Dans le Katanga bambous, il y avait toujours 3 noms liés à l'évangile: David Mutanga, Jonas Rujogoti et Rugagaza. Et un quatrième profane, Kanenge, mais surtout humouriste, mieux le Coluche francais des années 80 pour ceux qui avaient l'âge de suivre la RFI ainsi que la télévision francaise. Kanenge a dit que le pasteur Mutanga conduira les autres dans le ciel mais que lui fera la marche arrière. Et lorsqu'il nous invita une fois à Bukavu à nous enseigner le livre le plus difficile de la Bible, l'Apocalypse, il nous dit que, sur l'inspiration satanique, les hommes ont peur de lire ce livre de Révélation des événements qui marqueront la fin du monde. C´était la phrase d'intoduction avant de disquer la prophétie Johannique par chapitres, chaque division avec son titre et suivie de commentaires savants, difficiles à comprendre par un débutant que j'étais et cela malgré mon amateurisme à l'art de la communication.
Mais le vieux pasteur s'attardant délibément sur les chapitres 6,9 et 11 par lesquels Jean raconte avoir vu un livre scellé de 7 sceaux, sceaux qui représentent mille ans de l'histoire temporelle de la terre. Les Mihuri saba, prêchait-il, dans un swahili hors de commun des mortels. Tout le monde fut suspendu à ses lèvres et un silence mortel mêlé d'angoisse s'invitant dans la salle au point qu'on avait horreur de tousser. J'eus devant moi un nouvel Albert Camus ou Emile Zola, un Munyamulenge qui n'a pas franchi le seuil de 6 année primaire.
Rujogoti Jonas, je le connais physiquement et l'ai entendu prêcher une fois. C'était la nuit. Il prêchait en faisant des courses entre les rangées, interpellant nommément les noms des femmes ou d'hommes, un vrai orateur. On le dit lui et le pasteur Mutanga être des neveux de Bagorora de la maison de mwa Nyamuhenda réputée célèbre dans l'art de la déclamation, chanter et danser à l'époque du paganisme. Les artistes sont donc partout les mêmes, dans le profane comme dans le sacré.
Quant à feu Rugagaza, je ne l'ai pas connu physiquement. Je l'entendais parler par les autres. On le disait beaucoup plus profond, plus intercesseur qu'orateur, calme, spirituellement autoritaire, aimé et admiré de tous. Qu'il repose en paix cette créature unique dans le sein d'Abraham et que ses oeuvres le suivent, aillent avec lui.
J. manangabure
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