandophones du Nord Kivu ont été dénoncées par Nganguzi, dans son article intitulé « Les causes lointaines et récentes de la problématique de la citoyenneté des rwandophones congolais en République Démocratique du Congo » .

Ces instigateurs de la haine tribalo-ethnique ne s'arrêtent pas là. Ils vont jusqu' à accuser faussement tous les Tutsi rwandophones d' avoir infiltré les plus hautes sphères de l'Etat et de l'armée dans le but de provoquer la dislocation de la RDC (balkanisation) au profit du Rwanda [2] Les motifs avancés pour justifier leur coalition et les attaques contre les Banyamulenge sont les mêmes vieilles et fausses revendications héritées de leurs politiciens pionniers qui réclamaient de les déchoir de leur nationalité congolaise et de les chasser ipso facto de la RDC/Zaïre.

Des leaders d'opinion repandent la haine contre la communaute Banyamulenge 
D'aucuns se feraient l'impression que les communautés voisines de Banyamulenge ont le malheur d'avoir parmi son élite des personnes influentes qui ne puissent dissuader leurs congénères dans leurs plans macabres, mais plutôt les y encouragent et les y engagent davantage. Pour preuve, le 25 Octobre 2019, le président de la mutualité des Babembe à Kinshasa, YoramEciba déclarait sur RFI que « Nous avons des Congolais en France. Il y en a qui y ont acquis la nationalité, ils sont nombreux. Est-ce qu'ils ont jamais demandé une terre en France ? Non, ça n'existe pas. Et le jour où ils vont demander une terre en France, la France va les expulser » [3].

Bien plus, dans leurs discours à l'issue du dialogue intracommunautaire, le 6 Mars 2020, auquel soixante membres de la communauté Babembe ont pris part, les représentants de cette communauté conditionnent la fin des conflits et des attaques contre la communauté Banyamulenge par la suppression de la jeune Commune Rurale de Minembwe habitée conjointement par toutes les communautés qui en bénéficient les services de l'état [4].

Une quasi inaction des autorites provinciales
Très peu d'actions, ont été entreprises par les autorités tant provinciales que nationales pour condamner les discours d'incitation à la haine et à la violence contre la communauté Banyamulenge, mais sans succès. Par contre aucune action judiciaire n'a été ouverte à ce jour contre ceux qui prononcent ces genres de discours. L'assistance des déplacés internes en détresse est quasi inexistante. Pourtant, cette population abandonnée à son triste sort n'a jamais cessé de crier à qui de droit et dénoncer le plan d'extermination dont elle est victime.

Les pertes en vies humaines et les dégâts matériels causés par ces conflits contre les Banyamulenges sont innombrables. Les morts sont estimés à plus de 300 depuis Mars 2017 avec à peu près 600 blessés. Le bilan des dégâts rapporté par Ntanyoma (2020) [5] sont évalués à plus de 265 grands villages complètement incendiés, 420 petits villages décimés, et plusieurs dizaines des milliers de personnes ont fui leurs villages après que ceux-ci soient détruits ou incendiés. Au jour actuel, des sources locales donnent un bilan de plus de 400,000 vaches razziées et coupées aux machettes appartenant aux Banyamulenge.


La destruction des villages n'a pas épargné les champs et des stocks de vivres dans un contexte où l'agriculture et l'élevage sont les principales sources de subsistance de la région. La rage des destructeurs n'a pas épargné les infrastructures sociales comme les écoles, centres de santé, églises, etc. On estime autour de centaines les écoles détruites, de dizaines de centres de santé détruits, et le tissu social autour de la famille, villages et églises est enfin détruit (voir annexe 2).

Ces Banyamulenge vivant sur les hauts-plateaux du Sud-Kivu sont abandonnés à leur triste sort par ceux-là dont ils espéraient trouver la protection, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).Les victimes ont à plusieurs reprises dénoncé la complicité des éléments de ces dites forces déployés dans cette contrée sans succès.

Les élus provinciaux ont refusé d'entendre pendant près de quatre ans les cris de détresse lancés par cette population appelant au secours. Ils ont retenu leurs bouches pour ne pas dénoncer la destruction incendiaire et ciblée de leurs villages, la razzia des centaines des milliers de leurs bétails et les tueries atroces dont certains d'entre eux ont été victimes de la part de ces milices.

Pourquoi ce manque de volonte des pouvoirs publics a securiser la contree ?
Au regard de cette tragédie dont cette communauté est victime, la question que n'importe qui peut se poser est celle de savoir si le gouvernement congolais a été incapable d'arrêter cette vague de violences sans précédent en cours depuis 2017.

La non-assistance des personnes en détresse et le mutisme de la part du gouvernement face aux cris des victimes sont des attitudes qui laissent soupçonner sa part de responsabilité dans toutes ces crimes contre les Banyamulenge. La population abandonnée s'interroge sans réponse sur l'inaction coupable de la MONUSCO pour arrêter les actes des barbaries perpétrés par ces milices qui se sont colisées contre cette communauté.

S'il y a la résistance des civiles Banyamulenge(Twirwaneho)à cette situation de violences, c'est pour répondre à ce sentiment d'injustice partagé par toute cette communauté faute de la protection des vies humaines et des biens de leurs familles devant être garantis par l'armée et le gouvernement. 
Les victimes lancent un cri de détresse pour que justice soit faite.

Publié par 

Dr  Byizigiro Rutazuyaza  


Source:Cet article a été publié dans Igihe.com  



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