A l’attention particulière de (du) :
Son Excellence Monsieur le Président de la R.D.C
Membres du Gouvernement de la R.D.C. ;
Toutes les Institutions Constitutionnelles de la R.D.C. ;
Représentants spécial du Secrétaire des Nations Unies ; Chers compatriotes congolais,Chers frères Kivutiens,
Les événements politiques en cours dans l’Est de la RDC présagent un risque de se retrouver encore une fois de plus, à la case départ des péripéties qui ont entraîné les deux guerres. Les médias n’ont cessé de dénoncer cette situation de ni-guerre ni-paix. Actuellement, la situation est explosive.
Le FSP, courant progressiste ayant des accises dans toutes les communtés du Grand Kivu, avait alerté la communauté tant nationale qu’internationale sur le risque de la dérive conflictuelle après les élections fallacieusement qualifiées de démocratiques en RDC.
Répétons-le, l’opinion se rappellera que les troubles de la RDC depuis son indépendance ont toujours ou presque toujours comme point de départ l’Est. De la rébellion Muleliste, qui déboucha au maquis de Hewa-Bora en passant par la guerre de Moba, celle de l’AFDL, du RCD et du MLC les canons ont débuté pour la plupart des cas à l’Est, y ont beaucoup retenti et y ont fait plus de victimes qu’ailleurs. A l’Est grouille jusqu’à ce jour, toutes les forces dites « négatives » dont la Région des Grands Lacs regorge.
Notons qu’après les élections, les Kivutiens espéraient retrouver une plénitude de paix. Malheureusement, ces aspirations se sont effritées petit à petit comme une peau de chagrin. Car, les institutions constitutionnelles de la RDC issues de ces élections au lieu de s’attaquer aux problèmes fondamentaux des conflits intercommunautaires qui couvent depuis plusieurs décennies à l’Est, débouchant régulièrement sur la discrimination des Tutsis, n’ont fait que les amplifier.
Au pire, c’est une aggravation de la situation sociopolitique et sécuritaire à laquelle nous assistons. Des déclarations des élus de la province du Sud et du Nord-Kivu sur le plateau de l’hémicycle, en passant par le mémorandum de l’archevêque de Bukavu Mgr Maroy Rusengo, jusqu’aux prises de position et des ultimatums lancés par les autorités provinciales et locales (gouverneurs de provinces, députés provinciaux, gradés de l’armée etc..) comme ceux auxquels on a observé avant la guerre de 1996, les indicateurs prouvent qu’un plan macabre concocté depuis belle lurette est entré dans sa phase finale.
Les difficultés éprouvées dans la gestion de la chose publique, les déficiences de la politique de réconciliation telle que prônée par les accords de Sun-City font que Kabila et ses ouailles ne cesseront pas de trouver des boucs-émissaires. En outre, l’arrêt du processus de mixage qui était en cours au Nord-Kivu, le refus du même processus aux hommes des troupes du Colonel Félix Bisogo et du Major Michel Rutunda Makanika prouvent une volonté manifeste de faire aboutir ledit plan macabre.
En effet, la communauté tant nationale qu’internationale n’ignore pas que les tristement célèbres génocidaires des Tutsis Rwandais en 1994 métamorphosés en combattants FDLR ont été à l’origine de deux guerres qui ont endeuillés la RDC. Ces mêmes communautés ont fraichement en mémoire les faits que les brigades mixées sous les ordres du Général Laurent Nkundabatware Mihigo au Nord-Kivu étaient en train de mener des activités militaires pharamineuses de traquer lesdites « forces négatives » que sont les Interahamwes. Subséquemment, ces activités devaient en principe se faire concomitamment au Sud comme au Nord-Kivu à travers ce processus de mixage qui d’emblée s’est révélé productif. Cependant, force est de constater que les mêmes causes produisent les mêmes effets, la paix dans le grand Kivu est désormais reléguée aux calendes grecques.
Le comble, au lieu de laisser continuer la traque de ces Interahamwes qui depuis 13 ans constituent un danger dans toute la Région des Grands Lacs aux yeux et aux oreilles de toute personne pensante, c’est les brigades mixées et le « groupe dit de 47 » qui serait à la base de l’insécurité selon les mauvaises langues. Cette considération trouve malheureusement une résonance chez certains compatriotes imbus d’un dogmatisme d’un autre âge.
Par ailleurs, alors que les Kivutiens ont voté Kabila à 98% avec une audace digne d’une vénération religieuse grâce aux promesses irréalistes, l’affront s’apparente d’emblée à un crime de lèse-majesté et fait l’effet d’un électrochoc. La réconciliation nationale et la démocratie demeurent des vœux pieux.
La prolifération des milices tribales dans les deux provinces du Sud et Nord-Kivu qui fonctionnent souvent en électrons libres, prolifération à desseins ou par instinct de conservation et surtout à cause de la déception, prouve que l’instauration de l’autorité de l’État dans cette partie de la république s’annonce herculéenne. Il est regrettable d’ailleurs que les missi dominici du fils de Mzee adoptent un ton intransigeant et affichent avec ostentation leurs liaisons dangereuses en se ralliant par un reflexe quasi pavlovien à la bannière génocidaire de la Région des Grands Lacs africains.
Au-delà de cet énième sursaut de haine tribale qui fait dorénavant office de détonateur, la région se trouve bel et bien au bord de l’implosion.
Le FSP s’insurge donc contre les velléités du régime qui veut faire des hauts plateaux du Mulenge, ainsi que du Masisi des havres pour les forces négatives. En effet, il est impérieux de dénoncer les préparatifs d’une guerre qui risque non seulement d’endeuiller la région du Grand Kivu, mais également d’embraser toute la région des grands lacs. En fait, l’aménagement des pistes d’atterrissage à Kilembwe et Hewa-Bora, la restructuration au sein de l’armée confiant le poste du commandant chargé des opérations au Général Patrick Masunzu, dont les accointances avec les Interahamwes ne sont plus à démontrer, n’augurent pas des bons lendemains pour les Kivutiens.
De plus, la chasse que les FARDC en coalition avec les Interahamwes mènent actuellement dans les hauts plateaux contre le « groupe dit de 47 » qui n’a égratigné personne, ayant le péché originel de vouloir protéger leurs congénères contre un génocide en veilleuse, alors qu’il n’est pas le seul groupe armé à ne pas se rendre au brassage, prouve combien le pouvoir en place tient à rendre apatride la communauté dans laquelle est issue ce groupe à savoir : les Banyamulenge. À ce sujet, il y a lieu de se poser la question de savoir pourquoi la milice Maï-Maï et les autres milices armées telles que : le Mudundu 40, le groupe de Jackson dans le Nord-Kivu, celui de Yakatumba à Fizi ainsi que d’autres non autrement identifiées qui sont éparpillés dans les deux provinces ne sont pas obligées d’être brassées ou ne sont pas pourchassées ? D’autre part, pourquoi le gouvernement perd-il du temps et toutes ses ressources matérielles et humaines en poursuivant les hommes du Colonel Bisogo au lieu de les utiliser à chasser les FDLR et les FNL ? Il y a anguille sous roche. Alors que, nous sommes à l’aube de la commémoration du troisième anniversaire du génocide de Banyamulenge de 2004 à Gatumba, dans lequel l’implication des autorités congolaises jusqu’au plus haut sommet de l’État est avérée, et dont les responsables – bien que connus – continuent à rouler carrosse, il est regrettable de constater qu’il y a encore des esprits qui pensent qu’il y a des communautés (minoritaires soient-elles) créées pour être interminablement génocidées. Eu égard de ces constats acrimonieux, le FSP tient à rappeler à l'opinion des Kivutiens qu’ils ont une obligation morale historique de s’unir comme une seule personne afin de bouter hors d’état de nuire ces forces négatives et leurs maîtres pour éviter qu’elles puissent instaurer une culture de cruauté. Il invite en plus, toutes les communautés de s’investir dans la lutte contre toute forme de discrimination d’où qu’elle vienne. En outre, il tient à dissuader toutes les envies démesurées visant particulièrement à expulser les Banyamulenge du territoire de Minembwe afin d’y ériger une base arrière aux forces négatives pour satisfaire les velléités du régime. Inutile donc de se leurrer l’esprit, les Banyamulenge sont aussi confortables qu’avant 1996. Pour eux, il n’existe pas de différence entre la guerre actuelle et celles qu’ils ont connu depuis la rébellion muleliste menée par Laurent Désiré Kabila durant des décennies depuis Hewa-Bora, la guerre de 1996 et celle de 1998.
Le dernier d’entre eux va clamser dans les enceintes des hauts plateaux. Voir les choses autrement n’est qu’une pure aberration, un astigmatisme.
Enfin, le FSP demande au gouvernement d’utiliser tous ces moyens matériels et humains pour chasser les Interahamwes et les autres forces négatives au lieu de perdre le temps en cherchant des boucs-émissaires.
Fait à Goma, le 23/07/2007
Président du FSP
Kadage M. Benoît
Vice-président et Porte-parole
Rumenge Nt. Alain
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