Alors que la conférence de paix a` Goma vient de cloturer ayant pour l'une des résolutions le retour des réfugies congolais sans exception, radion okapi anounce que le 1er vice-président du comité organisateur du congrès de l’UDPS, François Belchika a déclaré que: « L’UDPS dénonce et condamne la manière dont la résolution relative au retour de réfugiés a été formulée et exige l’identification exacte et préalable des prétendants candidats au retour, avec le concours du HCR, des autorités provinciales et locales ainsi que des chefs coutumiers des collectivités concernées ».
Faisons une simple analyse de ce que Mr. Belchika veut vraiment dire par: "l’identification exacte et préalable des prétendants candidats au retour". C’est domage que nombreux congolais, inclus les leaders d'opinions et soit disant "politiciens" ne comprennent même pas la réalité de leur pays. Imaginez vous un pays comme le Congo qui fait plus de 10 ans en guerre, dans un imaginable chaos sur tous les plans imaginables que ca soit politique, économique, sécuritaire, meme sociale ect...
Un pays qui n'avait presque aucune infrastructure existante pendant Mobutu, et completement détruit pendant toutes ces guerres au point presque de non reparation. Un pays actuellement en guerre surtout dans l'Est du Pays ou ces refugies sont sensés rétournés.
Un pays sans loi ni ordre, caracterisé par des violations massives des droits humains d'une facon journaliere.
Alors que dans les pays voisins ou ces refugies actuellement resident, la paix, sécurité, l'ordre politique et sociale, l'économie, et le respect de droit de l'homme ne sont que des réalités de chaque jour et pour chaque personne inclue meme ces refugies congolais qui y vivent malgré les défis des camps des refugies. Face a` cette réalité, qui peut vraiment quitté son pays qui jouisse de tous ce que l'on vient d'enumer ci-haut, et venir "s'inflitrer" parmis les pauvres refugies qui rentrent dans ce maudit pays! Soyons francs, ici on sait exactement de qui ce Mr. vice president de l'UDPS comme tant d'autres congolais veut dire. Il veut parler des Tutsis Rwandais ou Burundais qui peuvent selon eux s'infiltrer parmi les refugies Tutsis Congolais afin de venir vivre au Congo! Hahhaa! le ridicule ne tue pas! Combien betes doit-on etre pour tenir ce genre de raisonement? C'est drole combien nombreux congolais gardent une image irréaliste et mythique de leur pays dont ils n'ont ni honte ni soucie d'en faire une poubelle et curieusement continuer a` croire vivre dans un paradis dont le reste du monde envie!
Qui, sauf le criminel, peut quitter son pays en paix, sécurité et prospérité et choisir partir vivre dans un pays chaotic, de misere, dirigé au principle de jungle sans ni loi ni ordre tel que le Congo? Et surtout prendre le risque de s'infiltrer parmi les pauvres refugiés qui n'ont autre choix que de vivre dans leur miserable pays quoiqu'il en soit?
Est ce que les extremistes Congolais peuvent nous expliquer pour quoi est-ce les tutsis rwandais ou Burundais peuvent quitter leur pays ou ils sont extrement confortables, aisés et en plaine sécurités et venir dans un jungle comme le Congo? Que represente le congo a` votre avis messieurs extremistes? n'est-il pas le jungle pourri que nous connaissons tous?
C'est vraiment malheureux de voir des personalités supposés aumoins avoir un jugement plus ou moins raisonable penser comme des non-instruits!
La vérité simple est que ces extremistes anti-tutsi ne font pas allusion aux Hutus ni a` d'autres nationalités dont ils craignent qu'ils pourraient "s'infiltrer" parmi les refugies, car ces derniers ne sont pas non seulement confondus des Tutsis Congolais, mais aussi ne constituent pas aucun probleme pour ces sadiques politiciens et extremistes congolais.
La preuve est qu'aujourd'hui il y a des milliers des Hutus Rwandais et Burundais qui sont au Congo depuis 1994 et qui sont automatiquement acceptés parce qu'ils sont "des freres bantous" bien qu'un grand nombre d'entre eux sont des genocidaires connus de tous.
Bien sur, pour les extremistes congolais avoir tué les Tutsis ne constitue pas un crime, c'est plutot un acte d'heroisme d'ou leurs allegiances aux interahamwes. Faut-il ajouter que la plupart de ces hutus criminels et refugies sont aujourd'hui devenus des "congolais"? qui ne sait pas que dans si peu d'années au Congo, ils commenceront aussi a` traiter les Tutsis congolais pour des etrangers?
Est-ce que cela préocupe Mr l'extremiste tribaliste Congolais? certainement pas! Pour trouver une autre raison de tracasserie de nos refugies, ces extremistes commencent encore a` intoxiquer leur population a` la politique discriminatoire sous-pretexte d'eviter une "infiltration" imaginaire. Voila` une autre recherche au conflit. Le fait est que l'on connait tres toutes leurs manoeuvres politiques et l'on est plus que pret et bien préparé de jouer le jeu du jungle dont vous prenez pour un paradis.
Paradis ou enfer, le congo est notre heritage tous, que vous le vouliez ou pas.
Journal Minembwe
Akim
Bien Venue au Journal Minembwe. Welcome to Minembwe Free Press. Minembwe Free Press est un journal au service de la communauté Banyamulenge en particulier et toute la communauté globale des internautes. Ce Journal en ligne est un espace d'expression, d'information, d'échange d'idées autour des enjeux actuels au sujet de notre peuple et notre territoire de Minembwe. Ce journal se veut interactif. Je vous invite tous a` faire vos contributions. A M. Fondateur et editeur en Chef
Saturday, January 26, 2008
Friday, January 25, 2008
FIN DE LA CONFERENCE, MAIS QUI A PLUS PERDU?
Minembwe
Janvier 26, 2008
Qu'en pensez-vous sur les resultats de la Conference de Goma?
Alors que la presse congolaise parlait à tous vents de « conférence de paix, sécurité et développement au Kivu », d’un "nouveau climat de confiance qui s’instaurerait entre les Kivutiens", une lecture attentive des déclarations ethniques sur les points polémiques ont vite fixé les termes utilisés des mauvaises foi pour certains comme les Babembe et Bafulero, ainsi que les discours pre-conferenciers des certaines autorités comme Kamerhe et MaluMalu par conséquent, on se retrouve encore au commencement des tensions a` la fin d'une conférence supposée regler les conflits kivutiens!
Malheureusement pour Banyamulenge et heureusement pour les extremistes Babembe et Bafulero, la promesse de Kamerhe et Malumalu de s'assurer que le territoire de Minembwe reste vraiment rejeté a` tout prix est tenu: Minembwe ne pas encore reconnu comme territoire, et les Banyamulenges en sorte encore perdant! Mais qui va gagner?
L’annonce du Decembre 2007 par le président Joseph Kabila d’une « Conférence inter-ethnique pour la paix, la sécurité, et le développement au Kivu » et l’arrivée des conferenciers acteurs venus de toutes les communautés et ethnies de deux Kivus posant comme des « émissaires de paix » de notre pauvre region, ont créé l’image d’une initiative de paix qui pourrait changer la situation explosive dans la région des grands lacs. Une énorme couverture médiatique tant national qu'internationale et une profusion de rencontres et dialogues "sinceres et franches" entre les communautés antagonistes, si pas enemies traditionel voulaient accréditer cette perspective aux yeux d’une opinion publique Kivutienne inquiète de la situation catastrophique.
En réalité, la fin de cette fameuse conference de paix semble marquer un processus qui pourrait être le prologue, non pas de la paix mais d’une aggravation des tensions qui affligent la région.
Ce n'est pas qu'on veut etre pessimiste out negativiste, mais plutot réaliste. Conscient de la mauvaise foi du gouvernement actuelle de Kinshasa surtout en matiere de la repatriement des forces génocidaires "FDLR" qui consistue la garde presidentielle, le manque de volonté politique de reconnaitre les doléances avancées par la CNDP en ce qui concerne les droits et libertés des Rwandophones surtout les Tutsi Congolais, l'opposition catégorique de la reconnaissance du territoire de Minembwe, et le retour pacifique des refugies Tutsi congolaus, la realité est qu'on risque d'assister non pas a` un processus de paix, mais un processus d'une autre guerre au Kivu si une fois encore Kabila et son clique des extremistes ne veulent pas appliquer l'accord signé.
Pour caractériser son initiative théorique de paix, Josph Kabila, a utilisé le mot « réconciliation, amnistie et pardon », et les conferenciers ainsi que les autorités congolaises se sont empressées de préciser qu’il s’agit bien d’une « réconciliation et amnistie » qui sera accordée par les seigneurs des guerres depuis 2003 qui sera l'une des conditions de la paix.
Par leurs précisions sémantiques, des conférenciers sans mandat plus large que celui de proposer des solutions et recommendations, mais aussi par la nature des parlémentaires extremistes connus, pendant ce temps, on ne peut pas objectivement s'attendre a` l'éxecution des recommendations par le parlement congolais dominé en grande partie par les extremistes surtout en ce qui concerne les droits et libértes des Tutsis Congolais. Aussi longtemps que les extremistes Kivutiens seront toujours en position de pouvoir au Congo, aussi long temps que le gouvernement congolais est encore sous-pression et controle indirecte des elements genocidaires Hutus, la situation de la paix et sécurité est vraiment déplorable au Congo.
Une dernière question se pose : Pourquoi Kabila se sent-il toujour obligé d'honnorer son contrat avec les Hutus de FDLR s'il a vraiment le controle politique et militaire au Congo? Si et seulement si le gouvernement Kabila a vraiment l’intention d'apporter la paix au Kivu c'est maintenant ou Jamais.
Pour le Journal Minembwe
Akm Mhz
Janvier 26, 2008
Qu'en pensez-vous sur les resultats de la Conference de Goma?
Alors que la presse congolaise parlait à tous vents de « conférence de paix, sécurité et développement au Kivu », d’un "nouveau climat de confiance qui s’instaurerait entre les Kivutiens", une lecture attentive des déclarations ethniques sur les points polémiques ont vite fixé les termes utilisés des mauvaises foi pour certains comme les Babembe et Bafulero, ainsi que les discours pre-conferenciers des certaines autorités comme Kamerhe et MaluMalu par conséquent, on se retrouve encore au commencement des tensions a` la fin d'une conférence supposée regler les conflits kivutiens!
Malheureusement pour Banyamulenge et heureusement pour les extremistes Babembe et Bafulero, la promesse de Kamerhe et Malumalu de s'assurer que le territoire de Minembwe reste vraiment rejeté a` tout prix est tenu: Minembwe ne pas encore reconnu comme territoire, et les Banyamulenges en sorte encore perdant! Mais qui va gagner?
L’annonce du Decembre 2007 par le président Joseph Kabila d’une « Conférence inter-ethnique pour la paix, la sécurité, et le développement au Kivu » et l’arrivée des conferenciers acteurs venus de toutes les communautés et ethnies de deux Kivus posant comme des « émissaires de paix » de notre pauvre region, ont créé l’image d’une initiative de paix qui pourrait changer la situation explosive dans la région des grands lacs. Une énorme couverture médiatique tant national qu'internationale et une profusion de rencontres et dialogues "sinceres et franches" entre les communautés antagonistes, si pas enemies traditionel voulaient accréditer cette perspective aux yeux d’une opinion publique Kivutienne inquiète de la situation catastrophique.
En réalité, la fin de cette fameuse conference de paix semble marquer un processus qui pourrait être le prologue, non pas de la paix mais d’une aggravation des tensions qui affligent la région.
Ce n'est pas qu'on veut etre pessimiste out negativiste, mais plutot réaliste. Conscient de la mauvaise foi du gouvernement actuelle de Kinshasa surtout en matiere de la repatriement des forces génocidaires "FDLR" qui consistue la garde presidentielle, le manque de volonté politique de reconnaitre les doléances avancées par la CNDP en ce qui concerne les droits et libertés des Rwandophones surtout les Tutsi Congolais, l'opposition catégorique de la reconnaissance du territoire de Minembwe, et le retour pacifique des refugies Tutsi congolaus, la realité est qu'on risque d'assister non pas a` un processus de paix, mais un processus d'une autre guerre au Kivu si une fois encore Kabila et son clique des extremistes ne veulent pas appliquer l'accord signé.
Pour caractériser son initiative théorique de paix, Josph Kabila, a utilisé le mot « réconciliation, amnistie et pardon », et les conferenciers ainsi que les autorités congolaises se sont empressées de préciser qu’il s’agit bien d’une « réconciliation et amnistie » qui sera accordée par les seigneurs des guerres depuis 2003 qui sera l'une des conditions de la paix.
Par leurs précisions sémantiques, des conférenciers sans mandat plus large que celui de proposer des solutions et recommendations, mais aussi par la nature des parlémentaires extremistes connus, pendant ce temps, on ne peut pas objectivement s'attendre a` l'éxecution des recommendations par le parlement congolais dominé en grande partie par les extremistes surtout en ce qui concerne les droits et libértes des Tutsis Congolais. Aussi longtemps que les extremistes Kivutiens seront toujours en position de pouvoir au Congo, aussi long temps que le gouvernement congolais est encore sous-pression et controle indirecte des elements genocidaires Hutus, la situation de la paix et sécurité est vraiment déplorable au Congo.
Une dernière question se pose : Pourquoi Kabila se sent-il toujour obligé d'honnorer son contrat avec les Hutus de FDLR s'il a vraiment le controle politique et militaire au Congo? Si et seulement si le gouvernement Kabila a vraiment l’intention d'apporter la paix au Kivu c'est maintenant ou Jamais.
Pour le Journal Minembwe
Akm Mhz
Thursday, January 24, 2008
LES GROUPES ARMES SIGNENT L'ACTE D'ENGAGEMENT DE PAIX AU KIVU, MAIS LE GROUP TUGUMINO N'EST PAS SUR LA LISTE
Deux semaines apres, la conférence de Goma sur la paix, securite et developpement au Kivu semble avoir reussi plus au moins positivement. L'une des reussites theoriques s'agit d'un accord de cessez-le feu par les groupes armés protagonistes surtout au nord Kivu. La question qu'on se pose c'est de savoir si le groupe " Tugumino" généralement connus comme groupe de 47 du colonel Bisogo est compté sous-CNDP, sinon pour quoi ne se trouve-t-il pas sur la liste des signataires?
Le texte ci-dessous consiste a ` un Acte d’engagement des groupes armés au Kivu s’engageant à conclure une paix dans les deux Kivus selon les termes ci-après:
« Nous, CNDP Mouvement politico-militaire, PARECO/N-K, Maï-Maï Kasindien, Maï-Maï Kifuafua, Maï-Maï Vurundo, Maï-Maï Mongol, UJPS (Union des jeunes patriotes sacrifiés), Maï-Maï Rwanzori, et Simba, en présence du Gouvernement et des représentants de la communauté internationale, facilitateurs du présent acte d’engagement, saisissant cette chance historique :
Réitérant notre attachement aux principes proclamés et garantis par la Constitution et les Lois de la République démocratique du Congo ;
Soulignant la nécessité d’un retour rapide et définitif à la paix et à la sécurité pour permettre le développement intégral du Nord-Kivu et du Sud-Kivu,
Décidés à participer à la pacification, à la sécurisation et à la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue de la Province du Nord-Kivu,
Déplorant profondément l’insécurité qui prévaut depuis longtemps dans la Province du Nord-Kivu provoquant des déplacements massifs des populations et d’énormes souffrances parmi les civils ainsi que des violations massives des droits de l’homme,
Proclamant notre engagement à respecter la résolution pertinente de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu,
Résolution relative à la paix et à la fin de la guerre pour le développement durable de la province ainsi que toutes les autres résolutions et recommandations adoptées à Goma par la susdite conférence,
Considérant le caractère urgent de la mise en œuvre de la susdite Résolution et de la Conférence,
Prenons les engagements suivants.
Article I : Du cessez-le-feu:
Arrêt total et immédiat des hostilités sur toute l’étendue de la province du Nord-Kivu, de tous les actes de violence, de tous les mouvements et renforts militaires, ainsi qu’à tout nouveau recrutement. Dès la signature du présent acte d’engagement, ordre formel de cessation des hostilités sera donné à nos troupes respectives par écrit avec copie à la Monuc, SADC et CEEAC. Abstention de poser des actes nuisibles à la paix et à la sécurité, entre autres : toute attaque, tout acte de provocation ou de sabotage, tout propos ou toute déclaration de nature à favoriser la reprise des hostilités, toute tentative d’occupation de nouvelles positions sur le terrain et de mouvement des forces et des équipements militaires d’un endroit à l’autre, l’approvisionnement en armes, munitions et autres matériels militaires, toute action susceptible d’entraver l’évolution du processus d’instauration de la paix et de la sécurité dans le Nord-Kivu.
Article II : Du désengagement des troupes CNDP, PARECO/N-K, Maï-Maï Kasindien, Maï-Maï Kifuafua, Maï-Maï Vurundo, Maï-Maï Mongol, UJPS, Maï-Maï Rwenzori et Simba, de la création des zones démilitarisées pour les FARDC, du brassage, de l’intégration et du PNDDR (Programme national Démobilisation, Désarmement et Réinsertion)Une Commission technique mixte Paix et Sécurité, sous la facilitation de la Communauté internationale, sera légalement instituée par le Gouvernement pour examiner et finaliser les questions ci-après, notamment :
. Ordre formel aux troupes de cesser les hostilités sur tous les terrains militaires,
. Localisation géographique des groupes armés (positions exactes sur une carte),
. Détermination des zones de désengagement et de tampon,
. Demande de déploiement des observateurs de la Monuc pour la sécurisation des civils et de l’opération de redéploiement des troupes des groupes armés,
. Début de mise en œuvre du plan issu du communiqué conjoint de Nairobi sur le désarmement et rapatriement des groupes armés étrangers,
. Définition de l’itinéraire de redéploiement des groupes armés vers les centres de transit (1er mouvement) et vers les centres de brassage ou de démobilisation (2ème mouvement) et, en cas de nécessité, suivi de leur formation et instruction,
. Détermination des modalités de brassage,
. Démarrage de déploiement de la Monuc dans tous les territoires occupés par le CNDP, le PARECO/N-K, les Maï-Maï Kasindien, les Maï-Maï Kifuaka, les Maï-Maï Vurondo, les Maï-Maï Mongol, l’UJPS, les Maï-Maï Rwenzori et le Simba,
. Rétablissement de l’Autorité de l’Etat (Police, Administration et Justice),
. Intégration dans l’armée régulière,
. Démobilisation et réinsertion sociale,
. Respect des activités de DDR débouchant, soit au brassage dans le cadre de l’intégration au sein des FARDC, soit à la démobilisation et à la réinsertion dans le cadre d’un retour définitif à la vie civile, étape essentielle dans le processus de pacification et de sécurisation effective de la province du Nord-Kivu,
. Participation sans réserve du CNDP, du PAREC/N-K, des MaÏ Maï Kasindien, des Maï-Maï Kifuaka, des Maï-Maï Vurondo, ds Maï-Maï Mongol, de l’UPJS, des Maï-Maï Rwenzori et de Simba et conformément à la législation nationale, à la mise en œuvre du plan d’intégration des Forces Armées de la république Démocratique du Congo (FARDC) et au Programme national de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PNDDR),
. Communication dès la signature du présent Acte, conformément au chronogramme mis en place par la Commission ad hoc avec l’assistance de la Communauté internationale des listes des effectifs et des armes, ainsi que leurs emplacements
.Pour ce faire, il sera institué au sein de cette Commission, deux sous-commissions suivantes :
a) Sous-commission Militaire Mixte chargée de : désengagement, brassage, démobilisation, réinsertion sociale,
b) Sous-commission Humanitaire et sociale chargée de : questions des déplacés internes, questions des réfugiés.
Article III : Des principes humanitaires et du respect des droits de l’homme.
Observation stricte des règles du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment :
. Arrêt des actes de violence, d’exaction, de discrimination et d’exclusion sous toutes formes à l’égard des populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants, les personnes âgées et les personnes avec handicaps ;. Libération des personnes détenues ou prises en otage pour délit d’opinion ou d’appartenance aux organisations insurrectionnelles ;
. Remise à leurs propriétaires, personnes physiques ou morales de leurs biens ;
. Le retour des réfugiés au pays sous la supervision de la tripartite HCR-Gouvernement de la RDC et Gouvernement du pays d’asile (Burundi, Ouganda, Rwanda, Tanzanie) selon un calendrier adopté par la commission technique Humanitaire et Sociale ;
. La mise en place d’une commission chargée de superviser le retour des déplacés internes et leur réinstallation dans leurs milieux d’origine avec la collaboration des Nations-Unies et des autres organisations à caractère humanitaire ;
. Création des conditions favorables à la fourniture de l’aide humanitaire et de l’aide d’urgence aux populations civiles ;
. Interdiction de tout recrutement et promotion particulière des droits des enfants en zones de conflits (ou post-conflits ) ;
. Libre circulation des biens et des personnes ainsi que la suppression des barrières routières irrégulières.
Article IV : Mesures de garanties politiques et judiciaires
Le Gouvernement de la RDC, prenant acte de cet engagement et à la demande du CNDP mouvement politico-militaire, du PARECO/N-K, des Maï-Maï Kasindien, des Maï-Maï Kifuaka, des Maï-Maï Vurondo, des Maï-Maï Mongol, de l’UJPS, des Maï-Maï Rwenzori et du Simba, s’engage conformément à la recommandation pertinente de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu :
à présenter au Parlement un Projet de Loi d’amnistie pour faits de guerre et insurrectionnels couvrant la période de juin 2003 à la date de la promulgation de la Loi, en ce non compris les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide, à instituer une Commission technique par Ordonnance du Président de la République pour notamment finaliser le plan de désengagement, les questions des grades, d’intégration et d’encadrement des démobilisés, à décréter et à respecter le cessez-le-feu tel qu’il est stipulé à l’article I,
à créer une zone démilitarisée pour permettre notamment le déploiement des observateurs de la Monuc et la sécurisation du retour des déplacés, à s’abstenir de tout appui ou tout soutien militaire et logistique aux groupes armés nationaux et étrangers ou d’en requérir un appui quelconque à l’armée régulière les signataires du présent acte d’engagement affirment que les facilitateurs internationaux sont à la fois observateurs et garants de sa bonne fin, notamment à travers la Commission technique prévue à l’article 2.
Fait à Goma en autant d’exemplaires que des parties, le 23 janvier 2008.
Pour le Gouvernement : le Ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, Décentralisation et Sécurité- Pour la Conférence : 1) le Président de la Conférence, 2) le Président du Comité des sages, 3) le Coordonnateur Adjoint du Panel des Modérateurs, 4) Délégation du Nord-Kivu : le Gouverneur, 5) Délégation du Sud-Kivu : le Gouverneur a.i.
- Pour les Groupes armés : 1) Le Congrès National pour la défense du peuple (CNDP), 2) Les PARECO/N-K, 3) Les Maï-Maï Kasindien, 4) Les Maï-Maï Kifuaka, 5) les Maï-Maï Vurondo, 6) Les Maï-Maï Mongol, 7) L’UJPS, 8) Les Maï-Maï Rwenzori, 9) le Somba.
- Pour les Facilitateurs internationaux : 1) Pour la Monuc, 2) Pour l’Union Européenne, 3) Pour les Etats-Unis d’Amérique, 4) Pour l’Union Africaine, 5) Pour la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.- Pour les Témoins nationaux : 1) Pour la Société civile, 2) Pour les Confessions religieuses, 3) Pour le Secteur privé, 4) Pour les Chefs coutumiers.
LA PAROLE DE LA COMMUNAUTE BANYAMULNEGE A LA CONFERENCE DE GOMA,
DECLARATION DE LA COMMUNAUTE BANYAMULENGE A LA CONFERENCE SUR LA PAIX, LA SECURITE ET LE DEVELOPPEMENT AU NORD ET AU SUD KIVU.
Monsieur l’Abbé, Président du Bureau de la Conférence,
Honorable Président de l‘Assemblée nationale,
Porte parole de la Conférence,Excellence,
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Président de la séance,
Honorables Députés et Sénateurs,
Excellence Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,
Messieurs les Gouverneurs de Province,
Honorables députés provinciaux,
Messieurs les membres des Exécutifs provinciaux,
Mesdames et Messieurs les représentants du Corps Diplomatique et des Organisations Internationales,Distingués conférenciers,
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi avant toute chose, Monsieur le Président, de m’acquitter d’un agréable devoir au nom de la Communauté Banyamulenge, de souhaiter à tous et en particulier aux communautés Bembe, et Fulero, qui en ont bien besoin, les vœux de paix, de bonheur, de concorde et de prospérité, pour cette année 2008 qui commence sous de bons présages avec la tenue de cette conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Notre déclaration va s’articuler au tour de 5 points :
Après une brève introduction, nous aborderons successivement les points ci après :
1) La problématique de la paix. Nous évoquerons la discrimination, l’exclusion et la haine ethnique ;
2) La problématique de la sécurité. Nous évoquerons l’insécurité, les guerres et les massacres ;
3) La problématique humanitaire. Nous parlerons des réfugiés et des déplacés banyamulenge ;
4) La problématique du développement. Il sera évoqué la question du Territoire de Minembwe ;
5) Conclusion et propositions.Nous voici au rendez-vous de la paix tant attendue par le peuple congolais tout entier et par les populations du Kivu, en particulier.
C’est dans ce contexte que la Communauté Banyamulenge salue et soutient l’heureuse initiative prise par le Chef de l’Etat de faire la paix, la véritable paix, avec tous.
I. DE LA DISCRIMINATION, EXCLUSION ET HAINE ETHNIQUE.
Les discours incendiaires et extrémistes de la part des communautés Bembe et Fulero illustrent à suffisance la problématique de la discrimination, exclusion et haine ethnique. Les propos de ces deux communautés majoritaires démontrent l’acharnement de ces dernières par rapport aux tribus minoritaires ( Buyu, Bwari, Nyamulenge, Rundi, Nyindu. . . )
Sans entrer dans la polémique des dates historiques, il convient néanmoins, de noter ce qui suit au sujet des propos vexatoires et mensongers tenus par les communautés Bembe et Fulero :
1) La Communauté Banyamulenge rejette catégoriquement toutes les dates, du reste, contradictoires avancées par les communautés citées ci-haut ;
2) Les auteurs qui ont été cités et les dates qu’on leur attribue ne Correspondent pas. A titre d’exemple, Weiss qui a publié un livre en 1951, intitulé « le pays d’Uvira » situe l’ arrivée de Banyamulenge en 1881, bien avant 1885.Alexis Kagame, Jacques Macquet et d’autres, eux vont plus loin et fixent cette arrivée au 16e siècle.Tous ces livres publiés, dans une période non suspecte, existent encore au musée de Tervuren et nous y avons été personnellement pour les lire.
Nous mettons donc au défis quiconque d’en apporter la preuve contraire.Nous demandons à la conférence de verser les documents ci haut cités comme documents de travail de la conférenceQuel effet ça vous ferait d’entendre de tels discours depuis plus d’un siècle ?La communauté Banyamulenge a été discriminée et par les pouvoirs et par les communautés voisines.Elle a été discriminée dans sa citoyenneté.
Nous tenons à dire haut et fort que la question de notre nationalité n’est pas une question de faveur mais une question de droit.Alors qu’elle est établie sur le sol congolais depuis plus de deux siècles ; la nationalité congolaise lui a été déniée et pendant plusieurs décennies, cette question a fait couler d’encre, de salive et même de sang. Et même après que les lois et la constitution de la République aient réglé définitivement le problème de la nationalité, il s’observe sur le terrain une résistance au niveau des communautés et même des services publics.En effet, les Banyamulenge sont le seul peuple que le pouvoir a délibérément décidé d’expulser de son pays. En 1996, le Parlement de la République du Zaïre avait décrété qu’il n’existe pas des tutsis congolais. Deux ultimatums furent donnés, le premier devant expirer fin septembre et le deuxième, le 30 décembre 1996 afin que ce peuple quitte le territoire congolais, zaïrois à l’époque.
Pendant cette même période, le 7 octobre 1996, le Vice Gouverneur du Sud-Kivu, Mr Lwabanji donna un ultimatum de 6 jours pour que tous les Banyamulenge aient quitté les Hauts Plateaux avec leurs vaches sans quoi, ces plateaux seraient brûlés.Déjà avant, avec l’avènement des réfugiés burundais et rwandais en RDC, respectivement en 1993 et 1994, nos frères et sœurs des autres communautés ont pris faits et causes de ces nouveaux venus contre les Banyamulenge qui étaient diabolisés, menacés, tués, malmenés par ces refugiés sous l’œil complice de l’armée et des services de sécurité.Combien n’a-t-on pas vu les cartes d’identité arrachées aux Banyamulenge, confiées à ces refugiés burundais et rwandais en disant « eux sont nos frères bantous »Depuis lors, la discrimination a poussé jusqu’à la haine, la globalisation, la diabolisation et même la criminalisation de la communauté. La faute commise par un membre de la communauté Banyamulenge civil ou militaire, est imputée à toute la communauté sans distinction.Tout le monde peut se rappeler des slogans comme « Ba tutsi kabila mubaya », Opération RRR « Opération de rendre les rwandais au Rwanda », « Bukavu et Uvira villes propres » c’est -à- dire villes débarrassées des Banyamulenge.Pour démontrer cette discrimination et intolérance s’il en est encore besoin, nous pouvons affirmer qu’il est difficile pour les Banyamulenge de louer une maison à Bukavu même pour ceux qui en ont les moyens.
Ceux qui passent par les commissionnaires, on leur rend l’argent aussitôt qu’on découvre leurs fasciès.Ces pratiques discriminatoires s’observent aussi dans les marchés et même dans l’armée et d’autres services publics.En effet, à cause du fasciès, des militaires tutsi en général et Banyamulenge en particulier ont été exécutés par leurs compagnons d’armes toutes les fois qu’il y a eu un événement qui concerne tous les congolais.En Octobre 1996, lorsqu’ éclate la guerre de l’AFDL, des étudiants Banyamulenge à l’ISP Bukavu et ceux des autres institutions universitaires ont été sauvagement tués. Dans les mêmes circonstances de temps et des lieux, des militaires Banyamulenge ont été exécutés à Bukavu (Bagira), Kinshasa, Kisangani, Kindu etc...En 1998, plus d’une centaine d’officiers tutsi(120) admis à l’Ecole des cadets ( des officiers) ont été enfermés dans une pièce pleine d’explosifs qu’on a fait sauter et tous ces officiers sont morts déchiquetés.
Toujours en 1998, juste à l’annonce du début de la guerre, 70 personnes Banyamulenge, civiles et militaires, ont été exécutées et enterrées dans des fosses communes à Kalémie, après que la résistance des populations de Vyura ait déjoué un Génocide programmé par le pouvoir d’alors.A Makobola où sont enterrés nos compatriotes victimes des événements malheureux et regrettables, un monument y a été érigé en leur mémoire, alors que sur la même route, à Lusenda et Baraka, plus de 600 banyamulenge y ont été tués en un seul jour.
Non seulement, il n’y a pas eu de monument mais aussi, dernièrement, sur ordre d’une personnalité politique du coin, membre du dernier Gouvernement, les ossements de ces regrettés membres de la Communauté Banyamulenge ont été exhumés pour être jetés dans le lac Tanganyika. Ce serait notamment pour effacer les traces des crimes au cas où une enquête était ordonnée.Au cours de la guerre actuelle à Minembwe, des officiers et soldats qui ont été tués ont été enterrés dans une fosse commune au vu et au su de leurs parents qui réclament jusqu’aujourd’hui ne fus ce qu’un sépulcre digne.
Nous assistons au quotidien aux arrestations sélectives liées au fasciès. Aujourd’hui, tout Munyamulenge qui passe sur la route est taxé injustement d’être un allié des colonels Bisogo et Makanika ou du Général Laurent Nkunda.Cela suffit pour passer des semaines en prison, payer des fortes amendes sans aucune autre forme de procès. Qui peut imaginer qu’il est tenu à Kavimvira, à Kamanyola, deux registres à la frontière dont l’un est intitulé mouvement des populations et l’autre mouvement des populations rwandophones !Qui pouvait croire que les services DGM peuvent vendre les laissez-passer à 5 dollars à tous les autres citoyens et 10 dollars pour les seuls Banyamulenge ? C’est pourtant vrai, authentique et les preuves sont légions.
D’ailleurs, un seul laissez-passer individuel est délivré à plusieurs personnes à la fois, alors que toutes ont payé chacune 10 dollars.Ces pratiques tant décriées à Kavimvira et Kamanyola viennent d’être appliquées à Bukavu.
En effet, depuis Mercredi 09 /01/2008 l’ordre a été donné pour que tous les Banyamulenge soient soumis à un contrôle sélectif. Seuls les passagers de cette Communauté, doivent descendre du Bus pour un enregistrement et fouille à la Police, où ils doivent décliner leur identité, le lieu de provenance et celui de destination avant de passer à l’ANR et puis à la DGM pour les mêmes opérations. Tous les passagers des autres communautés passent à la seule présentation du manifeste dressé au lieu d’embarquement. Les agents interrogés à ce sujet, disent qu’ils ont reçu l’ordre de répertorier les mouvements de tous les Banyamulenge dans tous les sens.
Quelques semaines avant, l’Administrateur du territoire d’Uvira avait déjà, dans une réunion de sécurité, interdit aux agences de transporter les Banyamulenge. Quel degré de discrimination !Tout ceci s’ajoute au fait qu’il existe des quartiers dans la ville de Bukavu et d’Uvira qu’un Munyamulenge ne peut fréquenter, d’une part. La discrimination en matière d’accès au logement et services a touché même les organisations internationales, d’autre part.
Ces dernières ne peuvent ni recruter les Banyamulenge, ni prendre en location leurs maisons, de peur de représailles. Tel est également le cas des tutsis congolais du Nord-Kivu. A titre d’exemple, la Monuc utilise plus ou moins 20.000 employés locaux. Parmi eux, aucun Munyamulenge.
La même attitude est observée auprès des ONG nationales et locales.Pourtant les ONG initiées et animées par les Banyamulenge, recrutent et mènent des actions de développement dans les localités habitées exclusivement par les autres communautés. C’est le cas de l’UGEAFI, ADEPAE, GASAP, EBEN EZER etc.… Même alors, elles sont toujours interpellées, soupçonnées et traquées.
L’intoxication et la diabolisation de notre communauté a atteint même les hommes de Dieu qui, ne pouvant pas supporter la présence d’un Munyamulenge dans leur confrérie, ont monté une conspiration qui a abouti à chasser le seul Evêque Munyamulenge de son Diocèse, nous avons cité, Mgr GAPANGWA Jérôme, aujourd’hui en exil à l’étranger.Il convient de rappeler que les Banyamulenge n’avaient pas eu accès à la fonction publique.
Ceux qui avaient été engagés, ont été systématiquement chassés sous prétexte d’avoir été engagé sous le RCD. Pourtant ceux des autres communautés engagés dans les mêmes circonstances, ont été maintenus, confirmés et mécanisés. Les listes y relatives existent et peuvent être présentées. Quelle politique de deux poids, deux mesures !
La Communauté Banyamulenge a été discriminée aussi sur le plan du développement. Une contrée habitée par des centaines de milliers d’âmes et qui regorge des richesses immenses n’a jamais fait l’objet de l’attention du pouvoir public : Aucune école, ni primaire ni secondaire, n’y a été construite ; aucun Hôpital ou Centre de santé, aucune route, aucune infrastructure. Donc aucune activité de développement n’a été ni entreprise ni envisagée.Plus grave encore, le programme quinquennal du Gouvernement Provincial du Sud-Kivu ne reprend nulle part Minembwe sur une longue liste d’actions à réaliser dans les différents villages et localités de la Province.Ce traitement discriminatoire, d’exclusion doublée de haine ethnique a eu pour conséquence la déshumanisation de tout un peuple surtout après plusieurs années de guerre.
II. DE l’INSECURITE, DES GUERRES, ET DES MASSACRES
Depuis la rébellion muleliste des années 1964, la Communauté Banyamulenge a été la cible de tous les groupes armés, mais aussi des Communautés voisines du seul fait qu’elle avait choisi de rester loyale au Gouvernement d’alors. Des dégâts énormes furent enregistrés. C’est le cas des villages entiers qui ont été rasés dont Lulenge, Katongo, Kirumba, Ngandja etc...Un peu avant et pendant la guerre de l’AFDL, la Communauté Banyamulenge a encore une fois était victime de l’injustice et de la haine ethnique, et a vu plusieurs de ses membres massacrés par milliers à Bibokoboko, Lweba , Kamanyola, Ngandja, Baraka, Bwegera, Milimba, Kisengeti, Uvira, Shabunda et j’en passe.Après le déclenchement de la guerre du RCD, considérée à tort comme l’œuvre de seuls tutsi congolais, des milliers des tutsi dont les Banyamulenge, civils et militaires, ont été massacrés, décapités, brûlés vifs partout à travers les grandes villes, cités et à l’intérieur du pays. Ils étaient devenus, du coup, des vermines à éradiquer alors qu’ils n’avaient rien à voir avec cette guerre.
C’est dans ce même cadre que, dans un message radiodiffusé à la population du Sud-Kivu, le Gouverneur de Région de l’époque avait soutenu en date du 20/09/1996 à la RTNC/Bukavu, la position de la jeunesse en appelant tous ses administrés à dénicher par tous les moyens cette ’’ race de vipères’’ ,que sont les Tutsi ( voir Rapport de Héritiers de Justice sur la situation des droits de l’Homme au Zaïre, cas du Sud-Kivu, 1996 , page 31) .
Ces appels aux massacres des responsables politiques constituant un crime d’Etat sont restés impunis.
Mais cela jusque quand ? Ces appels continuent à être relayés par les médias de la haine recrutés parmi certains organes de presse, même officiels malheureusement, comme la RTNC.En 2004, quand la guerre éclate à Bukavu entre le Général Mbudja Mabe et son adjoint, le colonel Mutebutsi, des civils Banyamulenge, femmes, enfants et étudiants ont été sélectivement massacrés sans oublier de nombreux militaires loyalistes, assassinés à Shabunda et à Walungu et dont les bourreaux jouissent de toutes libertés.
Même ceux des autres communautés qui ont essayé de sauver quelques uns de ces Banyamulenge ont été arrêtés et poursuivis. Nous saluons sincèrement le courage de ces compatriotes qui ont pris le risque de sauver des innocents.Aujourd’hui encore, la guerre sévit et se pérennise dans les Hauts Plateaux de Minembwe. Cette guerre imposée à la Communauté Banyamulenge a déjà causé de grandes pertes en vies humaines ainsi que d’innombrables dégâts matériels.
Les tueries, les viols, les vols et autres violations des droits humains ne se comptent plus. Bref, les deuils font désormais partie du quotidien des Banyamulenge.
Comme si cela ne suffisait pas, Minembwe a été transformé en Quartier Général des brigades entières des FARDC qui ne sont pas prises en charge, qui vivent dans les maisons des paysans et sur le dos de ces derniers. Ils commettent des violations des droits de l’homme, violences sexuelles et assassinats.
ce long registre de malheurs, il convient de mentionner la présence des groupes armés étrangers essentiellement les ex-FAR, les Interahamwe et les Burundais FNL/PALPEHUTU.Beaucoup d’autres groupes armés congolais, existent et sèment la désolation, la mort et commettent des pillages .Ce qui étonne plus, c’est que cet état de choses ne préoccupe personne. N’a-t-on pas vu le Gouvernement recruter parmi ces groupes non brassés, ni intégrés des troupes pour combattre les autres groupes armés aussi non brassés ? Les attaques et les combats entre ces différents groupes armés ont poussé des milliers de Banyamulenge en exil au Burundi, au Rwanda et en Ouganda.Il ya pourtant moyen de mettre fin à la guerre par un dialogue franc.
III. DES REFUGIES ET DES DEPLACES BANYAMULENGE
Les actes discriminatoires, les guerres, et les conflits qui ont secoué les deux Provinces ont eu pour conséquence le déplacement et l’exil des milliers des fils et filles de cette communauté.Les uns sont des déplacés et d’autres des refugiés dans les camps de Kibuye, de Byumba au Rwanda, ceux de Mwaro, Gasorwe, Musasa au Burundi et d’autres encore en Uganda.Des refugiés, dans les trois pays voisins cités ci-haut et ceux dispersés à travers le monde, ont été contraints à l’exil. Contre toute attente, le Gouvernement congolais ne s’est jamais préoccupé de leur sort.Ceux qui avaient trouvé refuge à Gatumba, en République du Burundi, ont été poursuivis, lâchement et sélectivement massacrés par un commando venu de la RDC, en complicité avec les FNL. 166 d’entre-deux sont morts brûlés vifs, ou tombés sous le coup des balles des assaillants, en terre étrangère. Compte tenu de la manière dont l’opération était organisée et menée, les victimes sélectionnées selon les origines, serait-il exagéré de qualifier ces crimes ignobles de génocide ? Non. C’en est un.
L’Etat congolais n’a rien dit, il n’a rien fait comme si cela ne le concernait en rien. Aucun deuil national, aucune enquête, aucune responsabilité n’est établie. Les orphelins et les veuves ont été abandonnés à leur triste sort.Ceux des rescapés qui ont décidé de rentrer au pays sans condition ni préalable, se sont vu barrer la route et ont passé plus ou moins 7 jours dans la zone neutre entre le Burundi et la République Démocratique du Congo, parce que les communautés voisines qui devraient les accueillir, manifestaient, brûlaient les pneus sur les routes et avec la complicité des certains services publics, s’opposaient à leur retour.Certains d’entre eux ayant résisté et accepté tous les risques en bravant humiliation et agression et ont pu traverser vers Uvira, alors que d’autres ont rebroussé chemin devant autant d’hostilité.Pour leur part, ceux rentrés à Bukavu, à part l’hostilité affichée par une frange de population manipulée sur base des rumeurs et intoxication, ont trouvé leurs maisons détruites et n’ont jamais été réhabilités dans leurs droits (propriétés et services).
Ils ne savent pas louer des maisons pour les mêmes motifs évoqués.Cette question des refugiés Banyamulenge, en particulier, et tutsi, en général, a été gérée et continue à l’être de manière très décevante par les acteurs concernés.En effet, la RDC a signé les accords tripartites avec les pays voisins qui ont accueilli les refugiés congolais, excepté le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda, pays ayant accueilli l’essentiel des refugiés Tutsi.Tous ces déplacés et refugiés vivent dans des conditions indescriptibles et attendent désespérément la fin des hostilités entretenues contre eux à Uvira et à Bukavu, afin qu’ils retournent chez eux, vivre paisiblement sur la terre de leurs ancêtres.
IV LA QUESTION DU TERRITOIRE DE MINEMBWE
Le territoire de Minembwe a été créé en 1999 et confirmé en 2002 par décision du RCD, mouvement politico-militaire qui administrait alors cette partie du pays. Selon l’Accord global et inclusif, tels actes devaient être validés par les Institutions de la Transition. Ce qui fut fait pour bon nombre d’entre eux. Pour l’entité Minembwe et d’autres tels que Bunyakiri, Kasha et Buzi-Bulenga, des promesses fermes de leur reconnaissance furent données par le Chef de l’Etat. Malheureusement, cette promesse n’a pas été tenue. Et, les populations concernées attendent leur reconnaissance jusqu’à ce jour.S’agissant des critères de viabilité d’une entité entant que territoire, il faut faire remarquer que Minembwe les remplit, contrairement aux propos y relatifs, sans fondement.
Le rapport d’enquête du Ministère de l’Intérieur effectué quant à ce, le démontre à suffisance.Les éléments suivants peuvent renseigner s’il en est encore besoin :
1. Le territoire de Minembwe est habité par des centaines de milliers de personnes. Bien qu’enclavée, cette entité a pu enrôler plus de 49.000 personnes pour les élections. La réalité de terrain est assez éloquente et peut éclairer qui veut savoir.
2. Ce territoire regorge des richesses économiques importantes (agriculture, élevage, minerais, faune et flore, etc)
3. Cette entité est éloignée des autres chefs-lieux des territoires. De l’endroit le plus proche du Territoire de Minembwe à Uvira, il y a une distance de 50 Kms. Vers Fizi, le parcours est de 100Kms, et vers Mwenga la distance est de 150Kms. Cet aspect démontre la nécessité de reconnaitre, par décision de l’autorité compétente, ce territoire. Par ailleurs, ceci rencontre la politique actuelle de la RDC visant le rapprochement de l’administration à l’administré. Le cas de 25 provinces en phase d’installation en dit long.
4. La grande majorité de la population de ce Territoire le réclame. Ceux qui s’y opposent s’inscrivent purement et simplement dans la logique des extrémistes qui luttent contre la promotion politique des Banyamulenge, même s’il faut sacrifier le bon sens.
5. A coté de ces critères, certaines personnes s’opposent à la reconnaissance du territoire de Minembwe sous prétexte que celui-ci a amputé certains des espaces des territoires voisins de Fizi, Mwenga et Uvira et que les Banyamulenge contrairement aux autres communautés du Sud-Kivu, n’ont jamais disposé des entités coutumières qui leur sont propres.Ces détracteurs ignorent que le territoire d’Idjwi, créé en 1973 est né de l’espace géographique appartenant antérieurement au Territoire de Kalehe, celui de Mwenga est né de l’espace de Shabunda, Fizi est né de l’espace d’Uvira.L’ancien Kivu a donné naissance à 3 provinces séparées, etc... Un pareil argument n’a donc aucun fondement soutenable.
Mais bien plus, ils passent outre certaines réalités historiques ayant caractérisé l’évolution de nos communautés tout au long des siècles. A ce sujet, il est en effet prouvé que les Banyamulenge ont disposé des entités administratives et coutumières propres accordées par décrets du 06 octobre 1891, du 03 juin 1906 et du 02 mai 1910.C’est par décret du 05 décembre 1933 que fut supprimée cette autonomie du groupe Tutsi au motif qu’ ‘il fallait supprimer ce que le Colonisateur qualifiait de petites chefferies. Cette suppression était contenue dans la circulaire du 08 novembre 1920 du Ministre L. Franck. Cf. C. André, P. Dupont et compagnie, in Les Conflits au Kivu : Antécédents et enjeux, Anvers, décembre 1996, p.15, sous la direction de F. REYNTJENS et S. MARYSSE.Il est opportun de corriger cette injustice commise par le Colonisateur, par une décision qui supprimait les droits acquis d’il ya 117 ans.
Le refus du territoire de Minembwe consacrerait l’effacement total de la Communauté dans la participation à la gestion de la chose publique. Pourtant, c’est une obligation pour l’Etat de concevoir les mécanismes de protection et représentation des minorités telle que prévues par la Constitution.La réalité est qu’aujourd’hui aucun Munyamulenge n’est élu en province du Sud-Kivu, tant pour le niveau national que provincial. Ne nous voilons pas la face.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS.
De tout ce qui précède, la communauté Banyamulenge considère qu’il n’y a pas de fatalité malgré toutes les discriminations et exclusions dont elle a souffert, l’insécurité, la déstabilisation dont elle a été victime.Elle affirme être partenaire pour la paix et ne demande que le droit de vivre, droit à l’existence, la sécurité, avec les mêmes droits, le même traitement que les autres.Elle formule les suggestions suivantes :1). Elle demande au Gouvernement et à tous les autres acteurs, notamment : les Leaders d’opinion, les Eglises, la Société civile et les Communautés de ne ménager aucun effort pour la paix et la culture de la paix :
Se lever tous contre la discrimination, l’exclusion, la haine ethnique et l’extrémisme d’où qu’ils viennent.
Mettre fin à toutes les tracasseries et humiliations dont les Banyamulenge sont victimes de la part des services de l’Etat.
Organiser une campagne de désintoxication de la population en vue de la réconciliation sincère.
2). La communauté Banyamulenge propose au Gouvernement de mettre fin à la guerre pour régler les problèmes des groupes armés congolais par voie de dialogue.
3). Mettre en place des mécanismes pour le désarmement rapide et rapatriement des forces négatives étrangères. Elle demande de veiller à la prise en charge et à l’encadrement des militaires déployés à Minembwe.
4). Au sujet de la question des refugiés, entreprendre le processus de leur rapatriement, en signant les accords tripartites et en organisant les conditions matérielles et sécuritaires d’accueil
5). En ce qui concerne les compatriotes victimes du génocide de Gatumba, rapatrier les restes de leurs corps pour être inhumés, en toute dignité, dans leur pays et ordonner une enquête sérieuse pour établir les responsabilités et punir les coupables.
6). Reconnaître le Territoire de Minembwe, pour des raisons aussi bien de représentativité politique, de rapprochement des services publics à la population et du développement des Hauts Plateaux.
7). Initier des projets intégrateurs qui réuniraient les communautés du Sud-Kivu au tour d’intérêts communs.
8). Créer des structures de concertation permanentes interethniques pour aider à harmoniser les différends.
9). Sécuriser les militaires tutsis en bannissant la discrimination dont ils font objet.
10). Dans le cadre de la paix et de la réconciliation, amnistier les officiers et soldats traités de criminels sans avoir été entendus et poursuivis par une justice sélective.
Fait à Goma, le 12 /01/2008
Pour la Communauté Banyamulenge :
1) Muhamiriza Zachée
2) Benjamin Serukiza
3) Eraston Sabani
4) Byabagabo Nkubana
5) Dugu Wa Mulenge
6) MUGAZA Théodore
Monday, January 14, 2008
Conference de Goma:FORCES REPUBLICAINES FEDERALISTES
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
FORCES REPUBLICAINES FEDERALISTES
- FRF -
DISCOURS PRONONCE A L’OCCASION DE LA CONFERENCE DE PAIX, DE SECURITE ET DU DEVELOPPEMENT DU NORD ET SUD-KIVU,
TENUE A GOMA DU 06 AU 21 JANVIER 2008
- Excellence Monsieur l’Abbé et Président de la conférence,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Panel des Modérateurs,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Membres de la Facilitation Externe,
- Distinguées Délégations,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
C’est avec un grand honneur pour nous de nous exprimer devant cette auguste assemblée à l’occasion de cette conférence de paix, de sécurité et du développement. La conférence qui se tient aujourd’hui a été l’objet de nos revendications et cela pendant plusieurs années. Cet idéal est devenu une réalité qui, espérons-nous, sera à la hauteur des pistes des solutions définitives au conflit ethnique des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Notre lutte a commencé en 1998. Elle a pour objet de rapprocher les communautés du Kivu d’une part et de demander au gouvernement central de fédérer le Congo pour « inciter les initiatives locales au développement » de l’autre part. Notre organisation a toujours demandé à tous de jouer la carte nationale, c’est à dire de s’ouvrir pour réunir toutes les communautés et toutes les provinces autour des objectifs rassembleurs. La réconciliation, le développement et la politique d’intégration sous-régionale retiennent inlassablement notre attention. Pendant la période citée plus haut, l’Est de la RDC était en guerre et la seule piste à explorer était la réconciliation pour aider les communautés à communiquer et à garder des contacts permanents.
De 1999 à 2002, nous avons procédé aux diverses discussions et échanges avec les chefs Mai-Mai dont notamment le Général DUNIA, le Colonel KAYAMBA, le Colonel NAKABAKA, le Colonel George ALUNDA et d’autres officiers. En 2001, notre représentant le Pasteur AMIRADO va signer un accord dit « Accord de KANANDA » portant protection et circulation libre des populations enclavées entre les forces Mai-Mai et autres. Tous les villages connaîtront une accalmie car les attaques des uns et des autres avaient cessé. Soulignons en passant qu’en 2001 le Général MASUNZU nous rejoint dans notre lutte, mais il va se désister deux ans plus tard, soit en 2003, après avoir torpillé notre action.
Disons que le plus grand obstacle auquel nous nous sommes toujours butés est le « conflit ethnique » dans le Kivu. C’est un véritable problème sociologique et politique multidimensionnel.
En effet, le conflit ethnique du Kivu est une histoire de longue date qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les provinces précitées sont, depuis lors, caractérisées par des préjugés et stéréotypes dont les faits manifestes durent depuis 1964. La communauté Banyamulenge en particulier et tous les TUTSI ont été la cible et ont subi des soubresauts de contestation d’autant que la question de nationalité, donc identitaire, a été faussement utilisée pour leur exclusion totale.
Les extrémistes du Kivu, qui, dès lors, se recrutent dans la classe politique, dans les ONG et dans les chefs ecclésiastiques de différentes confessions religieuses sont (pour des raisons non identifiées) opposés à l’ensemble des TUTSI dans l’Est du pays. Ils tiennent des discours divisionnistes au sein de la population en exacerbant la haine et la méfiance. Pendant que l’aspect morphologique est exploité pour cimenter la différence et opposer les groupes ethniques, il en ressort des réalités telles que, dans une toile de fond identitaire, toute personne au « faciès TUTSI » est taxé de « nationalité douteuse » et par conséquent exclue, tout simplement parce que sa morphologie resterait la preuve d’une nationalité moins sure. Ceci s’explique également par le fait qu’un étranger à la « morphologie BANTOUE » est facilement toléré et perçu comme étant un Congolais, alors que le Congolais TUTSI est, de façon irréfléchie, étranger et victime d’exclusion. Qui ignore combien des hutus Rwandais et Burundais sont calmement installés à Uvira, dans la Plaine de la Ruzizi jusque dans le territoire de Fizi et devenus Fulero et Bembe ?
Les guerres cycliques qui se déroulent dans l’Est de la RDC constituent les conséquences de l’intolérance caractérisée entre communautés. Curieusement, le pouvoir public cherche à couvrir cette intolérance pour répondre à la volonté de son électorat. Ce pouvoir semble s’inscrire dans la logique de mâter une partie de sa population minoritaire de manière à satisfaire les désirs des extrémistes majoritaires.
Le problème d’exclusion dans l’Est de la RDC a comme soubassement des dissensions politiques auxquelles il faut des solutions politiques. Le manque de volonté politique des décideurs a transformé les différences culturelles ethniques en un conflit armé. La population est manipulée pour des fins politiciennes et par l’absence de discours cohérent à présenter au peuple. Le principal argument électoraliste était et reste encore l’exclusion des TUTSI Congolais. Pour gagner les élections au Sud-Kivu, il faut brandir la corde ethnique en se montrant plus radicale. Il suffit de dire « ces TUSTI là ne sont pas Congolais, et ils seront chassés dès que les élections sont finies ».
De ce comportement, résultent bien d’actes de harcèlement et d’humiliation des Banyamulenge par des services publics et leurs voisins. Leur situation est déplorable à tous égards et leurs droits littéralement violés, à tel enseigne que personne ne peut prendre les risques de les défendre sous peine de se faire huer ou molester. En vibrant la corde ethnique, les politiciens du Kivu ont occasionné des dégâts considérables. Nous devons donc cesser de verser des larmes de crocodile face à une population désemparée, trompée et trainée dans la boue par des discours flatteurs sans lendemain. Au regard de ce vaste champs pourtant superbe et innocent dans lequel la haine et les divisions ont été plantées, qu’espérons-nous récolter si ce n’est « le vent et la tempête » ?
Vous semez la méfiance, vous récoltez la haine ; vous semez la haine, vous récoltez la guerre ; vous semez la guerre, vous récoltez la mort et le déplacement des populations. La responsabilité de la classe politique du Kivu est aujourd’hui interpellée. Nos leaders politiques : avez-vous quelle vision ? Où voulez-vous nous amener ? Ne serions-nous pas à bord des « véhicules sans phares » ou embarqués dans des « bateaux sans ancre » ? Le peuple doit être attentif à vos actions et la manière dont vous entreprenez les affaires de l’Etat.
Pendant le moment fort de la « nationalité douteuse », de la Commission VANGU, de la Résolution sur la nationalité, le message de la haine a été reçu, enregistré, et gravé dans la conscience collective. Pour l’extirper, il faudra du temps, de l’énergie et des moyens nécessaires à court, moyen et long terme. Ceci me rappelle la citation du savant Américain Einstein : « il est facile de casser un atome que de briser un préjugé social ». Autrement-dit, le préjugé social est plus puissant que la bombe atomique.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
En 1995, la tension est vive, les Banyamulenge sont marginalisés, humiliés et subissent de mauvais traitements de tout genre, à tel point qu’ils sont surnommés « DES BORDS », un sobriquet signifiant purement et simplement « DES CHOSES ». Ils deviennent des bêtes noires à abattre. Les autorités provinciales vont même jusqu’à spolier leurs biens matériels ou les décréter « des biens publics », que des particuliers peuvent donc s’attribuer sans état d’âme. Le Vice-gouverneur du Sud-Kivu lance sur la voie des ondes un ultimatum de 6 jours, aux Banyamulenge, de quitter le pays pour aller au Rwanda ou au Burundi.
Au déclenchement de la guerre de 1996, des familles Banyamulenge ont été rassemblées et livrées par des autorités locales, puis systématiquement massacrées par leurs voisins immédiats ainsi que les services de l’Etat. Des familles entières ont été décimées à NGANJA, à BARAKA, à LWEBA, à MBOKO, à UVIRA, à SANGE, à KAMANYOLA, à BUKAVU, à KAVUMU et ailleurs.
Alors que pendant la guerre de 1998 d’autres familles et personnes ont été assassinées à KINSHASA, à MBUJUMAYI, à LUBUMBASHI, à KALEMIE, à VYURA, à MOBA et à MPUETO par le pouvoir public, les militaires Congolais de l’ethnie TUTSI ont été triés parmi leurs frères d’armes, ligotés et fusillés sur ordre de leurs chefs dans la base militaire de KAMINA.
En 2004, le conflit armé entre le Général MBUJAMABE et le Colonel MUTEBUTSI a été une occasion de massacrer les Banyamulenge qui, alors résidaient à Bukavu. Les étudiants ont été sauvagement exécutés dans différentes institutions universitaires au vu et au su du Général. Pire encore, 27 militaires des FARDC appartenant à la communauté TUTSI et qui se battaient contre MUTEBUTSI en affichant leurs loyauté au gouvernement ont été froidement tués à WALUNGU et cela a été classé sans suite. Alors, ne serait-ce pas une manière d’encourager les autres à poser de tels actes ? Nous pensons qu’il faut transformer les FARDC en une armée plus organisée, républicaine, en extirpant les criminels et réprimant toutes tentatives divisionnistes.
Le 04 juin 2004, les militaires des FARDC, les policiers et les civils ressortissants de la communauté Banyamulenge sont contraints de quitter la ville de KALEMIE. Quatre personnes qui y étaient restées ont été lynchées par une population chauffée au blanc par les autorités locales. Un peu plus tard, les Colonels NGABO et FLATERNE ainsi que le Major JEAN-PAUL ont été arrêtés à MINEMBWE et transférés à LUBUMBASHI. Ils sont en prison sans raison depuis juillet 2005, coffrés pour avoir échappé à la mort au Nord-Katanga.
Le 13 août 2004, les Banyamulenge réfugiés au BURUNDI, femme, enfants, hommes et vieillards, soit 166 personnes ont été massacrés par des groupes armés associés et composés essentiellement des Mai-Mai, FNL et autres. Malgré la présence des témoignages, des bandes vidéo et des versions plus ou moins concordantes, le gouvernement congolais ne fournit aucun effort pour savoir la vérité sur cette affaire et le dossier a été classé sans suite. Il faut souligne qu’il existe, à côté de ces massacres cités plus haut, d’autres tueries de même ordre, par exemple ceux qui ont eu lieu à MAKOBOLA, à KATOGOTA, à KASIKA, etc.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
En 2006, dans le cadre du brassage des groupes armés à Kitona, une bagarre entre deux militaires dans une cuisine va se transformer en une scène de lynchage de tous les militaires au « faciès TUTSI ». Plusieurs d’entre eux ont perdu leurs dents et subi de sérieuses fractures. Cette bagarre avait opposé un militaire Hema au « faciès TUTSI » et un autre de l’équateur.
En juin 2007, une simple rumeur relative à un éventuel retour des Banyamulenge à VYURA a suscité des manifestations violentes de la population locale contre la MONUC, supposée avoir organisée leur rapatriement. Celle-ci a été obligée de plier bagages d’autant plus que la situation était complètement incontrôlée. Si une institution des Nations Unies de cette taille, politique et militaire de surcroit, peut fuir un soulèvement populaire, qu’adviendrait-il donc pour une population civile sans moyen de défense ?
Aujourd’hui comme hier, les Banyamulenge sont discriminés partout où ils se trouvent, dans des bus, dans des rues et ne peuvent accéder aux logements dans des centres-villes, sur ordre à l’attention des populations urbaines par certains politiciens. Les autorité provinciales du Sud-Kivu veulent « nettoyer » les villes de l’Est qui, par ce fait, seront exemptes des TUTSI. Des barrières spécialement érigées et des taxes inédites sont exigées aux seuls Banyamulenge, hommes et femmes tant aux frontières avec les pays voisins qu’à l’intérieur du pays. Ils sont séparés des autres dans des convois de voyage et sont systématiquement fouillés jusqu’aux parties intimes, prétextant de chercher des armes et minutions.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Avant le déclenchement des hostilités en janvier 2007 à MINEMBWE, nous avons tenté de rencontrer les autorités publics pour trouver une voie pacifique en réponse à nos revendications. Nous nous sommes rendus à BARAKA e décembre 2006. Nous avons fait de même à MINEMBWE en janvier 2007 et à RUNINGU en mars 2007. Le gouvernement nous a refusé le dialogue et a, en plus, déclenché les hostilités respectivement le 29 janvier et le 09 juillet 2007.
Dans les plateaux de Minembwe, quatre brigades composées d’éléments hétéroclites ont été déployées pour le compte du pouvoir. Il s’agit des éléments intégrés de la 8ème et la 12ème brigades intégrées. Il y a aussi des non intégrés de la 112ème brigade et des milices Mai-Mai. Consécutivement à ce déploiement dans les plateaux de Minembwe, les Banyamulenge subissent des viols, pillages des troupeaux et objets ménagers, et leurs maisons sont sans raison incendiées. Beaucoup de morts ont été enregistrées, et les femmes et petites filles violées ont succombé de leurs blessures.
Des villages sont pris en otage d’autant plus qu’ils sont entourés par des tranchées. La population ne peut vaquer à ses occupations champêtres et pastorales, ce qui a obligé plusieurs familles à échapper le calvaire en s’exilant au Rwanda ou au Burundi. Le nombre de ceux qui ont fuit les derniers combats de juillet à décembre 2007 est évalué à plus de 15.000 personnes. Le comportement des FARDC face à la population civile crée des conditions tellement difficiles poussant la population à l’exil, au moment où le pays procédait déjà au rapatriement des Congolais qui avaient trouvé asile en RCA, en ANGOLA, en TANZANIE et ailleurs.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Les Hauts Plateaux de MINEMBWE sont complètement enclavés, pas de route, pas d’hôpitaux, pas d’écoles, pas de services administratifs organisés. Alors que le principe du rapprochement entre l’administration et l’administré est en voie d’exécution sur toute l’étendue du territoire national, la population de Minembwe n’est jusqu’à ce jour pas administré et la justice n’y est pas encore établie. En dépit de cette réalité, toutes les tentatives d’ériger Minembwe en un territoire administratif connait des heurts. Les raisons ne sont autres que discriminatoires.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Le conflit ethnique actuel du Kivu est totalement différent des guerres successives de 1996 et 1998. C’est une lutte de caractère antagoniste au sein des communautés locales. En tant que garant de la sécurité publique, le pouvoir central avait intérêt à jouer une neutralité absolue. Un comportement pareil lui permettrait de drainer toutes les aspirations adverses vers un consensus, de manière à résoudre une fois pour toute les conflits au Kivu.
Les principes de la démocratie étant une réalité acceptée par tous, sa valeur réside dans le respect de la minorité aussi bien ethnique que politique par la majorité qu’exerce le pouvoir. La RD Congo exerçant sa démocratie par le principe de la majorité ethnique, elle a par contre intérêt à s’adapter aux principes qui régissent la vraie démocratie pour pouvoir modérer et réguler les écueils et les antagonismes ethniques. Le pouvoir devrait être l’arbitre, le nôtre est malheureusement toujours partie au conflit.
Les accords de LUSAKA de juillet 1999 entre les états africains en belligérances sur le sol Congolais et ceux signés en décembre 2002 à PRETORIA entre les différentes composantes de la crise congolaise, n’ont pas apporté des propositions des solutions effectives aux conflits ethniques du Kivu ; surtout que la réconciliation n’a même pas commencé.
Les élections de 2006 n’ont pas non plus été à même d’apaiser les esprits. Au contraire, elles ont chauffé à blanc, d’autant qu’en exploitant des antagonismes ethniques, les extrémistes et les lauréats aux élections estimaient avoir trouvé une aubaine pour se débarrasser de l’ethnie TUTSI. Pour parvenir à ce rêve de toujours, ils ont exigé au Président de la République l’option militaire en vue de le réaliser. Les conséquences d’une telle option sont lourdes.
Nous tenons à fixer l’opinion nationale que nous ne sommes pas un mouvement à essence étrangère, contrairement à une campagne orchestrée par certains pour leur positionnement politique au sein du Parti au pouvoir en vue de nous diaboliser.
Conclusion
Les raisons de notre lutte peuvent être résumées en ceci :
a) La mauvaise gestion de l’armée
La multiplicité de commandement à la tête de la 10ème région militaire est à la base de la crise d’autorité militaire au niveau de cette région, de la confusion en ce qui concerne le rapport d’hiérarchie ainsi que les malentendus ayant conduit aux frustrations et aux conflits armés. Depuis plusieurs années, la région militaire a été dirigée par plusieurs hommes à la fois. Certains de ces responsables n’étaient qu’au service de leurs composantes politiques et à leurs intérêts égoïstes. Dans une armée, cet état de chose ne peut mener qu’à la guerre.
b) La mauvaise gestion des revendications de certaines populations
Comme dit ci-haut, l’intolérance, l’exclusion et la discrimination dont certaines communautés sont victimes, développent le sentiment d’autoprotection qui part de l’incapacité ou de l’impartialité des services publics commis à ces tâches. L’exclusion politique du fait du triomphalisme « tribalo-électorale » et la suppression brutale du Territoire de Minembwe, sans écouter les raisons de cette population, en sont l’illustration.
c) La discrimination au sein des FARDC
Les éléments TUTSI ne se sentent pas sécurisés au sein de l’armée nationale et cet état d’esprit part de cas vécus par les loyalistes TUTSI victimes de leurs loyalisme : KAMINA, WALUNGU, SHABUNDA et récemment à KITONA. Ceux qui ont tués leurs compagnons d’armes, au lieu d’être sanctionnés, ils sont considérés comme des héros.
d) Une politique de brassage qui n’est pas réaliste
La réconciliation et la sécurité de tous devraient précéder ou accompagner le brassage de l’armée. D’après la commission vérité et réconciliation, la réconciliation a échoué en RDC. Le gouvernement de transition n’y a attaché aucune importance. Aujourd’hui, la commission n’existe plus. Comment voulez-vous que le brassage réussisse pendant que les communautés d’où sont issus ces militaires vivent en tensions mortelles ? C’est vrai que les militaires doivent obéir au règlement, mais ils ne sont pas de machines, ce sont des êtres humains.
e) L’insécurité
Nous assistons depuis des années à une insécurité sélective à l’endroit des populations tutsi. Cette insécurité vient des Mai-Mai, des services de sécurité, et même des FARDC. Il existe au SUD-KIVU des tracasseries, des humiliations, des traitements discriminatoires qui font que les Banyamulenge soient comme des démis citoyens, des objets et pas des humains. Même celui qu’on n’aime pas, tant qu’il est être humain, il a droit à un minimum d’égard. Nous vous épargnons de détails, mais c’est uniquement inacceptable, insupportable, ingérable. Le pouvoir public laisse faire, ses préposés font la pluie et le beau temps. Ils arrêtent, jugent, exécutent, ils sont juges et partie, en particulier, les FARDC, LAPOLICE NATIONALE, L’ANR, LA DGM.
Notre organisation réaffirme aujourd’hui qu’elle reconnait les institutions issues des élections. Nous avons toujours réclamé que nous soyons entendues et qu’un dialogue sincère soit le seul moyen de répondre à nos revendications. A notre surprise, le gouvernement a toujours répliqué par des attaques et la dernière a été effectuée pendant que nous répondions à un rendez-vous avec le commandement de la 10ème région militaire à Minembwe en janvier 2007. Une attaque surprise menée contre nos éléments logés dans un village autour de Minembwe, à ILUNDU a fait beaucoup de victimes et la suite a été un désastre que nous regrettons. Nous pensions que c’était l’affaire de seuls services locaux, mais la surprise désagréable est de constater que même les promesses ou rendez vous donnés par de hauts responsables ne sont pas tenus. Nous espérons que cette conférence fera la différence.
Recommandations
En ce qui nous concerne, nous estimons que la réconciliation avec une réelle volonté politique est le seul moyen possible pour venir à bout du conflit ethnique dans le Kivu. Enfin, nous souhaiterions à ce que cette conférence soit une occasion inédite de réconcilier et de sécuriser les communautés du Kivu en adoptant les recommandations ci-après :
1. Réformer et rééduquer l’armée, la police et les services de sécurité dans le cadre du respect des droits humains et de bonne gouvernance ;
2. Assurer et appliquer une politique de protection des militaires aux « faciès TUTSI » au sein des FARDC ;
3. Etudier les conditions adéquates de sécurisation pour toutes les communautés dans le Kivu ;
Des pistes suivantes sont à explorer :
a) multiplier des palabres africains dans les villages,
b) organiser des réunions conjointes pour les populations des diverses communautés dans chaque contrée,
c) envoyer des messages de paix et réconciliation dans les villages, cités et villes. Ce message fort de réconciliation doit venir d’abord du sommet de l’Etat.
d) mettre à la disposition de deux provinces des commissions permanentes de réconciliation,
e) créer une vraie commission « Vérité et Réconciliation » pour organiser et contrôler les structures de base chargées de la même mission avec des responsables non conflictuels.
4. Organiser le rapatriement des réfugiés Congolais qui sont au Burundi, au Rwanda, en Uganda et en Tanzanie, et cela dans un Congo pacifié, en créant au préalable de meilleures conditions d’accueil ;
Des pistes des solutions à explorer
a) la conférence devra envoyer une ou deux délégations dans les camps des réfugiés au Burundi, au Rwanda, en Uganda et en Tanzanie pour leur transmettre le message de paix, écouter leurs revendications et voir dans quelles conditions ces compatriotes vivent,
b) la conférence devra faire le plaidoyer pour la réinstallation des populations déplacées dans leurs villages,
c) la conférence devra songer à favoriser l’arrivée au pays des délégations des réfugiés pour leur participation aux réunions de paix qui seront, nous l’espérons, organisées dans leurs contrées d’origine dans le cadre du suivi de la conférence. Néanmoins, c’est regrettable qu’à une conférence comme celle-ci, ces compatriotes qui sont dans les camps de réfugiés n’aient pas été invités.
5. Ordonner une enquête internationale sur les crimes commis dans l’Est du Congo de 1996 à ce jour, y compris, le massacre de GATUMBA au Burundi, et sanctionner les coupables ;
6. Rapatrier les restes des corps des victimes de GATUMBA pour leur enterrement en RDC ;
7. Par une loi, interdire aux politiciens d’exploiter les antagonismes ethniques en toutes circonstances et dans l’exercice de leurs fonctions pour un positionnement politique ; Eriger en infraction, le tribalisme, la discrimination et l’intolérance ;
8. Accorder à MINEMBWE le statut de territoire. Ceci est une demande des populations de toutes les ethnies qui habitent cette partie de la République;
9. Briser l’isolement des hauts plateaux et autres entités abandonnées, en y construisant des infrastructures de base (route Fizi-Mwenga en passant par Minembwe, les écoles, hôpitaux, cadres de technologies de communication de l’information, etc.) ;
10. Rapatrier tous les groupes armés étrangers ;
11. Organiser des négociations directes entre le Gouvernement de la RDC
et notre mouvement, afin d’examiner notre cahier de charges par
l’interlocuteur compétent et parvenir à une paix des braves.
Que vive la République Démocratique du Congo,
Que vive la Conférence de paix, de sécurité et du développement du Kivu,
Que vive la réconciliation entre les fils et filles du Kivu.
Je vous remercie.
Fait à KAMOMBO, le 28 décembre 2007
Pour les Forces Républicaines Fédéralistes – FRF
Zebedée GASORE
Délégué
FORCES REPUBLICAINES FEDERALISTES
- FRF -
DISCOURS PRONONCE A L’OCCASION DE LA CONFERENCE DE PAIX, DE SECURITE ET DU DEVELOPPEMENT DU NORD ET SUD-KIVU,
TENUE A GOMA DU 06 AU 21 JANVIER 2008
- Excellence Monsieur l’Abbé et Président de la conférence,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Panel des Modérateurs,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Membres de la Facilitation Externe,
- Distinguées Délégations,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
C’est avec un grand honneur pour nous de nous exprimer devant cette auguste assemblée à l’occasion de cette conférence de paix, de sécurité et du développement. La conférence qui se tient aujourd’hui a été l’objet de nos revendications et cela pendant plusieurs années. Cet idéal est devenu une réalité qui, espérons-nous, sera à la hauteur des pistes des solutions définitives au conflit ethnique des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Notre lutte a commencé en 1998. Elle a pour objet de rapprocher les communautés du Kivu d’une part et de demander au gouvernement central de fédérer le Congo pour « inciter les initiatives locales au développement » de l’autre part. Notre organisation a toujours demandé à tous de jouer la carte nationale, c’est à dire de s’ouvrir pour réunir toutes les communautés et toutes les provinces autour des objectifs rassembleurs. La réconciliation, le développement et la politique d’intégration sous-régionale retiennent inlassablement notre attention. Pendant la période citée plus haut, l’Est de la RDC était en guerre et la seule piste à explorer était la réconciliation pour aider les communautés à communiquer et à garder des contacts permanents.
De 1999 à 2002, nous avons procédé aux diverses discussions et échanges avec les chefs Mai-Mai dont notamment le Général DUNIA, le Colonel KAYAMBA, le Colonel NAKABAKA, le Colonel George ALUNDA et d’autres officiers. En 2001, notre représentant le Pasteur AMIRADO va signer un accord dit « Accord de KANANDA » portant protection et circulation libre des populations enclavées entre les forces Mai-Mai et autres. Tous les villages connaîtront une accalmie car les attaques des uns et des autres avaient cessé. Soulignons en passant qu’en 2001 le Général MASUNZU nous rejoint dans notre lutte, mais il va se désister deux ans plus tard, soit en 2003, après avoir torpillé notre action.
Disons que le plus grand obstacle auquel nous nous sommes toujours butés est le « conflit ethnique » dans le Kivu. C’est un véritable problème sociologique et politique multidimensionnel.
En effet, le conflit ethnique du Kivu est une histoire de longue date qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les provinces précitées sont, depuis lors, caractérisées par des préjugés et stéréotypes dont les faits manifestes durent depuis 1964. La communauté Banyamulenge en particulier et tous les TUTSI ont été la cible et ont subi des soubresauts de contestation d’autant que la question de nationalité, donc identitaire, a été faussement utilisée pour leur exclusion totale.
Les extrémistes du Kivu, qui, dès lors, se recrutent dans la classe politique, dans les ONG et dans les chefs ecclésiastiques de différentes confessions religieuses sont (pour des raisons non identifiées) opposés à l’ensemble des TUTSI dans l’Est du pays. Ils tiennent des discours divisionnistes au sein de la population en exacerbant la haine et la méfiance. Pendant que l’aspect morphologique est exploité pour cimenter la différence et opposer les groupes ethniques, il en ressort des réalités telles que, dans une toile de fond identitaire, toute personne au « faciès TUTSI » est taxé de « nationalité douteuse » et par conséquent exclue, tout simplement parce que sa morphologie resterait la preuve d’une nationalité moins sure. Ceci s’explique également par le fait qu’un étranger à la « morphologie BANTOUE » est facilement toléré et perçu comme étant un Congolais, alors que le Congolais TUTSI est, de façon irréfléchie, étranger et victime d’exclusion. Qui ignore combien des hutus Rwandais et Burundais sont calmement installés à Uvira, dans la Plaine de la Ruzizi jusque dans le territoire de Fizi et devenus Fulero et Bembe ?
Les guerres cycliques qui se déroulent dans l’Est de la RDC constituent les conséquences de l’intolérance caractérisée entre communautés. Curieusement, le pouvoir public cherche à couvrir cette intolérance pour répondre à la volonté de son électorat. Ce pouvoir semble s’inscrire dans la logique de mâter une partie de sa population minoritaire de manière à satisfaire les désirs des extrémistes majoritaires.
Le problème d’exclusion dans l’Est de la RDC a comme soubassement des dissensions politiques auxquelles il faut des solutions politiques. Le manque de volonté politique des décideurs a transformé les différences culturelles ethniques en un conflit armé. La population est manipulée pour des fins politiciennes et par l’absence de discours cohérent à présenter au peuple. Le principal argument électoraliste était et reste encore l’exclusion des TUTSI Congolais. Pour gagner les élections au Sud-Kivu, il faut brandir la corde ethnique en se montrant plus radicale. Il suffit de dire « ces TUSTI là ne sont pas Congolais, et ils seront chassés dès que les élections sont finies ».
De ce comportement, résultent bien d’actes de harcèlement et d’humiliation des Banyamulenge par des services publics et leurs voisins. Leur situation est déplorable à tous égards et leurs droits littéralement violés, à tel enseigne que personne ne peut prendre les risques de les défendre sous peine de se faire huer ou molester. En vibrant la corde ethnique, les politiciens du Kivu ont occasionné des dégâts considérables. Nous devons donc cesser de verser des larmes de crocodile face à une population désemparée, trompée et trainée dans la boue par des discours flatteurs sans lendemain. Au regard de ce vaste champs pourtant superbe et innocent dans lequel la haine et les divisions ont été plantées, qu’espérons-nous récolter si ce n’est « le vent et la tempête » ?
Vous semez la méfiance, vous récoltez la haine ; vous semez la haine, vous récoltez la guerre ; vous semez la guerre, vous récoltez la mort et le déplacement des populations. La responsabilité de la classe politique du Kivu est aujourd’hui interpellée. Nos leaders politiques : avez-vous quelle vision ? Où voulez-vous nous amener ? Ne serions-nous pas à bord des « véhicules sans phares » ou embarqués dans des « bateaux sans ancre » ? Le peuple doit être attentif à vos actions et la manière dont vous entreprenez les affaires de l’Etat.
Pendant le moment fort de la « nationalité douteuse », de la Commission VANGU, de la Résolution sur la nationalité, le message de la haine a été reçu, enregistré, et gravé dans la conscience collective. Pour l’extirper, il faudra du temps, de l’énergie et des moyens nécessaires à court, moyen et long terme. Ceci me rappelle la citation du savant Américain Einstein : « il est facile de casser un atome que de briser un préjugé social ». Autrement-dit, le préjugé social est plus puissant que la bombe atomique.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
En 1995, la tension est vive, les Banyamulenge sont marginalisés, humiliés et subissent de mauvais traitements de tout genre, à tel point qu’ils sont surnommés « DES BORDS », un sobriquet signifiant purement et simplement « DES CHOSES ». Ils deviennent des bêtes noires à abattre. Les autorités provinciales vont même jusqu’à spolier leurs biens matériels ou les décréter « des biens publics », que des particuliers peuvent donc s’attribuer sans état d’âme. Le Vice-gouverneur du Sud-Kivu lance sur la voie des ondes un ultimatum de 6 jours, aux Banyamulenge, de quitter le pays pour aller au Rwanda ou au Burundi.
Au déclenchement de la guerre de 1996, des familles Banyamulenge ont été rassemblées et livrées par des autorités locales, puis systématiquement massacrées par leurs voisins immédiats ainsi que les services de l’Etat. Des familles entières ont été décimées à NGANJA, à BARAKA, à LWEBA, à MBOKO, à UVIRA, à SANGE, à KAMANYOLA, à BUKAVU, à KAVUMU et ailleurs.
Alors que pendant la guerre de 1998 d’autres familles et personnes ont été assassinées à KINSHASA, à MBUJUMAYI, à LUBUMBASHI, à KALEMIE, à VYURA, à MOBA et à MPUETO par le pouvoir public, les militaires Congolais de l’ethnie TUTSI ont été triés parmi leurs frères d’armes, ligotés et fusillés sur ordre de leurs chefs dans la base militaire de KAMINA.
En 2004, le conflit armé entre le Général MBUJAMABE et le Colonel MUTEBUTSI a été une occasion de massacrer les Banyamulenge qui, alors résidaient à Bukavu. Les étudiants ont été sauvagement exécutés dans différentes institutions universitaires au vu et au su du Général. Pire encore, 27 militaires des FARDC appartenant à la communauté TUTSI et qui se battaient contre MUTEBUTSI en affichant leurs loyauté au gouvernement ont été froidement tués à WALUNGU et cela a été classé sans suite. Alors, ne serait-ce pas une manière d’encourager les autres à poser de tels actes ? Nous pensons qu’il faut transformer les FARDC en une armée plus organisée, républicaine, en extirpant les criminels et réprimant toutes tentatives divisionnistes.
Le 04 juin 2004, les militaires des FARDC, les policiers et les civils ressortissants de la communauté Banyamulenge sont contraints de quitter la ville de KALEMIE. Quatre personnes qui y étaient restées ont été lynchées par une population chauffée au blanc par les autorités locales. Un peu plus tard, les Colonels NGABO et FLATERNE ainsi que le Major JEAN-PAUL ont été arrêtés à MINEMBWE et transférés à LUBUMBASHI. Ils sont en prison sans raison depuis juillet 2005, coffrés pour avoir échappé à la mort au Nord-Katanga.
Le 13 août 2004, les Banyamulenge réfugiés au BURUNDI, femme, enfants, hommes et vieillards, soit 166 personnes ont été massacrés par des groupes armés associés et composés essentiellement des Mai-Mai, FNL et autres. Malgré la présence des témoignages, des bandes vidéo et des versions plus ou moins concordantes, le gouvernement congolais ne fournit aucun effort pour savoir la vérité sur cette affaire et le dossier a été classé sans suite. Il faut souligne qu’il existe, à côté de ces massacres cités plus haut, d’autres tueries de même ordre, par exemple ceux qui ont eu lieu à MAKOBOLA, à KATOGOTA, à KASIKA, etc.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
En 2006, dans le cadre du brassage des groupes armés à Kitona, une bagarre entre deux militaires dans une cuisine va se transformer en une scène de lynchage de tous les militaires au « faciès TUTSI ». Plusieurs d’entre eux ont perdu leurs dents et subi de sérieuses fractures. Cette bagarre avait opposé un militaire Hema au « faciès TUTSI » et un autre de l’équateur.
En juin 2007, une simple rumeur relative à un éventuel retour des Banyamulenge à VYURA a suscité des manifestations violentes de la population locale contre la MONUC, supposée avoir organisée leur rapatriement. Celle-ci a été obligée de plier bagages d’autant plus que la situation était complètement incontrôlée. Si une institution des Nations Unies de cette taille, politique et militaire de surcroit, peut fuir un soulèvement populaire, qu’adviendrait-il donc pour une population civile sans moyen de défense ?
Aujourd’hui comme hier, les Banyamulenge sont discriminés partout où ils se trouvent, dans des bus, dans des rues et ne peuvent accéder aux logements dans des centres-villes, sur ordre à l’attention des populations urbaines par certains politiciens. Les autorité provinciales du Sud-Kivu veulent « nettoyer » les villes de l’Est qui, par ce fait, seront exemptes des TUTSI. Des barrières spécialement érigées et des taxes inédites sont exigées aux seuls Banyamulenge, hommes et femmes tant aux frontières avec les pays voisins qu’à l’intérieur du pays. Ils sont séparés des autres dans des convois de voyage et sont systématiquement fouillés jusqu’aux parties intimes, prétextant de chercher des armes et minutions.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Avant le déclenchement des hostilités en janvier 2007 à MINEMBWE, nous avons tenté de rencontrer les autorités publics pour trouver une voie pacifique en réponse à nos revendications. Nous nous sommes rendus à BARAKA e décembre 2006. Nous avons fait de même à MINEMBWE en janvier 2007 et à RUNINGU en mars 2007. Le gouvernement nous a refusé le dialogue et a, en plus, déclenché les hostilités respectivement le 29 janvier et le 09 juillet 2007.
Dans les plateaux de Minembwe, quatre brigades composées d’éléments hétéroclites ont été déployées pour le compte du pouvoir. Il s’agit des éléments intégrés de la 8ème et la 12ème brigades intégrées. Il y a aussi des non intégrés de la 112ème brigade et des milices Mai-Mai. Consécutivement à ce déploiement dans les plateaux de Minembwe, les Banyamulenge subissent des viols, pillages des troupeaux et objets ménagers, et leurs maisons sont sans raison incendiées. Beaucoup de morts ont été enregistrées, et les femmes et petites filles violées ont succombé de leurs blessures.
Des villages sont pris en otage d’autant plus qu’ils sont entourés par des tranchées. La population ne peut vaquer à ses occupations champêtres et pastorales, ce qui a obligé plusieurs familles à échapper le calvaire en s’exilant au Rwanda ou au Burundi. Le nombre de ceux qui ont fuit les derniers combats de juillet à décembre 2007 est évalué à plus de 15.000 personnes. Le comportement des FARDC face à la population civile crée des conditions tellement difficiles poussant la population à l’exil, au moment où le pays procédait déjà au rapatriement des Congolais qui avaient trouvé asile en RCA, en ANGOLA, en TANZANIE et ailleurs.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Les Hauts Plateaux de MINEMBWE sont complètement enclavés, pas de route, pas d’hôpitaux, pas d’écoles, pas de services administratifs organisés. Alors que le principe du rapprochement entre l’administration et l’administré est en voie d’exécution sur toute l’étendue du territoire national, la population de Minembwe n’est jusqu’à ce jour pas administré et la justice n’y est pas encore établie. En dépit de cette réalité, toutes les tentatives d’ériger Minembwe en un territoire administratif connait des heurts. Les raisons ne sont autres que discriminatoires.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Le conflit ethnique actuel du Kivu est totalement différent des guerres successives de 1996 et 1998. C’est une lutte de caractère antagoniste au sein des communautés locales. En tant que garant de la sécurité publique, le pouvoir central avait intérêt à jouer une neutralité absolue. Un comportement pareil lui permettrait de drainer toutes les aspirations adverses vers un consensus, de manière à résoudre une fois pour toute les conflits au Kivu.
Les principes de la démocratie étant une réalité acceptée par tous, sa valeur réside dans le respect de la minorité aussi bien ethnique que politique par la majorité qu’exerce le pouvoir. La RD Congo exerçant sa démocratie par le principe de la majorité ethnique, elle a par contre intérêt à s’adapter aux principes qui régissent la vraie démocratie pour pouvoir modérer et réguler les écueils et les antagonismes ethniques. Le pouvoir devrait être l’arbitre, le nôtre est malheureusement toujours partie au conflit.
Les accords de LUSAKA de juillet 1999 entre les états africains en belligérances sur le sol Congolais et ceux signés en décembre 2002 à PRETORIA entre les différentes composantes de la crise congolaise, n’ont pas apporté des propositions des solutions effectives aux conflits ethniques du Kivu ; surtout que la réconciliation n’a même pas commencé.
Les élections de 2006 n’ont pas non plus été à même d’apaiser les esprits. Au contraire, elles ont chauffé à blanc, d’autant qu’en exploitant des antagonismes ethniques, les extrémistes et les lauréats aux élections estimaient avoir trouvé une aubaine pour se débarrasser de l’ethnie TUTSI. Pour parvenir à ce rêve de toujours, ils ont exigé au Président de la République l’option militaire en vue de le réaliser. Les conséquences d’une telle option sont lourdes.
Nous tenons à fixer l’opinion nationale que nous ne sommes pas un mouvement à essence étrangère, contrairement à une campagne orchestrée par certains pour leur positionnement politique au sein du Parti au pouvoir en vue de nous diaboliser.
Conclusion
Les raisons de notre lutte peuvent être résumées en ceci :
a) La mauvaise gestion de l’armée
La multiplicité de commandement à la tête de la 10ème région militaire est à la base de la crise d’autorité militaire au niveau de cette région, de la confusion en ce qui concerne le rapport d’hiérarchie ainsi que les malentendus ayant conduit aux frustrations et aux conflits armés. Depuis plusieurs années, la région militaire a été dirigée par plusieurs hommes à la fois. Certains de ces responsables n’étaient qu’au service de leurs composantes politiques et à leurs intérêts égoïstes. Dans une armée, cet état de chose ne peut mener qu’à la guerre.
b) La mauvaise gestion des revendications de certaines populations
Comme dit ci-haut, l’intolérance, l’exclusion et la discrimination dont certaines communautés sont victimes, développent le sentiment d’autoprotection qui part de l’incapacité ou de l’impartialité des services publics commis à ces tâches. L’exclusion politique du fait du triomphalisme « tribalo-électorale » et la suppression brutale du Territoire de Minembwe, sans écouter les raisons de cette population, en sont l’illustration.
c) La discrimination au sein des FARDC
Les éléments TUTSI ne se sentent pas sécurisés au sein de l’armée nationale et cet état d’esprit part de cas vécus par les loyalistes TUTSI victimes de leurs loyalisme : KAMINA, WALUNGU, SHABUNDA et récemment à KITONA. Ceux qui ont tués leurs compagnons d’armes, au lieu d’être sanctionnés, ils sont considérés comme des héros.
d) Une politique de brassage qui n’est pas réaliste
La réconciliation et la sécurité de tous devraient précéder ou accompagner le brassage de l’armée. D’après la commission vérité et réconciliation, la réconciliation a échoué en RDC. Le gouvernement de transition n’y a attaché aucune importance. Aujourd’hui, la commission n’existe plus. Comment voulez-vous que le brassage réussisse pendant que les communautés d’où sont issus ces militaires vivent en tensions mortelles ? C’est vrai que les militaires doivent obéir au règlement, mais ils ne sont pas de machines, ce sont des êtres humains.
e) L’insécurité
Nous assistons depuis des années à une insécurité sélective à l’endroit des populations tutsi. Cette insécurité vient des Mai-Mai, des services de sécurité, et même des FARDC. Il existe au SUD-KIVU des tracasseries, des humiliations, des traitements discriminatoires qui font que les Banyamulenge soient comme des démis citoyens, des objets et pas des humains. Même celui qu’on n’aime pas, tant qu’il est être humain, il a droit à un minimum d’égard. Nous vous épargnons de détails, mais c’est uniquement inacceptable, insupportable, ingérable. Le pouvoir public laisse faire, ses préposés font la pluie et le beau temps. Ils arrêtent, jugent, exécutent, ils sont juges et partie, en particulier, les FARDC, LAPOLICE NATIONALE, L’ANR, LA DGM.
Notre organisation réaffirme aujourd’hui qu’elle reconnait les institutions issues des élections. Nous avons toujours réclamé que nous soyons entendues et qu’un dialogue sincère soit le seul moyen de répondre à nos revendications. A notre surprise, le gouvernement a toujours répliqué par des attaques et la dernière a été effectuée pendant que nous répondions à un rendez-vous avec le commandement de la 10ème région militaire à Minembwe en janvier 2007. Une attaque surprise menée contre nos éléments logés dans un village autour de Minembwe, à ILUNDU a fait beaucoup de victimes et la suite a été un désastre que nous regrettons. Nous pensions que c’était l’affaire de seuls services locaux, mais la surprise désagréable est de constater que même les promesses ou rendez vous donnés par de hauts responsables ne sont pas tenus. Nous espérons que cette conférence fera la différence.
Recommandations
En ce qui nous concerne, nous estimons que la réconciliation avec une réelle volonté politique est le seul moyen possible pour venir à bout du conflit ethnique dans le Kivu. Enfin, nous souhaiterions à ce que cette conférence soit une occasion inédite de réconcilier et de sécuriser les communautés du Kivu en adoptant les recommandations ci-après :
1. Réformer et rééduquer l’armée, la police et les services de sécurité dans le cadre du respect des droits humains et de bonne gouvernance ;
2. Assurer et appliquer une politique de protection des militaires aux « faciès TUTSI » au sein des FARDC ;
3. Etudier les conditions adéquates de sécurisation pour toutes les communautés dans le Kivu ;
Des pistes suivantes sont à explorer :
a) multiplier des palabres africains dans les villages,
b) organiser des réunions conjointes pour les populations des diverses communautés dans chaque contrée,
c) envoyer des messages de paix et réconciliation dans les villages, cités et villes. Ce message fort de réconciliation doit venir d’abord du sommet de l’Etat.
d) mettre à la disposition de deux provinces des commissions permanentes de réconciliation,
e) créer une vraie commission « Vérité et Réconciliation » pour organiser et contrôler les structures de base chargées de la même mission avec des responsables non conflictuels.
4. Organiser le rapatriement des réfugiés Congolais qui sont au Burundi, au Rwanda, en Uganda et en Tanzanie, et cela dans un Congo pacifié, en créant au préalable de meilleures conditions d’accueil ;
Des pistes des solutions à explorer
a) la conférence devra envoyer une ou deux délégations dans les camps des réfugiés au Burundi, au Rwanda, en Uganda et en Tanzanie pour leur transmettre le message de paix, écouter leurs revendications et voir dans quelles conditions ces compatriotes vivent,
b) la conférence devra faire le plaidoyer pour la réinstallation des populations déplacées dans leurs villages,
c) la conférence devra songer à favoriser l’arrivée au pays des délégations des réfugiés pour leur participation aux réunions de paix qui seront, nous l’espérons, organisées dans leurs contrées d’origine dans le cadre du suivi de la conférence. Néanmoins, c’est regrettable qu’à une conférence comme celle-ci, ces compatriotes qui sont dans les camps de réfugiés n’aient pas été invités.
5. Ordonner une enquête internationale sur les crimes commis dans l’Est du Congo de 1996 à ce jour, y compris, le massacre de GATUMBA au Burundi, et sanctionner les coupables ;
6. Rapatrier les restes des corps des victimes de GATUMBA pour leur enterrement en RDC ;
7. Par une loi, interdire aux politiciens d’exploiter les antagonismes ethniques en toutes circonstances et dans l’exercice de leurs fonctions pour un positionnement politique ; Eriger en infraction, le tribalisme, la discrimination et l’intolérance ;
8. Accorder à MINEMBWE le statut de territoire. Ceci est une demande des populations de toutes les ethnies qui habitent cette partie de la République;
9. Briser l’isolement des hauts plateaux et autres entités abandonnées, en y construisant des infrastructures de base (route Fizi-Mwenga en passant par Minembwe, les écoles, hôpitaux, cadres de technologies de communication de l’information, etc.) ;
10. Rapatrier tous les groupes armés étrangers ;
11. Organiser des négociations directes entre le Gouvernement de la RDC
et notre mouvement, afin d’examiner notre cahier de charges par
l’interlocuteur compétent et parvenir à une paix des braves.
Que vive la République Démocratique du Congo,
Que vive la Conférence de paix, de sécurité et du développement du Kivu,
Que vive la réconciliation entre les fils et filles du Kivu.
Je vous remercie.
Fait à KAMOMBO, le 28 décembre 2007
Pour les Forces Républicaines Fédéralistes – FRF
Zebedée GASORE
Délégué
Saturday, January 12, 2008
DISCOURS DU VICE-PRESIDENT AZARIAS RUBERWA A LA CONFERENCE SUR LA PAIX , LA SECURITE ET LE DEVELOPPEMENT DANS LE KIVU
COMMUNICATION DE : SON EXCELLENCE MAITRE AZARIAS RUBERWA,
VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE HONORAIRE
THEMATIQUE : « SECURITE »
SUJET : « La sécurité comme facteur essentiel de la construction d’une paix durable et du développement au Kivu (RDC) »
Monsieur le Président du Bureau de la Conférence sur la Paix,la Sécurité et le Développement dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu ;
Monsieur le président de l’Assemblée Nationale ;
Distingués Invités ;
Mesdames et Messieurs,
Je considère comme un privilège le fait pour moi de m’adresser aux membres de cette auguste assemblée dans un contexte historique où, nous tous, compatriotes originaires de deux provinces du Kivu avons à répondre à un rendez-vous avec l’histoire.
Ce rendez-vous est celui de construire ensemble une paix,la sécurité et le développement c’est-à-dire dégager notre responsabilité dans la recherche de la paix, à côté de la responsabilité première de l’Etat et des autres acteurs non étatiques avec le soutien combien important de la communauté internationale.
J’interviens donc en ma qualité de personnalité ayant suivi de près le processus de paix dans notre pays ,ayant exercé les fonctions de Vice-président chargé des Questions Politiques, Défense et Sécurité et de Président de l’un des partis politiques de l’opposition qui a participé aux élections générales et disposant des sièges dans les deux chambres du Parlement et dans les institutions provinciales
Le thème qui m’a été proposé est celui de la sécurité. Cependant en examinant de près les matières de notre conférence, elles sont à ce point transversales que l’on ne peut parler de la sécurité au Kivu, sans parler de la paix ni du développement. Car sans la sécurité il n’y a ni paix ni développement.
Ainsi donc, il existe un lien entre ces concepts qui ne peut être rompu pour tout communicateur averti.
Voilà pourquoi, j’ai reformulé l’intitulé de mon sujet en ces termes : « La sécurité comme facteur essentiel de la construction d’une paix durable et du développement au Kivu (RDC) »
Ne disposant que de quinze minutes, je n’aborderai pas les définitions des concepts ; mais avant cela permettez-moi de noter avec satisfaction la convocation de cette conférence par le Président de la République et le soutien du Gouvernement et de la Communauté Internationale ainsi que le soutien des nos élus, de l’opposition et de l’ensemble de notre population.
S’agissant de la situation au Kivu, notre exposé va donc s’articuler autour de la problématique de la sécurité ou de l’état des lieux (I) des causes et des conséquences de l’insécurité (II) des principes de solution dans un plaidoyer en faveur de la construction de la sécurité pour une paix et un développement durables(III).
I. Problématique de la sécurité au Kivu : Etats des lieux.
Depuis l’indépendance, l’espace qui constitue aujourd’hui les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu a connu beaucoup d’insécurité.
Toutes les rébellions sérieuses qui ont secoué notre pays partent et/ou se développent toujours à partir de l’Est et en particulier du Kivu.
Il s’agit notamment de la rébellion Muleliste pendant laquelle je suis né, celle de Jean Schram, celle de Laurent Désiré Kabila dans le maquis de FIZI pendant des décennies et pendant qu’il était pourchassé par le régime Mobutu, celle de l’AFDL, du RCD, de plusieurs groupes Maimai et des groupes plus récents dont PARECO, CNDP, GROUPE DE 47 etc.
S’il est vrai que le Kivu peut être considéré comme le berceau des révolutions dont celle de l’AFDL qui a changé le régime Mobutu de 32 ans de règne, il est aussi vrai d’affirmer que les révolutions ,les guerres ,les résistances armées etc. ont engendré de l’insécurité.
Par exemple, pour ma génération, je suis donc né dans l’insécurité et ai grandi en elle et comprends facilement de quoi il s’agit.
Voilà pourquoi nous devons capitaliser ces assises pour y mettre définitivement fin si nous voulons demain compter comme peuple de ce pays, de cette région. Sinon, cette insécurité nous emporterait.
Par ailleurs, depuis l’arrivée des EX-FAR et INTERAHAMWE en RDC, après le génocide Rwandais, l’insécurité a été totale dans nos deux provinces du Kivu.
Ce phénomène honteux nous a parfois divisé alors que des populations du Kivu continuent à subir les affres de leurs actions macabres parfois dans un silence coupable. Quand ce ne sont pas nos filles, sœurs ou mamans qu’ils violent, ce sont nos compatriotes qu’ils tuent.
Dès lors la question est de savoir si nous Kivutiens réunis en conférence avons suffisamment de volonté, de courage et de vision commune pour dénoncer, faire face et exiger du Gouvernement de mettre fin à ce règne des groupes armés étrangers.
En d’autres termes, au-delà des accords et des communiqués conjoints comme les accords de NAIROBI, des mécanismes de tripartite plus un et d’autres encore qui sont à encourager, sommes-nous prêts à jouer à fond notre part de responsabilité ?
Nous devons faire des recommandations sérieuses certes, mais si après cette conférence les exactions contre nos populations par des groupes armés continuent, nous aurons raté un des buts clés de cette conférence.
L’autre préoccupation, c’est justement la guerre ou l’insécurité menée par les groupes armés congolais qui s’affrontent entre eux ou contre les forces gouvernementales avec des conséquences incalculables sur les populations civiles sans oublier la mort de nos enfants de deux côtes de front.
Les rapports des ONG des Droits de l’Homme, mettent sur le compte des groupes armés congolais et même des FARDC les violations massives des droits de l’homme et donc de l’insécurité.
Faire cesser ces guerres et cette insécurité c’est l’autre but que nous devons garder comme obligation de résultat, alors nous pourrons compter positivement dans l’histoire.
Dans l’histoire récente de notre pays, nous avons eu à négocier la paix et ses corollaires, d’ailleurs il y a parmi nous des négociateurs principaux des composantes et entités qui y avons participé.
Grâce à ces négociations connues sous le nom des « Accords de Sun City », les acteurs politiques et militaires et ceux de la société civile ont mis fin à la guerre.
Pendant toute la transition, malgré les multiples crises sérieuses qui l’ont secoué multiples crises sérieuses qui l’ont secoué, le pays a été réunifié, l’autorité de l’Etat rétablie sur l’ensemble du territoire national, le niveau de l’insécurité commençait à baisser sensiblement, la réforme du système sécuritaire avançait à pas de géant avec 15 brigades brassées et la démobilisation de plus de 100.000 personnes ,les élections ont été tenues,même si c’est avec critiques parfois sérieuses, mais l’important ce que les résultats ont été acceptés par tous, réglant ainsi la crise de légitimité que nous traînions derrière nous depuis le lendemain de l’indépendance.
Pour avoir été pendant 3 ans et demi l’un des artisans de cette transition difficile et même du processus électoral, ayant eu sous ma coordination tous les ministères de souveraineté et bien d’autres dont la Presse, le Genre et les Affaires Humanitaires, je dois avouer que les acquis de la transition sont une œuvre commune, de même que les élections le sont, étant à la tête d’un parti politique d’opposition qui dispose de 15 membres à l’Asseemblée nationale, de 7 sénateurs et de 42 députés provinciaux dans 10 provinces sauf dans la mienne du Sud-Kivu !
Personne n’a donc le droit de s’attribuer les acquis de la transition et du processus électoral. C’est à plusieurs que l’on gagne, et tel devrait être l’esprit de cette Conférence.
Ces acquis rappelons-le, ont permis au pays de ne pas retourner dans une guerre généralisée, ce qui aujourd’hui compliquerait la situation.
Discutant avec vous de la problématique de l’insécurité au Kivu, la question majeure est de savoir, comment, alors que nous avons des institutions issues des élections, l’insécurité a repris et s’est même généralisée au Kivu ?
Qu’est-ce qui explique qu’il y ait parmi nous les représentants des groupes armés congolais, permettez-moi l’expression, toutes ethnies confondues ?
Y a-t-il des problèmes non réglés par la transition et les élections et qui seraient à la base du retour à la guerre et à l’insécurité généralisée ?
Quel est le rôle mieux , pourquoi l’élite en général et l’élite politique du Kivu en particulier qui pourtant regorge des profils respectables et dotés d’influence considérable sur le plan national n’arrive pas à régler ses problèmes au point d’agacer les originaires des autres provinces ?
Enfin, nous devons considérer que nous avons une opportunité quasi unique en son genre pour influencer considérablement le cours de l’histoire de notre pays et de nos deux provinces afin que demain après la conférence,
-le cultivateur aille aux champs sans peur de se faire tuer ou ravir la récolte ;
-le pêcheur aille à la pêche pour partager ensuite savec sa famille le produit de sa pêche ;
-le pasteur ou berger puisse paître ses brébis sans se faire agresser ou se voir arracher le produit de sa ferme ;
-le citadin aille dans ses activités sans craindre de se faire liquider au soir sur la route ou devant sa maison.…….
Mais comme il faut bien s’en rendre compte, l’insécurité n’est pas seulement dans les territoires de RUTSHURU et de MASISI, mais dans tous nos Territoires, toutes nos villes et localités du Kivu.
Aussi, l’insécurité n’est pas que physique elle est aussi psychologique ; en d’autres termes, il s’agit d’un état d’esprit. Ne dit-on pas que la paix n’est pas que l’absence de la guerre. Il en est de même de la sécurité.
De quoi avons-nous peur ? Pourquoi avons-nous peur le uns des autres ? Arrêtons cette peur. s
Qu’elle soit physique ou psychologique et quelques soient ses auteurs, l’insécurité au Kivu a conduit aux conséquences qui ne peuvent pas nous laisser insensibles ni indifférents.
II. Causes et Conséquences de l’insécurité au Kivu
A) Causes
Parmi les causes de l’insécurité au Kivu, il y a lieu de noter :
-la pauvreté ;
-la mauvaise gouvernance au niveau provincial et national ;
-l’absence d’un Etat de droit ;
-la compétition qui débouche sur un discours politique basé sur la haine ethnique et l’exclusion ;
-l’instrumentalisation des communautés par le pouvoir depuis très longtemps selon le principe « Diviser pour mieux régner » ;
-la mauvaise gestion des revendications des groupes qui ne sont pas rencontrées ou canalisées ;
-l’incidence des problèmes sous-régionaux à tort ou à raison ;
-la jeunesse de notre démocratie ;
-la difficulté de gérer la victoire politique ;
-la gestion chaotique des problèmes des minorités notamment le comportement de la majorité qui a gagné les élections par rapport aux minorités qui les ont perdues, sachant du reste que la victoire électorale est encore liée à la tribu et non au programme politique. -le manque d’un leadership efficace et d’une élite responsable ;
-l’absence d’une politique de réconciliation nationale et de vision commune sur les valeurs, etc.
B) Conséquences
Sans vouloir nous engager dans un débat sur les chiffres des morts qui varient selon les intervenants et les différents rapports existants ni selon les causes de la mort dont certaines sont liées à la détérioration de la situation socio-économique du pays depuis plusieurs décennies, et en attendant des rapports plus concluants, la première des conséquences de l’insécurité au Kivu, c’est justement la mort qui frappe tôt le matin, en plein midi,tard le soir ou au milieu de la nuit.
Elle frappe en villes, en campagnes, dans la majorité et dans la minorité, dans les rangs des nos forces armées et des groupes armés, parmi les jeunes, les vieillards,les femmes et jeunes filles constituant la catégorie la plus ciblée ; les femmes souffrent atrocement des effets des viols et se considèrent comme mortes quoique vivantes.
Utilisé comme arme de guerre ou pas, le viol déshumanise celles qui donnent naissance à l’homme. Le viol détruit nos jeunes filles et nos foyers, et lorsqu’il s’accompagne de la contamination du VIH/SIDA, l’on meurt doublement et à plusieurs.
Parmi les conséquences, il y a également le maintien des nos populations dans le sous-développement. En effet, la pauvreté et l’insécurité font un cercle vicieux.
Plus nous sommes en insécurité, plus nous serons pauvres. Et plus nous sommes pauvres, plus nous serons en insécurité.
(Exemple de la Sucrerie de KILIBA et ma démarche auprès de la BAD)
-la réminiscence des torts causés par les uns vis-à-vis des autres et vice-versa.
-la persistance des tensions entre les communautés et le risque d’embasement des provinces dus au fait que la faute d’un chef de groupe armé est d’office imputable à son groupe ethnique et parfois pris comme tel par le pouvoir ou les forces ou services de sécurité qui, à leur tour violent les droits individuels et collectifs des groupes concernés.
-le déplacement massif des populations qui ne peuvent pas rester dans leurs maisons ni y retourner de peur de se faire agresser ou tuer. Environnant un million des déplacés au Nord-Kivu , c’est-à-dire plus que le DARFOUR, nous sommes devant une véritable catastrophe humanitaire.
-le maintien des réfugiés à l’extérieur plus pour des raisons liées à l’insécurité à leur retour ou du fait de leur identité créant ainsi des frustrations qui débouchent à des actions armées.
-la survivance à dessein de nuire, des questions identitaires qui suggère qu’il y aurait des communautés totalement congolaises et d’autres étrangères ou de nationalité douteuse rendant ainsi apatrides aux yeux de l’opinion certains congolais à part entière.
-le retard de l’ensemble du pays qui doit consacrer beaucoup de son attention, de son énergie, des moyens financiers ou logistiques, de son temps aux problèmes du Kivu,presque en mettant de côté les autres provinces.
C) Les acteurs de l’insécurité au Kivu
1. Comme cela a été déjà dit,le phénomène des groupes armés étrangers : EX FAR, INTERAHAMWE, FDLR, RASTA, NALU, ADF, LRA et FNL qui sèment la désolation est une honte et une charge à la fois.
Nous devons nous en débarrasser et trouver des solutions durables à cet égard.
2. Les groupes armés congolais, quelques soient leurs tendances ou revendications n’ont pas le droit de causer l’insécurité et la désolation parmi la population. C’est insupportable et injustifiable et ça doit prendre absolument fin.
3. Les forces de l’ordre, en particulier l’armée et la police quelques soient la noblesse de leurs motifs ,ils ne sont pas fondés de tuer,violer, arrêter les civils et faire régner un climat de peur et d’insécurité en violation des droits de l’homme.
A l’égard des civils, leur comportement devrait être un exemple à suivre : mettre en avant la protection des civils.
III. Plaidoyer pour la construction de la sécurité comme facteur essentiel de paix et de développement durables au Kivu
Mesdames,Messieurs,
Plus haut nous avons indiqué que cette période constitue pour nous tous un grand rendez-vous avec l’histoire.
Nous devons donc prendre ce temps au sérieux et ne pas le gaspiller, sinon nous le regretterons ensemble.
Le monde nous regarde ,l’Afrique et la Région,la Nation aussi ;mais surtout la population du Kivu constituée par nos frères et sœurs, parents, fils et filles dont les yeux sont braqués sur GOMA en quête de la paix, de la sécurité et du développement.
Nous avons donc le devoir de vaincre la peur y compris celle que nous causons, de faire les propositions courageuses en dépit de l’incompréhension, après tout, c’est la personne humaine qui est en jeu.
Autant la paix a un prix, autant la sécurité a un prix. Il faut les identifier et les payer pour vivre.
De la liste imaginable des principes de solution face à l’absence de la paix et de la sécurité au Kivu, nous sommes convaincus de vous partager les suivants, fruits eux-mêmes de notre propre conviction :
A) L’exercice des valeurs morales ou spirituelles ou la force du pardon
A cause des torts que nos parents, nos aînés et nous-mêmes nous nous sommes causés, nos enfants vivent constamment dans la peur du lendemain. Ils pensent que nous sommes des ennemis (entre communautés), et désespèrent de vivre des lendemains meilleurs et préfèrent fuir pour aller vivre à l’étranger peut être pour ne plus revenir.
Et pourtant, Dieu nous a doté d’un véritable paradis sur terre. En effet, le Nord et le Sud-Kivu sont parmi les lieux les plus beaux du globe terrestre. Qu’en faisons-nous ?
Pour remédier à cette situation, nous devons recourir à ce même Dieu qui nous demande de vivre selon les valeurs du Créateur pour ne pas nuire aux autres créatures.
En clair nous ne saurons pas faire la comptabilité de tous nos torts réciproques et nous exiger réciproquement réparation.
Qui devra à qui et combien de temps durerait l’exercice ?
La solution à la portée de nos mains qui ne demande ni argent ni temps, c’est le pardon. C’est ça la force qui peut me libérer de ne plus avoir peur de toi mon frère, ma sœur,et te libérer de la peur de moi malgré nos différences naturelles qui, elles, resteront.
Tous les peuples réputés grands et qui ne se sont pas exterminés finissent par arrêter le cycle de violence et d’insécurité en se pardonnant pour le passé dans une sorte de pacte par lequel ils prennent des engagements pour l’avenir.
Les valeurs morales et spirituelles et en l’occurrence le pardon en vue de la réconciliation et de l’unité des Kivutiens me parait être comme la lettre A pour le reste de l’alphabet.
Le pardon nous en avons besoin plus que jamais et à partir d’aujourd’hui.
Sans le pardon sincère, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni convivialité, ni développement.
Sans le pardon, même notre espérance de vie au Kivu sera écourtée. Par contre si nous nous pardonnons nous nous regarderons avec des nouveaux regards d’assurance réciproque et nous travaillerons main dans la main pour réussir les défis qui se posent devant nous.
Le pardon sincère et réciproque, voilà la clé de la paix des braves.
B. Les mécanismes de prévention et résolution des conflits ultérieurs
Comme communautés du Kivu, nous devons développer les capacités en vue de mettre sur pied des mécanismes de prévention et de résolution des conflits.
S’agissant de la prévention, l’objectif principal de l’action préventive est d’agir efficacement contre les premiers symptômes d’un conflit afin de l’étouffer et éviter son éclatement, car le conflit, généralement on le voit venir.
Cette action tend à canaliser et à transformer les contradictions à la base du conflit en complémentarités constructives et solidaires grâce à l’exploitation des vertus de la paix.
Lorsqu’un conflit a déjà éclaté, comme c’est le cas aujourd’hui où nous avons plusieurs conflits déjà éclatés, nous devons aussi utiliser nos volontés et nos énergies quelles que soient nos tendances politiques et nos intérêts pour parvenir à contribuer efficacement, à côté de l’Etat au règlement définitif des crises ou des conflits. Il faut notamment :
1) Concevoir la création des institutions, des organismes ou structures permanentes qui veilleront à la paix et à la sécurité de tous, sans avoir la prétention de remplacer celles étatiques mais en les appuyant.
Ces structures peuvent s’appeler OMBUDSMAN (d’origine suédoise), observatoire ou autrement, leur composition peut être définie, le plus important sera leur mission à savoir empêcher les conflits ou aider à régler ceux latents ou ouverts. Elles devraient également s’occuper des abus que causent les services de l’Etat.
2) Concevoir la politique de réconciliation nationale avec une dimension particulière pour le Kivu.
Ici la politique à concevoir en matière de réconciliation nationale consiste à identifier les causes récurrentes et les acteurs principaux ou cycliques en matière des conflits et proposer des réponses permanentes, en termes des principes, ou alors une dynamique en vue des solutions progressives.
Il s’agit en d’autres termes de développer une vision claire basée sur les valeurs comme la tolérance, la justice, l’égalité.
Cette vision doit guider les gouvernants à tous les niveaux, couler en force des lois ou de règlement selon les cas et conduire à des sanctions mêmes très sévères le cas échéant.
3) Mettre en œuvre le principe constitutionnel de protection des minorités
Le concept étant sujet à des controverses dans notre pays pour des raisons politiques, il y a lieu cependant de considérer qu’il est consacré dans notre Constitution comme obligation étatique et déjà il l’était dans les instruments juridiques internationaux.
En réalité ce concept concerne « quiconque » se trouverait dans une situation spécifique répondant à la définition par rapport à la discrimination due à l’ethnie, au sexe, à la race, à la langue, à la culture ou la religion.
Dans le cas du Kivu, cette question mérite une enquête sérieuse pour que de toute évidence toute question découlant de ce problème soit réglé selon les principes nationaux et ceux universellement reconnus.
La protection des minorités constitue un principe constitutionnel dans notre pays. Il faudrait une loi et des règlements pour la mise en œuvre de ce principe.
C. Observer la culture démocratique : élections libres transparentes et démocratiques.
Sans revenir à la crise de légitimité que le pays a connu pendant plusieurs décennies, ce qui entraîné la cohorte des malheurs, il y a lieu de considérer que les élections générales ( en attendant les locales ) passées en 2006, quoique imparfaite en terme de liberté, de transparence et démocratie, mais pour avoir été les premières à être organisées dans un contexte multipartite depuis plus de 40 ans, viennent de régler la crise de légitimité.
La consolidation de la paix et de la sécurité en RDC en générale et au Kivu en particulier passe par la tenue régulière des élections selon les mandats constitutionnels. Mais pour jouer cette fonction, elles doivent être véritablement libres, transparentes et démocratiques c’est-à-dire dépourvues de fraudes et d’autres entorses par rapport à la démocratie.
Les personnes élues démocratiquement doivent être responsables et comptables de leurs actions et être sanctionnées après leurs mandats par rapport à leurs programmes mais aussi à leur comportement au regard de la réconciliation nationale.
En clair, si un candidat utilise un discours de haine ethnique et d’exclusion pour se faire élire, quel que soit le niveau où il concourt, il devrait voir son élection annulée. Et si c’est au cours de son mandat qu’il entreprend cette sale besogne, il devrait en répondre devant la justice sans couverture de l’immunité ou la lui enlever selon une procédure simplifiée et accélérée.
Aussi la culture démocratique devra conduire le Kivu et la RDC à produire des dirigeants élus non sur base de l’extrémisme, de fraude ou d’autres antivaleurs mais sur base des vertus et des profils devant aider à cimenter la réconciliation nationale et Kivutienne.
Cela est aussi le prix à payer pour une paix et une sécurité durables.
D. Construire l’Etat de droit et la Bonne Gouvernance
La RDC en général et le Kivu en particulier souffrent depuis longtemps des méfaits de la mauvaise gouvernance politique, économique et social.
Le degré de corruption, de non respect des lois et des règlements, de manque de transparence, de violation des droits de l’homme, le degré avancé de faiblesse des institutions, de l’opposition et de la société civile ; et l’existence d’une presse abondante mais parfois non véritablement libre ou abusée par le pouvoir, constituent des signes indéniables qui doivent nous interpeller. Nous devons donc renforcer nos capacités à tous les niveaux.
Plus ces signes persistent au niveau national et local, plus règnera l’absence de paix, de sécurité et de développement. Par contre, régler les problèmes liés à l’Etat de Droit et à la gouvernance ouvre la porte de la prospérité partagée entre communautés avec des intérêts communs. Le rôle de la Justice indépendante et impartiale reste comme un rempart pour toutes les victimes qui peuvent s’en prévaloir, avec des sanctions renforcées s’agissant de la corruption, du détournement, mais aussi et surtout de la haine ethnique, infraction qui reste méconnue, pourtant prévue mais faiblement punie par notre code pénal.
E. Lutte contre la pauvreté : développement économique et social
La RDC en général et le Kivu en particulier constituent un paradoxe en matière de richesses et de pauvreté. Si notre pays est réputé naturellement riche (minerais, eaux, forêts, énergie …) avec des ressources humaines considérables dont la forte densité au Kivu, notre population vit dans une extrême pauvreté, l’espérance de vie étant de 42 ans, selon le rapport du PNUD. Pourtant le Kivu fut le grenier du Zaïre. Nous pouvons répéter l’expérience et même exporter les produits vivriers.
Le sous-développement et la pauvreté créent un climat d’insécurité propice aux conflits, les populations vivant dans des conditions infrahumaines et d’extrême pauvreté étant exposées à la violence.
A la suite de ce constat, il est indispensable de favoriser la croissance économique accompagnée, toutefois, d’une justice distributive. La relance de l’économie et la reconstruction des infrastructures sociales consolidant les sentiments nationaux et provinciaux et, par conséquent, la paix sociale et la sécurité de tous. Au Kivu et partout en RDC, il nous faut de bonnes structures et de bons programmes pour assurer l’instruction, l’éducation de la jeunesse, assurer les soins de santé primaire, créer des emplois.
Il faut assurer l’assainissement des finances publiques, garantir des micro et macro crédits, et assurer la croissance économique, attirer les investisseurs, rationaliser l’exploitation des minerais etc …
Si l’économie et le social se portent bien, nous serons à l’abri des conflits du fait de la pauvreté.
F. Répondre aux revendications légitimes en suspens
Parmi les causes recensées qui sont à la base de l’insécurité ou qui résultent de celle-ci comme conséquences, il y a des questions légitimes d’ordre humanitaire, social, politique ou autres. L’Etat, dans l’exercice de ses missions multiples, doit rencontrer ce genre de revendications.
1) C’est, notamment, le retour des réfugiés congolais qui doit se faire comme relevant de l’urgence. Il n’existe pas de raisons suffisantes pour maintenir une partie de sa population à l’extérieur du pays ou donner l’impression que l’on n’est pas pressé pour les faire rentrer. Il faut un programme clair du retour de tous les réfugiés congolais assorti d’un calendrier et des moyens suffisants.
Il faut également et rapidement éliminer l’insécurité de leurs milieux d’accueil, et, sans les sacrifier, comprendre que leur présence dans leur milieu d’origine contribuera à chasser l’insécurité. Il faut également qu les populations locales du Kivu en particulier, qui les accueilleront, soient conscientisées favorablement pour ne pas vivre l’hostilité non condamnée de Moba face à un retour imaginaire des membres d’une communauté pour s’installer chez eux. Et pourtant, la Constitution reconnaît à chaque congolais le droit de s’installer où il veut sur l’ensemble du territoire national.
2) L’autre question insupportable, c’est le nombre de 800 000 déplacés dans la seule province du Nord-Kivu. De toute urgence, cette question est à régler, car elle s’apparente à un abandon «des siens» pour nous tous. Il faut également, un programme assorti d’un calendrier et des moyens adéquats. Nous n’avons pas à reporter pour plus tard, mais à conjuguer nos efforts pour mettre fin à cette catastrophe maintenant !
3) Les revendications liées à l’instrumentalisation des populations civiles, à l’intoxication, à la propagande, ou propagation de la haine ethnique, au traitement discriminatoire en matière des droits et devoirs des citoyens et des droits de l’homme en particulier, y compris les fausses questions identitaires, toutes ces revendications devraient trouver une oreille attentive et connaître un règlement définitif. Il vaut mieux faire un catalogue des revendications de toutes les communautés, en juger objectivement la pertinence et régler celles qui sont justifiées quelque soit ce qu’en pense l’opinion. C’est là la responsabilité des leaders.
G. Les demandes des groupes armés congolais
Etant donné l’existence de plusieurs groupes armés congolais invités à la Conférence, l’examen minutieux de leurs cahiers de charge permettra de sélectionner les demandes justes et fondées auxquelles l’Etat devra réserver des réponses positives et urgentes.
Pour des demandes non fondées, il faudrait, avec tact et diplomatie, le leur démontrer en toute fraternité.
Les conférenciers devraient consacrer beaucoup de temps pour l’examen de ces demandes. Il en va de l’issue même de la Conférence pour être sûr que nous contribuerons de manière significative à mettre fin à la guerre dans une semaine, date de la clôture probable de nos travaux.
L’une des questions qui constituent la demande des groupes armés congolais, c’est leur sort. Ici, je pense qu’il nous faut des propositions courageuses au gouvernement. En effet, après réflexions, nous n’avons pas beaucoup d’options. En clair, nous devons leur offrir soit l’intégration ou la démobilisation, soit la prison ou la liberté, soit les poursuites judiciaires ou le classement des dossiers sans suite pour inopportunité des poursuites, soit encore la revanche ou le pardon. Il est même possible de faire des propositions croisées, mais le plus important c’est de trouver des principes de solutions simples ou croisés, pourvu qu’elles soient en mesure de mettre fin à la guerre, sinon ce sera des dépenses inutiles, du temps perdu et la consécration de notre incapacité, si après la Conférence, nous n’aurons ni paix, ni sécurité, ni développement.
Probablement, les vrais enjeux de la Conférence, si nous voulons une solution ultime, se situe à ce niveau-là. Je conseille plus de sagesse et d’inspiration sur comment le règlement des conflits armés s’opère dans d’autres pays. A un moment donné de l’histoire, nous devons savoir identifier l’essentiel duquel dépend le reste.
L’important est de décider par rapport à nos intérêts majeurs du Kivu et de la nation, et de s’assumer, même si nous pouvons ne pas être compris dans l’immédiat. Plus tard, l’Histoire et l’opinion nous donneront raison.
H. La question des groupes armés étrangers et la convergence des intérêts sous-régionaux
Beaucoup de choses ont été dites précédemment par rapport à la désolation qu’ils causent à notre population. Tout en soutenant les mécanismes en cours au niveau bilatéraux, sous-régionaux, de la Tripartite plus un avec la facilitation américaine, ainsi que de l’implication onusienne (processus de Nairobi), nous devons recommander le retour effectif des réfugiés rwandais dans leur pays, et le désarmement des groupes armés rwandais, ougandais et burundais se trouvant sur le sol congolais, sans plus rien attendre. Notre paix et notre sécurité sont à ce prix-là. Après leur désarmement, leur sort dépendra de ceux qui ont commis le génocide ou pas. Aussi des projets économiques et sécuritaires comme la CEPGL ou ceux intégrateurs de la conférence des Pays des Grands Lacs doivent être considérés et recommandés par les participants à titre prioritaire.
I. Le leadership efficace et l’élite responsable
Dans mon expérience du pouvoir, je suis arrivé à comprendre et à réaliser que les élections et les bons programmes ne suffisent pas, bien qu’ils soient nécessaires et indispensables.
Au-delà de ce qui a été dit comme valeurs pour la construction de la sécurité en vue d’une paix et d’un développement durable du Kivu, un bon leadership me paraît une valeur sure et complémentaire dont le Kivu et la RDC ont besoin.
Les leaders, mieux nos leaders doivent être porteurs de vision et de valeurs pour réussir, prévenir les conflits et les résoudre pacifiquement le cas échéant, sauf cas extrême. Ils doivent développer en eux les qualités requises pour être à la hauteur de la tâche. Beaucoup de petits conflits deviennent des grandes crises à la suite de mauvais leadership.
Pour quitter le contexte de conflits armés généralisés, et tourner définitivement la page, notre pays a besoin d’un leadership visionnaire, dont la vision est basée sur sa position stratégique et ses richesses sur base d’un plan global de développement et de sécurité.
Elle doit être basée également sur les éléments du futur, par rapport à la place qu’il veut occuper sur l’échiquier international.
Le leadership de la province et de la RDC doit être également caractérisé par des valeurs comme l’intégrité, l’honnêteté, la justice, la droiture, la simplicité, la discipline, la modération, la tolérance, la réconciliation et la paix.
C’est en étant un homme de paix soi-même que l’on peut procurer la paix aux autres, et éviter au maximum les conflits. C’est en étant juste que le leader peut rendre justice et avoir le courage de punir et de sanctionner les coupables. C’est en étant intègre que le leader peut efficacement combattre la corruption et les autres anti-valeurs et partager ainsi les richesses, ce qui évitera les conflits.
C’est en étant modéré qu’un leader peut promouvoir la tolérance, la réconciliation nationale et combattre l’extrémisme qui conduit aux conflits.
Nous avons besoin du leadership qui sert, qui met les intérêts de la population au devant des siens, et au centre de toutes ses préoccupations. Le leadership efficace, combiné à l’élite responsable, voilà une autre pierre précieuse à ajouter comme valeur pour la construction de la sécurité en vue d’une paix et d’un développement durable en RDC en général et au Kivu en particulier.
Conclusion
La Conférence sur la paix, la sécurité et le développement, est à la fois une grande responsabilité et une grande ambition pour nous tous. C’est l’un des rendez-vous historiques de notre peuple. Le gouvernement et la Communauté internationale ayant pourvu des moyens pour se faire, notre volonté doit entraîner notre détermination pour proposer et décider, selon les cas, pour le devenir de nos enfants et de nous-mêmes.
Puissions-nous tous comprendre les enjeux, les défis et assumer notre responsabilité maintenant.
Que Dieu bénisse la RDC.
Qu’il bénisse le Kivu.
Je vous remercie.
Goma, le 10 janvier 2008
Me AZARIAS RUBERWA
Vice-Président honoraire
Président du RCD
VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE HONORAIRE
THEMATIQUE : « SECURITE »
SUJET : « La sécurité comme facteur essentiel de la construction d’une paix durable et du développement au Kivu (RDC) »
Monsieur le Président du Bureau de la Conférence sur la Paix,la Sécurité et le Développement dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu ;
Monsieur le président de l’Assemblée Nationale ;
Distingués Invités ;
Mesdames et Messieurs,
Je considère comme un privilège le fait pour moi de m’adresser aux membres de cette auguste assemblée dans un contexte historique où, nous tous, compatriotes originaires de deux provinces du Kivu avons à répondre à un rendez-vous avec l’histoire.
Ce rendez-vous est celui de construire ensemble une paix,la sécurité et le développement c’est-à-dire dégager notre responsabilité dans la recherche de la paix, à côté de la responsabilité première de l’Etat et des autres acteurs non étatiques avec le soutien combien important de la communauté internationale.
J’interviens donc en ma qualité de personnalité ayant suivi de près le processus de paix dans notre pays ,ayant exercé les fonctions de Vice-président chargé des Questions Politiques, Défense et Sécurité et de Président de l’un des partis politiques de l’opposition qui a participé aux élections générales et disposant des sièges dans les deux chambres du Parlement et dans les institutions provinciales
Le thème qui m’a été proposé est celui de la sécurité. Cependant en examinant de près les matières de notre conférence, elles sont à ce point transversales que l’on ne peut parler de la sécurité au Kivu, sans parler de la paix ni du développement. Car sans la sécurité il n’y a ni paix ni développement.
Ainsi donc, il existe un lien entre ces concepts qui ne peut être rompu pour tout communicateur averti.
Voilà pourquoi, j’ai reformulé l’intitulé de mon sujet en ces termes : « La sécurité comme facteur essentiel de la construction d’une paix durable et du développement au Kivu (RDC) »
Ne disposant que de quinze minutes, je n’aborderai pas les définitions des concepts ; mais avant cela permettez-moi de noter avec satisfaction la convocation de cette conférence par le Président de la République et le soutien du Gouvernement et de la Communauté Internationale ainsi que le soutien des nos élus, de l’opposition et de l’ensemble de notre population.
S’agissant de la situation au Kivu, notre exposé va donc s’articuler autour de la problématique de la sécurité ou de l’état des lieux (I) des causes et des conséquences de l’insécurité (II) des principes de solution dans un plaidoyer en faveur de la construction de la sécurité pour une paix et un développement durables(III).
I. Problématique de la sécurité au Kivu : Etats des lieux.
Depuis l’indépendance, l’espace qui constitue aujourd’hui les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu a connu beaucoup d’insécurité.
Toutes les rébellions sérieuses qui ont secoué notre pays partent et/ou se développent toujours à partir de l’Est et en particulier du Kivu.
Il s’agit notamment de la rébellion Muleliste pendant laquelle je suis né, celle de Jean Schram, celle de Laurent Désiré Kabila dans le maquis de FIZI pendant des décennies et pendant qu’il était pourchassé par le régime Mobutu, celle de l’AFDL, du RCD, de plusieurs groupes Maimai et des groupes plus récents dont PARECO, CNDP, GROUPE DE 47 etc.
S’il est vrai que le Kivu peut être considéré comme le berceau des révolutions dont celle de l’AFDL qui a changé le régime Mobutu de 32 ans de règne, il est aussi vrai d’affirmer que les révolutions ,les guerres ,les résistances armées etc. ont engendré de l’insécurité.
Par exemple, pour ma génération, je suis donc né dans l’insécurité et ai grandi en elle et comprends facilement de quoi il s’agit.
Voilà pourquoi nous devons capitaliser ces assises pour y mettre définitivement fin si nous voulons demain compter comme peuple de ce pays, de cette région. Sinon, cette insécurité nous emporterait.
Par ailleurs, depuis l’arrivée des EX-FAR et INTERAHAMWE en RDC, après le génocide Rwandais, l’insécurité a été totale dans nos deux provinces du Kivu.
Ce phénomène honteux nous a parfois divisé alors que des populations du Kivu continuent à subir les affres de leurs actions macabres parfois dans un silence coupable. Quand ce ne sont pas nos filles, sœurs ou mamans qu’ils violent, ce sont nos compatriotes qu’ils tuent.
Dès lors la question est de savoir si nous Kivutiens réunis en conférence avons suffisamment de volonté, de courage et de vision commune pour dénoncer, faire face et exiger du Gouvernement de mettre fin à ce règne des groupes armés étrangers.
En d’autres termes, au-delà des accords et des communiqués conjoints comme les accords de NAIROBI, des mécanismes de tripartite plus un et d’autres encore qui sont à encourager, sommes-nous prêts à jouer à fond notre part de responsabilité ?
Nous devons faire des recommandations sérieuses certes, mais si après cette conférence les exactions contre nos populations par des groupes armés continuent, nous aurons raté un des buts clés de cette conférence.
L’autre préoccupation, c’est justement la guerre ou l’insécurité menée par les groupes armés congolais qui s’affrontent entre eux ou contre les forces gouvernementales avec des conséquences incalculables sur les populations civiles sans oublier la mort de nos enfants de deux côtes de front.
Les rapports des ONG des Droits de l’Homme, mettent sur le compte des groupes armés congolais et même des FARDC les violations massives des droits de l’homme et donc de l’insécurité.
Faire cesser ces guerres et cette insécurité c’est l’autre but que nous devons garder comme obligation de résultat, alors nous pourrons compter positivement dans l’histoire.
Dans l’histoire récente de notre pays, nous avons eu à négocier la paix et ses corollaires, d’ailleurs il y a parmi nous des négociateurs principaux des composantes et entités qui y avons participé.
Grâce à ces négociations connues sous le nom des « Accords de Sun City », les acteurs politiques et militaires et ceux de la société civile ont mis fin à la guerre.
Pendant toute la transition, malgré les multiples crises sérieuses qui l’ont secoué multiples crises sérieuses qui l’ont secoué, le pays a été réunifié, l’autorité de l’Etat rétablie sur l’ensemble du territoire national, le niveau de l’insécurité commençait à baisser sensiblement, la réforme du système sécuritaire avançait à pas de géant avec 15 brigades brassées et la démobilisation de plus de 100.000 personnes ,les élections ont été tenues,même si c’est avec critiques parfois sérieuses, mais l’important ce que les résultats ont été acceptés par tous, réglant ainsi la crise de légitimité que nous traînions derrière nous depuis le lendemain de l’indépendance.
Pour avoir été pendant 3 ans et demi l’un des artisans de cette transition difficile et même du processus électoral, ayant eu sous ma coordination tous les ministères de souveraineté et bien d’autres dont la Presse, le Genre et les Affaires Humanitaires, je dois avouer que les acquis de la transition sont une œuvre commune, de même que les élections le sont, étant à la tête d’un parti politique d’opposition qui dispose de 15 membres à l’Asseemblée nationale, de 7 sénateurs et de 42 députés provinciaux dans 10 provinces sauf dans la mienne du Sud-Kivu !
Personne n’a donc le droit de s’attribuer les acquis de la transition et du processus électoral. C’est à plusieurs que l’on gagne, et tel devrait être l’esprit de cette Conférence.
Ces acquis rappelons-le, ont permis au pays de ne pas retourner dans une guerre généralisée, ce qui aujourd’hui compliquerait la situation.
Discutant avec vous de la problématique de l’insécurité au Kivu, la question majeure est de savoir, comment, alors que nous avons des institutions issues des élections, l’insécurité a repris et s’est même généralisée au Kivu ?
Qu’est-ce qui explique qu’il y ait parmi nous les représentants des groupes armés congolais, permettez-moi l’expression, toutes ethnies confondues ?
Y a-t-il des problèmes non réglés par la transition et les élections et qui seraient à la base du retour à la guerre et à l’insécurité généralisée ?
Quel est le rôle mieux , pourquoi l’élite en général et l’élite politique du Kivu en particulier qui pourtant regorge des profils respectables et dotés d’influence considérable sur le plan national n’arrive pas à régler ses problèmes au point d’agacer les originaires des autres provinces ?
Enfin, nous devons considérer que nous avons une opportunité quasi unique en son genre pour influencer considérablement le cours de l’histoire de notre pays et de nos deux provinces afin que demain après la conférence,
-le cultivateur aille aux champs sans peur de se faire tuer ou ravir la récolte ;
-le pêcheur aille à la pêche pour partager ensuite savec sa famille le produit de sa pêche ;
-le pasteur ou berger puisse paître ses brébis sans se faire agresser ou se voir arracher le produit de sa ferme ;
-le citadin aille dans ses activités sans craindre de se faire liquider au soir sur la route ou devant sa maison.…….
Mais comme il faut bien s’en rendre compte, l’insécurité n’est pas seulement dans les territoires de RUTSHURU et de MASISI, mais dans tous nos Territoires, toutes nos villes et localités du Kivu.
Aussi, l’insécurité n’est pas que physique elle est aussi psychologique ; en d’autres termes, il s’agit d’un état d’esprit. Ne dit-on pas que la paix n’est pas que l’absence de la guerre. Il en est de même de la sécurité.
De quoi avons-nous peur ? Pourquoi avons-nous peur le uns des autres ? Arrêtons cette peur. s
Qu’elle soit physique ou psychologique et quelques soient ses auteurs, l’insécurité au Kivu a conduit aux conséquences qui ne peuvent pas nous laisser insensibles ni indifférents.
II. Causes et Conséquences de l’insécurité au Kivu
A) Causes
Parmi les causes de l’insécurité au Kivu, il y a lieu de noter :
-la pauvreté ;
-la mauvaise gouvernance au niveau provincial et national ;
-l’absence d’un Etat de droit ;
-la compétition qui débouche sur un discours politique basé sur la haine ethnique et l’exclusion ;
-l’instrumentalisation des communautés par le pouvoir depuis très longtemps selon le principe « Diviser pour mieux régner » ;
-la mauvaise gestion des revendications des groupes qui ne sont pas rencontrées ou canalisées ;
-l’incidence des problèmes sous-régionaux à tort ou à raison ;
-la jeunesse de notre démocratie ;
-la difficulté de gérer la victoire politique ;
-la gestion chaotique des problèmes des minorités notamment le comportement de la majorité qui a gagné les élections par rapport aux minorités qui les ont perdues, sachant du reste que la victoire électorale est encore liée à la tribu et non au programme politique. -le manque d’un leadership efficace et d’une élite responsable ;
-l’absence d’une politique de réconciliation nationale et de vision commune sur les valeurs, etc.
B) Conséquences
Sans vouloir nous engager dans un débat sur les chiffres des morts qui varient selon les intervenants et les différents rapports existants ni selon les causes de la mort dont certaines sont liées à la détérioration de la situation socio-économique du pays depuis plusieurs décennies, et en attendant des rapports plus concluants, la première des conséquences de l’insécurité au Kivu, c’est justement la mort qui frappe tôt le matin, en plein midi,tard le soir ou au milieu de la nuit.
Elle frappe en villes, en campagnes, dans la majorité et dans la minorité, dans les rangs des nos forces armées et des groupes armés, parmi les jeunes, les vieillards,les femmes et jeunes filles constituant la catégorie la plus ciblée ; les femmes souffrent atrocement des effets des viols et se considèrent comme mortes quoique vivantes.
Utilisé comme arme de guerre ou pas, le viol déshumanise celles qui donnent naissance à l’homme. Le viol détruit nos jeunes filles et nos foyers, et lorsqu’il s’accompagne de la contamination du VIH/SIDA, l’on meurt doublement et à plusieurs.
Parmi les conséquences, il y a également le maintien des nos populations dans le sous-développement. En effet, la pauvreté et l’insécurité font un cercle vicieux.
Plus nous sommes en insécurité, plus nous serons pauvres. Et plus nous sommes pauvres, plus nous serons en insécurité.
(Exemple de la Sucrerie de KILIBA et ma démarche auprès de la BAD)
-la réminiscence des torts causés par les uns vis-à-vis des autres et vice-versa.
-la persistance des tensions entre les communautés et le risque d’embasement des provinces dus au fait que la faute d’un chef de groupe armé est d’office imputable à son groupe ethnique et parfois pris comme tel par le pouvoir ou les forces ou services de sécurité qui, à leur tour violent les droits individuels et collectifs des groupes concernés.
-le déplacement massif des populations qui ne peuvent pas rester dans leurs maisons ni y retourner de peur de se faire agresser ou tuer. Environnant un million des déplacés au Nord-Kivu , c’est-à-dire plus que le DARFOUR, nous sommes devant une véritable catastrophe humanitaire.
-le maintien des réfugiés à l’extérieur plus pour des raisons liées à l’insécurité à leur retour ou du fait de leur identité créant ainsi des frustrations qui débouchent à des actions armées.
-la survivance à dessein de nuire, des questions identitaires qui suggère qu’il y aurait des communautés totalement congolaises et d’autres étrangères ou de nationalité douteuse rendant ainsi apatrides aux yeux de l’opinion certains congolais à part entière.
-le retard de l’ensemble du pays qui doit consacrer beaucoup de son attention, de son énergie, des moyens financiers ou logistiques, de son temps aux problèmes du Kivu,presque en mettant de côté les autres provinces.
C) Les acteurs de l’insécurité au Kivu
1. Comme cela a été déjà dit,le phénomène des groupes armés étrangers : EX FAR, INTERAHAMWE, FDLR, RASTA, NALU, ADF, LRA et FNL qui sèment la désolation est une honte et une charge à la fois.
Nous devons nous en débarrasser et trouver des solutions durables à cet égard.
2. Les groupes armés congolais, quelques soient leurs tendances ou revendications n’ont pas le droit de causer l’insécurité et la désolation parmi la population. C’est insupportable et injustifiable et ça doit prendre absolument fin.
3. Les forces de l’ordre, en particulier l’armée et la police quelques soient la noblesse de leurs motifs ,ils ne sont pas fondés de tuer,violer, arrêter les civils et faire régner un climat de peur et d’insécurité en violation des droits de l’homme.
A l’égard des civils, leur comportement devrait être un exemple à suivre : mettre en avant la protection des civils.
III. Plaidoyer pour la construction de la sécurité comme facteur essentiel de paix et de développement durables au Kivu
Mesdames,Messieurs,
Plus haut nous avons indiqué que cette période constitue pour nous tous un grand rendez-vous avec l’histoire.
Nous devons donc prendre ce temps au sérieux et ne pas le gaspiller, sinon nous le regretterons ensemble.
Le monde nous regarde ,l’Afrique et la Région,la Nation aussi ;mais surtout la population du Kivu constituée par nos frères et sœurs, parents, fils et filles dont les yeux sont braqués sur GOMA en quête de la paix, de la sécurité et du développement.
Nous avons donc le devoir de vaincre la peur y compris celle que nous causons, de faire les propositions courageuses en dépit de l’incompréhension, après tout, c’est la personne humaine qui est en jeu.
Autant la paix a un prix, autant la sécurité a un prix. Il faut les identifier et les payer pour vivre.
De la liste imaginable des principes de solution face à l’absence de la paix et de la sécurité au Kivu, nous sommes convaincus de vous partager les suivants, fruits eux-mêmes de notre propre conviction :
A) L’exercice des valeurs morales ou spirituelles ou la force du pardon
A cause des torts que nos parents, nos aînés et nous-mêmes nous nous sommes causés, nos enfants vivent constamment dans la peur du lendemain. Ils pensent que nous sommes des ennemis (entre communautés), et désespèrent de vivre des lendemains meilleurs et préfèrent fuir pour aller vivre à l’étranger peut être pour ne plus revenir.
Et pourtant, Dieu nous a doté d’un véritable paradis sur terre. En effet, le Nord et le Sud-Kivu sont parmi les lieux les plus beaux du globe terrestre. Qu’en faisons-nous ?
Pour remédier à cette situation, nous devons recourir à ce même Dieu qui nous demande de vivre selon les valeurs du Créateur pour ne pas nuire aux autres créatures.
En clair nous ne saurons pas faire la comptabilité de tous nos torts réciproques et nous exiger réciproquement réparation.
Qui devra à qui et combien de temps durerait l’exercice ?
La solution à la portée de nos mains qui ne demande ni argent ni temps, c’est le pardon. C’est ça la force qui peut me libérer de ne plus avoir peur de toi mon frère, ma sœur,et te libérer de la peur de moi malgré nos différences naturelles qui, elles, resteront.
Tous les peuples réputés grands et qui ne se sont pas exterminés finissent par arrêter le cycle de violence et d’insécurité en se pardonnant pour le passé dans une sorte de pacte par lequel ils prennent des engagements pour l’avenir.
Les valeurs morales et spirituelles et en l’occurrence le pardon en vue de la réconciliation et de l’unité des Kivutiens me parait être comme la lettre A pour le reste de l’alphabet.
Le pardon nous en avons besoin plus que jamais et à partir d’aujourd’hui.
Sans le pardon sincère, il n’y aura ni paix, ni sécurité, ni convivialité, ni développement.
Sans le pardon, même notre espérance de vie au Kivu sera écourtée. Par contre si nous nous pardonnons nous nous regarderons avec des nouveaux regards d’assurance réciproque et nous travaillerons main dans la main pour réussir les défis qui se posent devant nous.
Le pardon sincère et réciproque, voilà la clé de la paix des braves.
B. Les mécanismes de prévention et résolution des conflits ultérieurs
Comme communautés du Kivu, nous devons développer les capacités en vue de mettre sur pied des mécanismes de prévention et de résolution des conflits.
S’agissant de la prévention, l’objectif principal de l’action préventive est d’agir efficacement contre les premiers symptômes d’un conflit afin de l’étouffer et éviter son éclatement, car le conflit, généralement on le voit venir.
Cette action tend à canaliser et à transformer les contradictions à la base du conflit en complémentarités constructives et solidaires grâce à l’exploitation des vertus de la paix.
Lorsqu’un conflit a déjà éclaté, comme c’est le cas aujourd’hui où nous avons plusieurs conflits déjà éclatés, nous devons aussi utiliser nos volontés et nos énergies quelles que soient nos tendances politiques et nos intérêts pour parvenir à contribuer efficacement, à côté de l’Etat au règlement définitif des crises ou des conflits. Il faut notamment :
1) Concevoir la création des institutions, des organismes ou structures permanentes qui veilleront à la paix et à la sécurité de tous, sans avoir la prétention de remplacer celles étatiques mais en les appuyant.
Ces structures peuvent s’appeler OMBUDSMAN (d’origine suédoise), observatoire ou autrement, leur composition peut être définie, le plus important sera leur mission à savoir empêcher les conflits ou aider à régler ceux latents ou ouverts. Elles devraient également s’occuper des abus que causent les services de l’Etat.
2) Concevoir la politique de réconciliation nationale avec une dimension particulière pour le Kivu.
Ici la politique à concevoir en matière de réconciliation nationale consiste à identifier les causes récurrentes et les acteurs principaux ou cycliques en matière des conflits et proposer des réponses permanentes, en termes des principes, ou alors une dynamique en vue des solutions progressives.
Il s’agit en d’autres termes de développer une vision claire basée sur les valeurs comme la tolérance, la justice, l’égalité.
Cette vision doit guider les gouvernants à tous les niveaux, couler en force des lois ou de règlement selon les cas et conduire à des sanctions mêmes très sévères le cas échéant.
3) Mettre en œuvre le principe constitutionnel de protection des minorités
Le concept étant sujet à des controverses dans notre pays pour des raisons politiques, il y a lieu cependant de considérer qu’il est consacré dans notre Constitution comme obligation étatique et déjà il l’était dans les instruments juridiques internationaux.
En réalité ce concept concerne « quiconque » se trouverait dans une situation spécifique répondant à la définition par rapport à la discrimination due à l’ethnie, au sexe, à la race, à la langue, à la culture ou la religion.
Dans le cas du Kivu, cette question mérite une enquête sérieuse pour que de toute évidence toute question découlant de ce problème soit réglé selon les principes nationaux et ceux universellement reconnus.
La protection des minorités constitue un principe constitutionnel dans notre pays. Il faudrait une loi et des règlements pour la mise en œuvre de ce principe.
C. Observer la culture démocratique : élections libres transparentes et démocratiques.
Sans revenir à la crise de légitimité que le pays a connu pendant plusieurs décennies, ce qui entraîné la cohorte des malheurs, il y a lieu de considérer que les élections générales ( en attendant les locales ) passées en 2006, quoique imparfaite en terme de liberté, de transparence et démocratie, mais pour avoir été les premières à être organisées dans un contexte multipartite depuis plus de 40 ans, viennent de régler la crise de légitimité.
La consolidation de la paix et de la sécurité en RDC en générale et au Kivu en particulier passe par la tenue régulière des élections selon les mandats constitutionnels. Mais pour jouer cette fonction, elles doivent être véritablement libres, transparentes et démocratiques c’est-à-dire dépourvues de fraudes et d’autres entorses par rapport à la démocratie.
Les personnes élues démocratiquement doivent être responsables et comptables de leurs actions et être sanctionnées après leurs mandats par rapport à leurs programmes mais aussi à leur comportement au regard de la réconciliation nationale.
En clair, si un candidat utilise un discours de haine ethnique et d’exclusion pour se faire élire, quel que soit le niveau où il concourt, il devrait voir son élection annulée. Et si c’est au cours de son mandat qu’il entreprend cette sale besogne, il devrait en répondre devant la justice sans couverture de l’immunité ou la lui enlever selon une procédure simplifiée et accélérée.
Aussi la culture démocratique devra conduire le Kivu et la RDC à produire des dirigeants élus non sur base de l’extrémisme, de fraude ou d’autres antivaleurs mais sur base des vertus et des profils devant aider à cimenter la réconciliation nationale et Kivutienne.
Cela est aussi le prix à payer pour une paix et une sécurité durables.
D. Construire l’Etat de droit et la Bonne Gouvernance
La RDC en général et le Kivu en particulier souffrent depuis longtemps des méfaits de la mauvaise gouvernance politique, économique et social.
Le degré de corruption, de non respect des lois et des règlements, de manque de transparence, de violation des droits de l’homme, le degré avancé de faiblesse des institutions, de l’opposition et de la société civile ; et l’existence d’une presse abondante mais parfois non véritablement libre ou abusée par le pouvoir, constituent des signes indéniables qui doivent nous interpeller. Nous devons donc renforcer nos capacités à tous les niveaux.
Plus ces signes persistent au niveau national et local, plus règnera l’absence de paix, de sécurité et de développement. Par contre, régler les problèmes liés à l’Etat de Droit et à la gouvernance ouvre la porte de la prospérité partagée entre communautés avec des intérêts communs. Le rôle de la Justice indépendante et impartiale reste comme un rempart pour toutes les victimes qui peuvent s’en prévaloir, avec des sanctions renforcées s’agissant de la corruption, du détournement, mais aussi et surtout de la haine ethnique, infraction qui reste méconnue, pourtant prévue mais faiblement punie par notre code pénal.
E. Lutte contre la pauvreté : développement économique et social
La RDC en général et le Kivu en particulier constituent un paradoxe en matière de richesses et de pauvreté. Si notre pays est réputé naturellement riche (minerais, eaux, forêts, énergie …) avec des ressources humaines considérables dont la forte densité au Kivu, notre population vit dans une extrême pauvreté, l’espérance de vie étant de 42 ans, selon le rapport du PNUD. Pourtant le Kivu fut le grenier du Zaïre. Nous pouvons répéter l’expérience et même exporter les produits vivriers.
Le sous-développement et la pauvreté créent un climat d’insécurité propice aux conflits, les populations vivant dans des conditions infrahumaines et d’extrême pauvreté étant exposées à la violence.
A la suite de ce constat, il est indispensable de favoriser la croissance économique accompagnée, toutefois, d’une justice distributive. La relance de l’économie et la reconstruction des infrastructures sociales consolidant les sentiments nationaux et provinciaux et, par conséquent, la paix sociale et la sécurité de tous. Au Kivu et partout en RDC, il nous faut de bonnes structures et de bons programmes pour assurer l’instruction, l’éducation de la jeunesse, assurer les soins de santé primaire, créer des emplois.
Il faut assurer l’assainissement des finances publiques, garantir des micro et macro crédits, et assurer la croissance économique, attirer les investisseurs, rationaliser l’exploitation des minerais etc …
Si l’économie et le social se portent bien, nous serons à l’abri des conflits du fait de la pauvreté.
F. Répondre aux revendications légitimes en suspens
Parmi les causes recensées qui sont à la base de l’insécurité ou qui résultent de celle-ci comme conséquences, il y a des questions légitimes d’ordre humanitaire, social, politique ou autres. L’Etat, dans l’exercice de ses missions multiples, doit rencontrer ce genre de revendications.
1) C’est, notamment, le retour des réfugiés congolais qui doit se faire comme relevant de l’urgence. Il n’existe pas de raisons suffisantes pour maintenir une partie de sa population à l’extérieur du pays ou donner l’impression que l’on n’est pas pressé pour les faire rentrer. Il faut un programme clair du retour de tous les réfugiés congolais assorti d’un calendrier et des moyens suffisants.
Il faut également et rapidement éliminer l’insécurité de leurs milieux d’accueil, et, sans les sacrifier, comprendre que leur présence dans leur milieu d’origine contribuera à chasser l’insécurité. Il faut également qu les populations locales du Kivu en particulier, qui les accueilleront, soient conscientisées favorablement pour ne pas vivre l’hostilité non condamnée de Moba face à un retour imaginaire des membres d’une communauté pour s’installer chez eux. Et pourtant, la Constitution reconnaît à chaque congolais le droit de s’installer où il veut sur l’ensemble du territoire national.
2) L’autre question insupportable, c’est le nombre de 800 000 déplacés dans la seule province du Nord-Kivu. De toute urgence, cette question est à régler, car elle s’apparente à un abandon «des siens» pour nous tous. Il faut également, un programme assorti d’un calendrier et des moyens adéquats. Nous n’avons pas à reporter pour plus tard, mais à conjuguer nos efforts pour mettre fin à cette catastrophe maintenant !
3) Les revendications liées à l’instrumentalisation des populations civiles, à l’intoxication, à la propagande, ou propagation de la haine ethnique, au traitement discriminatoire en matière des droits et devoirs des citoyens et des droits de l’homme en particulier, y compris les fausses questions identitaires, toutes ces revendications devraient trouver une oreille attentive et connaître un règlement définitif. Il vaut mieux faire un catalogue des revendications de toutes les communautés, en juger objectivement la pertinence et régler celles qui sont justifiées quelque soit ce qu’en pense l’opinion. C’est là la responsabilité des leaders.
G. Les demandes des groupes armés congolais
Etant donné l’existence de plusieurs groupes armés congolais invités à la Conférence, l’examen minutieux de leurs cahiers de charge permettra de sélectionner les demandes justes et fondées auxquelles l’Etat devra réserver des réponses positives et urgentes.
Pour des demandes non fondées, il faudrait, avec tact et diplomatie, le leur démontrer en toute fraternité.
Les conférenciers devraient consacrer beaucoup de temps pour l’examen de ces demandes. Il en va de l’issue même de la Conférence pour être sûr que nous contribuerons de manière significative à mettre fin à la guerre dans une semaine, date de la clôture probable de nos travaux.
L’une des questions qui constituent la demande des groupes armés congolais, c’est leur sort. Ici, je pense qu’il nous faut des propositions courageuses au gouvernement. En effet, après réflexions, nous n’avons pas beaucoup d’options. En clair, nous devons leur offrir soit l’intégration ou la démobilisation, soit la prison ou la liberté, soit les poursuites judiciaires ou le classement des dossiers sans suite pour inopportunité des poursuites, soit encore la revanche ou le pardon. Il est même possible de faire des propositions croisées, mais le plus important c’est de trouver des principes de solutions simples ou croisés, pourvu qu’elles soient en mesure de mettre fin à la guerre, sinon ce sera des dépenses inutiles, du temps perdu et la consécration de notre incapacité, si après la Conférence, nous n’aurons ni paix, ni sécurité, ni développement.
Probablement, les vrais enjeux de la Conférence, si nous voulons une solution ultime, se situe à ce niveau-là. Je conseille plus de sagesse et d’inspiration sur comment le règlement des conflits armés s’opère dans d’autres pays. A un moment donné de l’histoire, nous devons savoir identifier l’essentiel duquel dépend le reste.
L’important est de décider par rapport à nos intérêts majeurs du Kivu et de la nation, et de s’assumer, même si nous pouvons ne pas être compris dans l’immédiat. Plus tard, l’Histoire et l’opinion nous donneront raison.
H. La question des groupes armés étrangers et la convergence des intérêts sous-régionaux
Beaucoup de choses ont été dites précédemment par rapport à la désolation qu’ils causent à notre population. Tout en soutenant les mécanismes en cours au niveau bilatéraux, sous-régionaux, de la Tripartite plus un avec la facilitation américaine, ainsi que de l’implication onusienne (processus de Nairobi), nous devons recommander le retour effectif des réfugiés rwandais dans leur pays, et le désarmement des groupes armés rwandais, ougandais et burundais se trouvant sur le sol congolais, sans plus rien attendre. Notre paix et notre sécurité sont à ce prix-là. Après leur désarmement, leur sort dépendra de ceux qui ont commis le génocide ou pas. Aussi des projets économiques et sécuritaires comme la CEPGL ou ceux intégrateurs de la conférence des Pays des Grands Lacs doivent être considérés et recommandés par les participants à titre prioritaire.
I. Le leadership efficace et l’élite responsable
Dans mon expérience du pouvoir, je suis arrivé à comprendre et à réaliser que les élections et les bons programmes ne suffisent pas, bien qu’ils soient nécessaires et indispensables.
Au-delà de ce qui a été dit comme valeurs pour la construction de la sécurité en vue d’une paix et d’un développement durable du Kivu, un bon leadership me paraît une valeur sure et complémentaire dont le Kivu et la RDC ont besoin.
Les leaders, mieux nos leaders doivent être porteurs de vision et de valeurs pour réussir, prévenir les conflits et les résoudre pacifiquement le cas échéant, sauf cas extrême. Ils doivent développer en eux les qualités requises pour être à la hauteur de la tâche. Beaucoup de petits conflits deviennent des grandes crises à la suite de mauvais leadership.
Pour quitter le contexte de conflits armés généralisés, et tourner définitivement la page, notre pays a besoin d’un leadership visionnaire, dont la vision est basée sur sa position stratégique et ses richesses sur base d’un plan global de développement et de sécurité.
Elle doit être basée également sur les éléments du futur, par rapport à la place qu’il veut occuper sur l’échiquier international.
Le leadership de la province et de la RDC doit être également caractérisé par des valeurs comme l’intégrité, l’honnêteté, la justice, la droiture, la simplicité, la discipline, la modération, la tolérance, la réconciliation et la paix.
C’est en étant un homme de paix soi-même que l’on peut procurer la paix aux autres, et éviter au maximum les conflits. C’est en étant juste que le leader peut rendre justice et avoir le courage de punir et de sanctionner les coupables. C’est en étant intègre que le leader peut efficacement combattre la corruption et les autres anti-valeurs et partager ainsi les richesses, ce qui évitera les conflits.
C’est en étant modéré qu’un leader peut promouvoir la tolérance, la réconciliation nationale et combattre l’extrémisme qui conduit aux conflits.
Nous avons besoin du leadership qui sert, qui met les intérêts de la population au devant des siens, et au centre de toutes ses préoccupations. Le leadership efficace, combiné à l’élite responsable, voilà une autre pierre précieuse à ajouter comme valeur pour la construction de la sécurité en vue d’une paix et d’un développement durable en RDC en général et au Kivu en particulier.
Conclusion
La Conférence sur la paix, la sécurité et le développement, est à la fois une grande responsabilité et une grande ambition pour nous tous. C’est l’un des rendez-vous historiques de notre peuple. Le gouvernement et la Communauté internationale ayant pourvu des moyens pour se faire, notre volonté doit entraîner notre détermination pour proposer et décider, selon les cas, pour le devenir de nos enfants et de nous-mêmes.
Puissions-nous tous comprendre les enjeux, les défis et assumer notre responsabilité maintenant.
Que Dieu bénisse la RDC.
Qu’il bénisse le Kivu.
Je vous remercie.
Goma, le 10 janvier 2008
Me AZARIAS RUBERWA
Vice-Président honoraire
Président du RCD